Reims : Benoist Apparu victime d'un canular d'artistes

Sur les panneaux de plastiques orange et blancs, la mention "A vendre " est inscrite en lettres capitales, juste au-dessus du nom d'une agence immobilière fictive -Châlonsimmo- et d'un numéro de téléphone portable. Impossible de faire la différence avec de vraies pancartes immobilières, d'autant que près de 200 de ces panneaux ont été soigneusement fixés, dans la nuit de vendredi à samedi, à des fenêtres ou des balcons d'habitations du centre ville de Reims.

Problème, aucun de ces bâtiments n'est réellement à vendre, et le numéro de téléphone affiché n'appartient pas à une agence immobilière, mais au député-maire UMP de la commune voisine de Châlons-en-Champagne, Benoist Apparu. Ce dernier, qui a depuis changé de numéro de portable, avait dans un premier temps annoncé son intention de porter plainte pour violation de la vie privée. Mais, lundi matin, avec "un doute sur la pertinence artistique de cet acte" , il a changé d'avis. 

Des centaines d'appel reçus sur son portable

"J'ai reçu le premier appel samedi vers 4 heures du matin d'un propriétaire furieux de voir ce panneau 'à vendre' sur sa maison alors qu'évidemment elle n'était pas en vente. Après le téléphone n'a pas cessé de sonner, près de 250 appels en tout ", a expliqué Benoist Apparu. "Je ne sais pas d'où peut venir cette mauvaise blague, mais elle demande manifestement des moyens et une certaine logistique ", a-t-il poursuivi.

L'oeuvre est en fait celle de trois artistes, Laurent Boijeot, Sébastien Renauld et Nicolas Turon. "Devant la tristesse des rues [de Châlons-en-Champagne] et le nombre d'enseignes closes, on a décidé de filer un coup de main en bradant la grande soeur. Reims est à vendre et l'agent immobilier n'est autre que Benoist Apparu ", expliquent-ils sur leur site Internet.

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Pourquoi avoir ciblé le député-maire ? En raison de ses récentes déclarations, poursuit le collectif d'artistes, selon lesquelles "il faut remettre un peu de folie en centre-ville ". Ils l'ont donc pris au mot.

Et le député-maire s'est pris au jeu. Lundi soir, il a annoncé avoir fait éditer des affiches détournées du festival de rues Furies de Chalons. Dessus, l'élu a fait apposer la mention "Festival du cirque téléphoné et du théâtre immobilier bien subventionné" avec un renvoi vers une adresse internet en .con au lieu de .com. Les affiches devaient être collées dans la soirée sur le site du mur du théâtre qui abrite le siège du festival. "Une manière de clore l'histoire" pour Benoist Apparu. 

Les trois artistes, eux, n'en étaient pas à leur coup d'essai. Au mois de janvier dernier, en pleine campagne des municipales, ils avaient imprimé et distribué 20.000 faux tracts électoraux à Nancy et à Metz.