Rare rétrospective d'Oskar Schlemmer au Centre Pompidou-Metz
Peintre, danseur, chorégraphe, professeur au Bauhaus de 1920 à 1933, Oskar Schlemmer a eu dans sa vie une passion dévorant toutes les autres : le ballet triadique, présenté pour la première fois en 1922. Réflexion sur la forme et l'espace, mais aussi les couleurs primaires, cette chorégraphie qu'il dansa lui-même, sous pseudonyme, se distingue notamment par ses costumes extraordinaires.
Art total
Dans une immense salle sombre dans laquelle on pénètre en traversant un rideau de velours argenté pour mieux rappeler que le visiteur est ici invité à se rendre sur scène, des reproductions des costumes sont entourées des esquisses, dessins et parfois sculptures de Schlemmer."Le visiteur est spectateur et acteur de l'espace", explique le petit-fils de l'artiste, énumérant au côté de sa co-commissaire les triades au chœur du ballet, alliant la lumière, la forme, le mouvement.
Sur un mur, une vidéo en noir et blanc tourne en boucle. On y voit des danseurs vêtus de costumes du ballet triadique. Tournée en 1926, c'est l'une des rares vidéos du Bauhaus, explique Raman Schlemmer. En face, une représentation du ballet dans les années 1980, en couleur, lui fait écho.
Non loin, des dessins de l'artiste représentant un corps anatomique rappellent l'homme de Vitruve de Leonard De Vinci. Référence assumée pour celui qui avait organisé au Bauhaus un cours sur l'anatomie, obligatoire pour accéder ensuite au "Bühnenwerkstatt", son cours sur l'art scénographie.
D'un bout à l'autre de la salle, c'est cette pensée en constant dialogue entre la scène et la feuille de papier qui est surlignée. Une réflexion qui a habité des années durant le ballet triadique, "la danseuse de la vie de Schlemmer", sourit Emma Lavigne.
Peu fortuné, Schlemmer dévouait son temps et son argent à ce ballet chronophage, rappelle-t-elle. Il peignait à la main, la nuit, les affiches des représentations. Il était si passionné par son ballet que lorsque, ayant vendu un tableau et malgré les demandes de sa femme d'en profiter pour acheter à manger, il finissait par investir dans de nouveaux costumes pour ses danseurs.
Citant "l'héritage immense" laissé par Schlemmer, de Merce Cunninhgam au costume de Ziggy Stardust de Bowie, Mme Lavigne espère aussi, par cette exposition, "générer de nouvelles formes d'héritage". Elle a ainsi, avec le petit-fils de l'artiste, invité le ballet national de Lorraine a créer une chorégraphie en partant de l'artiste. Les danseurs, non entravés dans les costumes, présenteront leur création début décembre.
"Oskar Schlemmer, L'homme qui danse". Jusqu'au 16 janvier 2017.
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