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Mouvement et lumière : Julio Le Parc au Palais de Tokyo

Décidément, l’art cinétique, un peu oublié ces dernières années, est en vogue à Paris. Alors que le Centre Pompidou expose Soto, le Palais de Tokyo offre au Franco-argentin, Julio Le Parc, personnage-phare de ce courant artistique, sa première grande monographie en France depuis 40 ans, alors qu’il avait refusé d’être exposé au Musée d’art moderne en 1972 (jusqu’au 13 mai 2013)
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Julio Le Parc devant son oeuvre "Déplacement du spectateur" au Palais de Tokyo (25 février 2013)
 (Pierre Verdy / AFP)

Fils de cheminot né en Argentine en 1928, Julio Le Parc est arrivé à Paris en 1958 où il a commencé à créer avec du carton, puis toujours des matériaux simples : des lamelles de plastique ou de métal, du fil, du bois, parfois un petit moteur, des lampes. Précurseur de l’art cinétique et de l’Op Art (art optique), il co-fonde en 1960 le GRAV, Groupe de recherche d’art visuel.
Vue de l'exposition de Julio Le Parc au Palais de Tokyo
 (Adagp, Paris 2013, photo André Morin)
Un artiste engagé
Julio Le Parc est un artiste engagé. Il est expulsé de France en 1968 pour avoir participé à l’"atelier populaire" des Beaux-Arts. Il lutte aussi contre les dictatures en Amérique latine.

Le Parc privilégie "le rapport direct avec le public", "sans explications ni commentaires".
 
"D’une manière générale, par mes expériences, j’ai cherché à provoquer un comportement différent du spectateur (…) pour trouver avec le public les moyens de combattre la passivité, la dépendance ou le conditionnement idéologique, en développant les capacités de réflexion, de comparaison, d’analyse, de création, d’action", dit-il.
 
Le Parc a reçu le Grand prix de la Biennale de Venise en 1966. En 1972, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris lui propose une importante rétrospective qu’il refuse en la jouant à pile ou face.
 
Un travail d'actualité
Ces dernières décennies, l’art optique a été un peu oublié en France, et Le Parc avec. "Il y a deux ans, en visitant une exposition à Washington, je me suis rendu compte que cet artiste n'avait pas été vu dans un grand musée français depuis quarante ans alors que les conservateurs étrangers le considèrent comme une grande figure de l'art français", a raconté le président du Palais de Tokyo, Jean de Loisy.
 
L’exposition entend montrer l’actualité des travaux de Julio Le Parc sur le champ visuel, le mouvement, la lumière, l’engagement physique du visiteur en exposant ses œuvres phares, parfois adaptées au lieu.
Julio Le Parc, Cloison à lames réfléchissantes, 1966-2012, expositions au Palais de Tokyo
 (Adagp, Paris 2013, photo André Morin)
 
"Ondulations", "Reliefs" et "Surfaces"
Le visiteur entre dans l’espace qui lui est dédié en se perdant dans un labyrinthe de lamelles métalliques suspendues qui démultiplient son image.
 
Puis des bandes métalliques, mues par un petit moteur, ondulent lentement dans la lumière devant un cadre blanc ou strié. Horizontales, on dirait un gros poisson, circulaires, un soleil qui se déforme.
 
A partir de 1958, dans "Surfaces", Le Parc fait progresser un élément géométrique simple peint, avec en tête l’idée de limiter au maximum la subjectivité de l’artiste sur la toile. D’où une certaine froideur d’ailleurs. Ce travail en noir et blanc sera suivi plus tard par un travail en 14 couleurs, toujours les mêmes.
"Sphere rouge" de Julio Le Parc au Palais de Tokyo (février 2013)
 (Pierre Verdy / AFP)
 
Ses "Reliefs" sont conçus comme des "pièges de lumière" : les formes de ces tableaux en relief de bois ou de plastique blanc changent quand on bouge et que les ombres qu’elles produisent se transforment.
 
Lumières et reflets

Le visiteur progresse dans l’ombre, d’un grand mobile de carrés d’acier aux reflets changeants à des rayons rasant un mur ou à une forêt de dais de voile blanc dans laquelle joue la lumière.
 
Les rayons jouent encore dans un énorme mobile sphérique de lamelles rouges, ou à travers des lames métalliques verticales qui dévoilent plus ou moins un grand losange rouge.
Dans la "Salle de jeux" de Julio Le Parc, au Palais de Tokyo, des punching balls à l'effigie du patron, du curé, de l'intellectuel, du juge ou du professeur (février 2013)
 (Pierre Verdy / AFP)
 
Les jeux politiques de Julio Le Parc
La dernière salle invite carrément le visiteur à participer à l’œuvre puisque c’est une "Salle de jeux", où on va faire vibrer des boules qui produisent des ombres, projeter des balles de ping-pong qui s’entrechoquent. Plus politique, un immense jeu de punching balls invite à cogner des figures d’autorité, militaire, père, prêtre, patron, juge. Un jeu de fléchettes suggère de "choisir ses ennemis", de l’"impérialiste" à l’"intellectuel neutre" en passant par le "capitaliste" ou le "militaire".
 
"Je n'ai jamais eu une exposition comme celle-là", a dit à l’AFP l’artiste, qui reconnaît éprouver une "grande satisfaction" de voir réunies plus de 80 de ses œuvres sur 2000 m2 du Palais de Tokyo.
Des oeuvres de Julio Le Parc, des séries "Surfaces" et "Reliefs", au Palais de Tokyo
 (Pierre Verdy / AFP)
 
Julio Le Parc, Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Tous les jours sauf le mardi, de midi à minuit
Tarifs : 10€ / 8€
Du 27 février au 20 mai 2013

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