Déesses, amantes et architecture : l'univers multiple d'Antoine Bourdelle
Petit sculpteur devenu grand, Antoine Bourdelle doit sa notoriété à son bronze d'Héraklès archer. Exposé en 1910 au Salon de la société nationale des beaux-arts, la statue enthousiasme le public et la critique. Réclamé par les musées, ce chef d’œuvre est partout reproduit, jusque sur les cahiers d’écolier.
Installé à Paris dans la cité d'artiste de Montparnasse, le sculpteur travaille dans un premier temps aux côtés de Rodin et façonne les femmes de sa vie.
Aujourd'hui le musée Bourdelle conserve la collection de l'un des plus grands sculpteurs du début du XXe siècle.
Reportage: C. Laronce / L. Bignalet / D. Azur / L. Gyesse / B. Vidal
La mythologie et les femmes
Inspiré par les mythes et la féminité, Antoine Bourdelle crée autour de ses sujets de prédilection. C'est dans son atelier de Montparnasse qu'il fabrique le Centaure, des autoportraits mais aussi ces mains pétries de froid et ces visages hurlants.Marié plusieurs fois, Bourdelle aime autant les femmes que son art. Tour à tour modèles ou amantes, Stéphanie et Cléopatre sont exposées dans les allées du musée Bourdelle.
Transmettre son art
Lorsqu'il s'installe à Paris, Bourdelle arrive de son sud-ouest natal (Montauban) et n'a que 24 ans. Admis second au concours d’admission de l’École des beaux-arts de Paris en 1884, l'artiste veut surtout sortir de l'académisme des écoles, "il confectionne en terre des petites sculptures, c'est un modeleur, et progressivement il les confie à d'autres pour qu'elles soient moulées, agrandies le cas échéant", explique Colin Lemoine, responsable des sculptures du musée Bourdelle.En 1900 il fonde avec Rodin une école à Montparnasse pour l’enseignement libre de la sculpture. Soucieux cependant de trouver sa voie propre, Bourdelle s’affranchit de la manière de Rodin. Il quitte l'atelier en 1908 et fonde dans la foulée une académie de sculpture où il transmet son savoir-faire à ses successeurs : Giacometti, Germaine Richier, Vieira da Silva, Otto Gutfreund comptent parmi ses élèves.
De la sculpture à l'architecture
En 1900 Bourdelle exécute la décoration du théâtre du musée Grévin, à la demande du directeur Gabriel Thomas : des masques et un bas relief pour le dessus de scène – "Les Nuées."L'aboutissement dans la carrière de Bourdelle est le théâtre des Champs-Élysées. On lui confie la confection de la façade ornée de marbre, la grande frise, les bas reliefs.
On lui confia également le décor de l'Atrium : c'est la première fois que Bourdelle s'attaquera à l'art de la fresque "le lien entre le décor et l'architecture pour Bourdelle c'est la fresque", souligne Isabelle Antoine, responsable des groupes de public Théâtre des Champs Elysées. Tour à tour architecte, sculpteur et peintre, Bourdelle prouve à nouveau sa capacité "à tout concevoir en monument ".
-> Jusqu'au 29 janvier 2017 le musée Bourdelle expose pour la première fois au public parisien le " Monument aux Morts, aux Combattants et Serviteurs du Tarn-et-Garonne de 1870-1871" qui célèbre les combattants de la guerre de 1870 et, avec, le sursaut républicain et l’espoir d’une revanche.
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