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La sculpture "Tree" vandalisée à Paris : l'artiste Paul McCarthy jette l'éponge

L'artiste américain Paul McCarthy a renoncé samedi à réinstaller sa sculpture gonflable géante "Tree" ("arbre") vandalisée dans la nuit précédente, a annoncé la Fiac. Dès sa mise en place il y a quelques jours, cette œuvre controversée avait fait le buzz sur les réseaux sociaux, ses détracteurs la jugeant laide et l'accusant de ressembler à un sex toy géant. L'arbre vert gonflable a été remballé.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La sculpture polémique de Paul McCarthy à terre, totalement dégonflée, au matin du 18 octobre 2014
 (Bruno Levesque / IP3 Press / MaxPPP)

"Suite aux actes de vandalisme survenus cette nuit (dans la nuit de vendredi à samedi) à l'encontre de l'oeuvre 'The Tree' de Paul McCarthy présentée sur la place Vendôme à Paris dans le cadre du parcours 'Hors les Murs' de la Fiac, l'oeuvre ne pourra pas être réinstallée", a indiqué samedi soir la Fiac dans un communiqué.

Dans la nuit de vendredi à samedi, "des individus ont sectionné les câbles qui (maintenaient) la sculpture en place, profitant d'un moment d'inattention de l'agent de sécurité. L'oeuvre gonflable s'est affaissée. Le responsable a choisi de la dégonfler volontairement. Des investigations sont en cours", avait indiqué samedi à l'AFP une source policière.

Un responsable de la Monnaie de Paris - qui organise une exposition Paul McCarthy dans le cadre de laquelle a été réalisée l'installation - avait précisé de son côté à l'AFP sur place que les inconnus avaient en fait débranché l'alimentation électrique de la soufflerie qui gonfle la structure, puis défait les sangles lorsque l'agent de sécurité est allé la rebrancher. L'oeuvre, installée jeudi à titre provisoire dans le cadre de la programmation "Hors les murs" de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), était en cours de regonflage samedi matin. Mais son auteur a décidé de jeter l'éponge. L'installation de "Tree" sur la très chic place Vendôme avait déclenché une polémique, la sculpture pouvant évoquer autant la forme d'un sapin de Noël d'un vert bien vif que celle d'un "plug anal", comme en convenait lui-même l'artiste.

Un conseiller UMP de la mairie dénonçait un "plug anal"
Le conseiller de Paris UMP Jérôme Dubus avait évoqué vendredi une "provocation gratuite" et demandé son retrait en tweetant : "'Plug anal' place Vendôme Anne Hidalgo doit faire cesser cette provocation en retirant cette 'oeuvre d'art'."

Le Printemps français, mouvement mêlant militants identitaires et catholiques traditionalistes, avait de son côté tweeté : "Place Vendôme défigurée ! Paris humilié !"
La sculpture "Tree", à Paris, place Vendôme, le 16 octobre 2014
 (Epa / MaxPPP)
L'artiste a été agressé, selon "Le Monde"
Selon "Le Monde", l'artiste a été frappé au visage jeudi alors qu'il finissait d'installer son oeuvre. Jennifer Flay, directrice artistique de la Fiac, avait qualifié l'agression de "navrante", soulignant que "Tree" avait "reçu toutes les autorisations nécessaires : de la préfecture de police, de la mairie de Paris et du ministère de la Culture, en lien avec le Comité Vendôme, qui regroupe les commerçants de la place", dont de nombreux bijoutiers de luxe.

"Affligeant"
L'agression de Paul McCarthy, suivie du saccage de sa statue, sont des gestes "affligeants" qui nuisent encore à l'image de la France, a déploré samedi Éric Mézil, directeur de la Collection Lambert.

"On est en train d'envoyer un signal d'une misère intellectuelle et d'une ignorance crasse, et surtout d'une intolérance extrêmement violente. On s'en prend à l'oeuvre mais aussi à l'artiste. Jusqu'où va-t-on aller? C'est affligeant", a dit à l'AFP le responsable de la collection, installée à Avignon, où la photo "Immersion Piss Christ", de l'Américain Andres Serrano, avait été détruite en avril 2011.

"On passe à une étape supérieure", a-t-il regretté, alors que l'installation "était une manière de présenter une des plus grandes foires internationales" d'art contemporain, la Fiac, qui débute mercredi à Paris. "C'était une oeuvre qui dure une semaine, quelque chose de très simple."

D'autres travaux de l'artiste doivent être exposés à partir du 25 octobre à la Monnaie de Paris, dans le cadre de sa première grande exposition française, Chocolate Factory. Un avertissement sur la page web de l'exposition souligne que certaines oeuvres "peuvent être dérangeantes avec un caractère sexuellement explicite et parfois violent".

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