Les jeux d'enfant de Daniel Buren à Strasbourg
Après avoir invité le public a s'égarer dans une forêt (c'était en 2012 à la Monumenta au Grand Palais de Paris), l'artiste français âgé de 76 ans convie le visiteur à une nouvelle promenade, cette fois dans une "petite ville" faite de cabanons, de tours et de ponts en 16 nuances de couleurs. Le village atteint par endroits jusqu'à 5,70 m de hauteur de plafond.
Pour ces œuvres, intitulées "Comme un jeu d'enfant, travaux in situ", Buren s'est "amusé", comme il le dit lui-même, avec l'espace et ces couleurs qui lui posaient tant problème en jouant avec les sept éléments de base d'un jeu rudimentaire, pour créer des constructions colorées. Cent quatorze cubes, cylindres et prismes forment sa dernière installation.
Reportage : C. Poure / A. Stahlschmidt / H. Thiry
Selon Estelle Pietrzyk, conservatrice du MAMCS, cette oeuvre évoque "la fraîcheur et le plaisir du jeu qui existent depuis longtemps dans le travail" de l'artiste connu pour ses colonnes dynamiques noires et blanches installées dans la cour d'honneur du Palais Royal, à Paris.
Il use ici de son "instrument" fétiche, ses célèbres bandes invariablement espacées de 8,7 cm, pour créer une trouée qui traverse de part en part les 600 m2 de la salle d'exposition temporaire.
Deux parties distinctes composent l'installation ludique, des éléments blanc neige, "presque fantômes" selon Buren, qui se fondent ensuite dans une moitié plus colorée.
Buren : les dessins d'enfants sont extrêmement savants
La main de Buren n'a rien laissé au hasard. L'artiste a souvent dit qu'il ne voulait pas que son travail "sente la sueur", qu'il devait "s'amuser". Il a confié avoir démarré ses derniers travaux en achetant une boîte de jeu pour enfants. Car il lui fallait redécouvrir ces pièces avec lesquelles tout le monde a joué dans les premières années de sa vie.
"Il n'y a pas d'âge pour manipuler des objets simples. Mon travail est ludique, je l'ai toujours dit. Les dessins, les peintures des enfants, qu'on dit simplistes, sont au contraire des choses extrêmement savantes. Les artistes qui ont tenté de s'en rapprocher ont mis 50 ans à y arriver", explique-t-il. Il cite "Matisse avec ses papiers découpés, dont on a dit qu'il était gâteux, que n'importe qui pouvait faire ça, alors que cette période a été l'une des plus savantes".
"Quand on fait un croquis à l'âge adulte, on est malhabile. Enfant on sait faire des choses dont on perd la capacité" avec l'âge, dit-il, convaincu que la beauté "existe plus que jamais" dans l'art et qu'elle peut se manifester de manière inattendue.
Lumière, simplicité et couleurs
La lumière, la simplicité et les couleurs sont les éléments-clés de cette exposition qui démarre à quelques jours de l'été. Par temps ensoleillé, une lumière colorée se projette ainsi dans la nef du musée aux premières heures de la journée. L'artiste s'y arrête un instant pour commenter son travail. "Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je trouve que c'est plus léger avec les couleurs", dit-il de sa vitrine visible à plusieurs centaines de mètres depuis l'extérieur.
Daniel Buren, Comme un jeu d'enfant, travaux in situ, Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg, 1 place Hans Jean Arp
Tous les jours sauf le lundi, 10h-18h
Tarifs : 7€ / 3,50 €
Du 14 juin 2014 au 4 janvier 2015
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.