Au festival Le Voyage à Nantes, l'artiste Cyril Pedrosa donne aux fontaines Wallace un visage épris de liberté

Des œuvres d'art contemporain dans l'espace public, des expositions d'envergure et des événements culturels, durant tout l'été, Le Voyage à Nantes invite les curieux à prendre part à l'aventure.

Jusqu'au 8 septembre, une vingtaine de nouvelles installations émaillent le parcours du visiteur. C'est le cas de ces fameuses fontaines Wallace. Passées entre les mains de l'artiste Cyril Pedrosa, ces œuvres emblématiques des parcs et jardins parisiens depuis la fin du XIXe siècle, ont été rénovées, mais aussi détournées.

Symbole de bonté, charité, simplicité et de sobriété, les quatre cariatides qui ornent traditionnellement les fontaines quittent le socle et invitent les visiteurs dans un grand jeu de piste à travers la ville. "Je trouve ça super qu'elles se fassent la malle", sourit un promeneur. "Elles pointent du doigt leur destination, on les voit évoluer au fur et à mesure des étapes, c'est vraiment sympa", assure une participante.

Ce concept très XXIe siècle a germé dans l'imagination du plasticien et auteur de BD Cyril Pedrosa. Pour cette nouvelle histoire des fontaines Wallace, il tisse un récit en quatre chapitres, dans quatre lieux du centre-ville de Nantes. "L'idée qui m'est venue assez rapidement, c'était d'organiser leur évasion parce que je n'avais pas envie de dire à ces figures féminines ce qu'elles devaient faire, mais plutôt permettre à ces personnages de prendre en main leur destin", raconte l'artiste. À travers ce récit métaphorique de la longue histoire du féminisme, Cyril Pedrosa entend rendre hommage de manière respectueuse et poétique à ceux qui cherchent à échapper aux rôles qui leur sont assignés.

L'installation de Cyril Pedrosa est destinée à rester dans les rues de Nantes. Pour découvrir les fontaines, il suffit de se rendre dans le jardin de la place de la Monnaie, sur la place Fernand Soil, au pied du château de Nantes et dans le jardin de la Psalette.

L'histoire des fontaines Wallace est intimement liée à un grand projet philanthropique. Imaginées à la fin du XIXe siècle par le britannique Richard Wallace et dessinées par le sculpteur nantais Charles-Auguste Lebourg, elles sont destinées à étancher la soif des Parisiens. La première fontaine Wallace est installée sur le boulevard de la Villette fin juillet 1872.

Par la suite, ces fontaines ornementales qui s'apparentent à de véritables œuvres d'art, vont fleurir dans toute la France, à l'angle des rues, dans les squares et dans le monde entier. À Nantes, en plus des fontaines rebelles, cinq autres monuments ont été rénovés avec quelques adaptations. À l'origine, l'eau potable coulait en continu au centre de la fontaine de fer. "On a fait le choix de maintenir cette fonction historique qui permet de remplir des gourdes et en complément, on a posé des robinets pour permettre aux enfants et aux personnes à mobilité réduite d'accéder à l'eau", explique Romain Gervais, responsable des ouvrages d'art de Nantes Métropole.

Le Voyage à Nantes jusqu'au 8 septembre 2024