Cet article date de plus de neuf ans.

Décès de Chris Burden, artiste provocateur

Chris Burden, artiste américain qui s'était rendu célèbre par ses performances provocatrices, est décédé dimanche des suites d'un cancer à l'âge de 69 ans, a annoncé la galerie Gagosian, qui le représentait.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Chris Burden au Los Angeles County Museum of Art devant une de ses sculptures, "Metropolis II" (11 janvier 2012)
 (Jae C.Hong / AP / SIPA)

Chris Burden "était un personnage radical et sans concession, avec une conscience politique aigüe", décrit Gagosian.
 
Après des études d'arts plastiques, de physique et d'architecture, Chris Burden, né en 1946 à Boston, a débuté au début des années 1970 avec des performances : il pensait que ce qui était important, dans l'art, n'était pas l'objet qu'on vend et qu'on accroche au mur, mais quelque chose d'éphémère touchant au changement politique, social, environnemental. Pour lui la mise en danger de l'artiste était primordiale dans l'expression artistique. Il utilisait alors la douleur et la peur pour "dynamiser la situation". 


Des performances extrêmes 

Poussant cette idée à l'extrême, il s'est rendu célèbre avec une performance baptisée "Shoot" en 1971 : il s'y faisait tirer dessus par un ami qui le touchait au bras gauche. Il avait été blessé plus que ce qu'il pensait : alors qu'il s'attendait à être égratigné, il avait eu l'impression "qu'un camion percutait (son) bras à 100 km/h" et avait dû se rendre à l'hôpital, rapporte le New York Times.
 
Dans une autre performance, présentée pour son diplôme de fin d'année, il se faisait enfermer pendant cinq jours dans un casier d'étudiant ("Five Day Locker Piece"). Ou bien il se faisait crucifier sur le capot d'une voiture ("Trans-fixed", 1974), électrocuter ("Doorway to Heaven", 1973), suspendre par les pieds ("Movie on the Way Down", 1973), noyer ("Velvet Water", 1974). Dans d'autres, on le poussait dans l'escalier à coups de pied ou il rampait sur un champ couvert d'éclats de verre. 


Des installations géantes 

A la fin des années 1970, Chris Burden abandonne le "body art" pour réaliser des sculptures et des installations géantes à portée politique ou interrogeant les limites de la science et la technologie. En 1993, après les émeutes de Los Angeles à la suite du tabassage de Rodney King, il avait réalisé une installation d'uniformes de police géants pour dénoncer les abus de pouvoir ("LAPD Uniform").

"Urban Light" (2008), une forêt de 202 reverbères anciens, est installé à l'extérieur du Los Angeles County Museum of Art. Le musée a annoncé que, en hommage à l'artiste, l'oeuvre resterait allumée nuit et jour jusqu'à dimanche. Le LACMA possède aussi "Metropolis II" (2010), une maquette délirante de mégalopole futuriste mêlant gratte-ciels et voies rapides.  

En 2008 également, Chris Burden a exposé "What My Dad Gave Me", un gratte-ciel de 20 mètres de haut réalisé avec des éléments de jeu de construction.

Une exposition au Bourget

Il construisait aussi des bateaux, des camions ou des voitures qu'il met en mouvement de façon inattendue.
 
Ironie de l'histoire, Chris Burden a démissionné en 2004 de son poste de professeur à l'université de Californie à Los Angeles après une polémique suite à la performance d'un étudiant dans laquelle celui-ci jouait à la roulette russe. Il semblerait que, pour lui, il y ait eu des limites à tout, y compris à ce genre de performance, pense le New York Times.
 
Une exposition de ses œuvres, la première à Paris depuis plus de vingt ans, vient d'ouvrir à la galerie Gagosian du Bourget (Seine-Saint-Denis).
"Rouleau-compresseur volant" de Chris Burden à Londres (2006)
 (Ian Langsdon/EFE/Newscom/MaxPPP)

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.