"Jade, des Empereurs à l'Art déco" : une pierre fascinante au musée Guimet
L’exposition proposée au Musée national des arts asiatiques-Guimet à Paris est exceptionnelle. Elle réunit pour la première fois en France plus de 330 œuvres en jade, issues de 15 collections différentes. Parmi elles, celles du musée Guimet, du musée national du Palais de Taipei qui a fourni de nombreuses pièces impériales, et celles du musée chinois de l’Impératrice Eugénie au château de Fontainebleau ainsi que de somptueuses créations Art déco de la maison Cartier.
Le jade n’est pas à proprement parler une pierre précieuse mais sa douceur, ses nuances infinies qui vont du vert au blanc en passant par le noir (le plus rare est le jade blanc qui n'a aucune veine) lui ont conféré un pouvoir de fascination qui a traversé les siècles et les continents.
Une pierre difficile à travailler
Travaillé dès le néolithique (4.000 avant J-C), le jade n’est pas constitué d’une seule matière mais de jadéite, de trémolite et de kosmochlor. Sa dureté est exceptionnelle : cette pierre ne peut pas être coupée comme un marbre ni taillée comme un diamant ; seule une lente abrasion permet de la façonner. Le musée Guimet consacre le début de l’exposition à cette partie technique qui met en valeur l’incroyable beauté de certaines pièces présentées à l’image d’un plat ajouré avec un motif de dragon de la dynastie Song datant du 14e siècle.Une pierre "vertueuse"
Et de rappeler que pour le philosophe chinois Confucius, le jade incarnait toutes les vertus des hommes : honnêteté, bonté, sincérité.
Un trésor convoité... et pillé
Vénéré par les Chinois, le jade a aussi été aussi convoité par tous les souverains de l'Asie occidentale, du monde islamique, de l'Asie centrale, en Iran, en Inde et en Turquie. Puis ce fut au tour des cours européennes : l’exposition présente des pièces de Louis XV et Louis XIV mais rappelle aussi que nombre d'entre elles proviennent du pillage du Palais d’été de Pékin par les armées anglaise et française en octobre 1860. Cette splendide résidence des empereurs mandchous ou Qing renfermait des livres et des œuvres d’art de grande valeur.Le général en chef du corps expéditionnaire tricolore fit parvenir près de 300 objets issus de ce pillage à Napoléon III et à l’impératrice Eugénie qui créa en 1863 un musée chinois au château de Fontainebleau au rez-de-chaussée du Gros Pavillon.
Un régal pour les joailliers
Ramenés en France, ces objets suscitèrent l'intérêt des créateurs de l'Art déco. Avec des pierres de jade, le joailler Louis-François Cartier monta des parures, des broches, des colliers, comme celui, commandé par la riche américaine Barbara Hutton, (épouse de plusieurs têtes couronnées et de Cary Grant) composé de 29 boules de jadéite impériale serties de diamants, platine d’or et de rubis.Autre pièce majeure de l’exposition : un paravent géant de laque de Coromandel incrusté de jade (Coromandel est le nom donné par les Anglais à une zone située sur la côte orientale de l’Inde par laquelle transitaient les laques exportées de Chine vers l'Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles). Cet ornement de décoration était très prisé de Coco Chanel qui possédait 32 paravents.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.