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Rare rétrospective d'Oskar Schlemmer au Centre Pompidou-Metz

Si l'on connaît bien "L'Homme qui marche" de Giacometti, l'on connaît moins "Oskar Schlemmer, l'homme qui danse". Artiste clé du Bauhaus, construite autour du dialogue entre dessin, objet, danse et scénographie - art total cher à la célèbre école d'art allemande de la République de Weimar -, le Centre Pompidou-Metz lui offre une rare rétrospective jusqu'au 16 janvier 2017.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Oskar Schlemmer : exposition au Centre Pompidou Metz ("Figure")
 (Fred Marvaux / AFP)

Peintre, danseur, chorégraphe, professeur au Bauhaus de 1920 à 1933, Oskar Schlemmer a eu dans sa vie une passion dévorant toutes les autres : le ballet  triadique, présenté pour la première fois en 1922. Réflexion sur la forme et l'espace, mais aussi les couleurs primaires, cette chorégraphie qu'il dansa lui-même, sous pseudonyme, se distingue notamment par ses costumes extraordinaires.

C'est autour de ces figures colorées que s'articule l'exposition mise sur pied sous le double regard  d'Emma Lavigne, directrice du musée messin, et de Raman Schlemmer, petit-fils  de l'artiste. Des querelles familiales avaient jusqu'à peu empêché qu'une telle  rétrospective se fasse. Seule une exposition à Stuttgart, en 2014, avait  rassemblé presque autant d'oeuvres de Schlemmer, classé comme artiste  "dégénéré" par le régime nazi. Ces proches avaient fait envoyer à la fin des années 1930 des caisses entières aux Etats-Unis pour protéger sa production inestimable.

Art total

Dans une immense salle sombre dans laquelle on pénètre en traversant un rideau de velours argenté pour mieux rappeler que le visiteur est ici invité à se rendre sur scène, des reproductions des costumes sont entourées des esquisses, dessins et parfois sculptures de Schlemmer.

"Le visiteur est spectateur et acteur de l'espace", explique le petit-fils de l'artiste, énumérant au côté de sa co-commissaire les triades au chœur du ballet, alliant la lumière, la forme, le mouvement.
Copies de costumes pour ballet d'Oskar Schlemmer
 (Peter Endig/dpa/picture-alliance/MaxPPP)
Sur un mur, une vidéo en noir et blanc tourne en boucle. On y voit des danseurs vêtus de costumes du ballet triadique. Tournée en 1926, c'est l'une des rares vidéos du Bauhaus, explique Raman Schlemmer. En face, une représentation du ballet dans les années 1980, en couleur, lui fait écho.

Non loin, des dessins de l'artiste représentant un corps anatomique rappellent l'homme de Vitruve de Leonard De Vinci. Référence assumée pour celui qui avait organisé au Bauhaus un cours sur l'anatomie, obligatoire pour accéder  ensuite au "Bühnenwerkstatt", son cours sur l'art scénographie.

D'un bout à l'autre de la salle, c'est cette pensée en constant dialogue entre la scène et la feuille de papier qui est surlignée. Une réflexion qui a habité des années durant le ballet triadique, "la danseuse de la vie de Schlemmer", sourit Emma Lavigne.
Oskar Schlemmer : "La Cage d'escalier du Bauhaus"  - Huile sur toile (1932)
 (Leemage)
Peu fortuné, Schlemmer dévouait son temps et son argent à ce ballet chronophage, rappelle-t-elle. Il peignait à la main, la nuit, les affiches des  représentations. Il était si passionné par son ballet que lorsque, ayant vendu un tableau et malgré les demandes de sa femme d'en profiter pour acheter à  manger, il finissait par investir dans de nouveaux costumes pour ses danseurs.

Citant "l'héritage immense" laissé par Schlemmer, de Merce Cunninhgam au  costume de Ziggy Stardust de Bowie, Mme Lavigne espère aussi, par cette  exposition, "générer de nouvelles formes d'héritage". Elle a ainsi, avec le petit-fils de l'artiste, invité le ballet national de Lorraine a créer une chorégraphie en partant de l'artiste. Les danseurs, non entravés dans les  costumes, présenteront leur création début décembre.

"Oskar Schlemmer, L'homme qui danse". Jusqu'au 16 janvier 2017.

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