A Paris, les petits hommes verts de Fabrice Hyber égayent la fontaine du Palais Royal jusque fin mai
Depuis quelques jours, une trentaine de petits hommes verts percés de trous ont envahi la fontaine du Palais Royal à Paris. Créés par l'artiste français Fabrice Hyber, ils célèbrent les trente ans de son "Homme de Bessines".
Qui sont ces petits hommes verts qui ont envahi depuis le 4 avril la fontaine des jardins du Palais Royal à Paris ? D'où viennent ces envahisseurs de 87 cm de haut troués comme des passoires et qui recrachent l'eau par les onze points dont ils sont percés, de la bouche au sexe en passant par les yeux, les narines et les tétons ?
Il s'agit de 30 sculptures en résine du plasticien Fabrice Hyber, qui fête ainsi les trente ans de son Homme de Bessines. On pourra les admirer jusqu'au 31 mai. Et tenter de repérer la 31e sculpture de sexe féminin qui s'est glissée parmi eux : la Femme de Bessines.
Des petits hommes verts ont débarqué à @Paris !
— le CMN (@leCMN) April 4, 2022
N’ayez crainte : il s’agit de 30 sculptures de Fabrice Hyber installées dans la fontaine du #PalaisRoyal pour célébrer les 30 ans de l’Homme de Bessines. pic.twitter.com/i9osIoMDJh
L'"Homme de Bessines" a essaimé partout dans le monde
Mais alors qu'est-ce que l'Homme de Bessines ? C'est une sculpture anthropomorphe créée en 1991 par Fabrice Hyber dans le cadre d'une commande publique de la mairie de Bessines, près de Niort (Deux-Sèvres). Le plasticien avait alors créé ces mêmes petits hommes en bronze peints en vert, à partir d'un moulage de son propre corps, en format réduit de moitié.
Pensée dès l’origine pour être reproduite à l'infini, sa création a essaimé à plusieurs centaines d'exemplaires, partout sur la planète. Seule ou à plusieurs, de tailles et d'apparences variables, elle a été déclinée en différents matériaux, de la céramique au plastique, et de la fonte à la résine.
Si on les trouve surtout dans des collections privées, de l'Inde au Sénégal, et du Mexique au Japon, ces oeuvres sont aussi visibles dans l'espace public, notamment à Lisbonne (Portugal) et à Shangaï (Chine). Dans cette ville, la plus grande de Chine, les Homme de Bessines ont été commandés à taille réelle et ont dû être dotés de pagnes pour masquer leur nudité et ne pas choquer les passants.
Pour Fabrice Hyber, fils d'agriculteurs et écologiste dans l'âme, l'Homme de Bessines est "un représentant de l’ère du verseau". "Symbole de l’échange et de la relation, il signale l’engagement écologique, la fluidité, le partage et la responsabilité de chacun comme autant de façons de vivre de demain", rapporte le site du Centre des monuments nationaux.
Fabrice Hyber fourmille de projets
Fabrice Hyber, 60 ans, élu à l'Académie des Beaux-Arts en 2018, se définit comme "un artiste écolo" et "un arpenteur d'hypothèses". Il a créé depuis le début des années 90 quelque 200 POF, des Prototypes d’Objets en Fonctionnement. Inspirés de la vie quotidienne tout en étant saugrenus, ils sont conçus comme des invitations au détournement de l'ordinaire, comme le Ballon carré ou l'Escalier sans fin.
Aujourd'hui, l'artiste fourmille de projets. A partir du 14 mai, plusieurs de ses oeuvres, parmi lesquelles quelques Homme de Bessines, seront exposées dans différents lieux de Lille pour l'édition Utopia de Lille3000. Selon Le Monde, le plasticien doit ouvrir prochainement l’Atelier des Jardiniers à Montrouge, un lieu d’art et de restauration écoresponsable. Autre projet qui lui tient particulièrement à coeur : fonder en Vendée, où il a acquis il y a 20 ans 70 hectares à 25 km de la mer pour y planter des dizaines de milliers d'arbres (une forêt est sortie de terre), une école du regard sur la nature, mêlant art et agriculture.
En octobre, son premier Homme de Bessines géant, haut de six mètres et taillé dans le bois de ses arbres vendéens, ira prendre racine outre-Atlantique, à Marfa, au Texas, une oasis d'artistes devenue la Mecque américaine de l'art contemporain.
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