Paris: les sculptures impressionnantes de Baselitz au Musée d'art moderne
La quasi-totalité des sculptures que Georg Baselitz a créées depuis un peu plus de trente ans sont là, quarante sur une cinquantaine. Bien espacées, elles habitent littéralement l'espace, pourtant vaste, des salles du musée.
Georg Baselitz, né en 1938, a commencé à peindre en 1959. Vingt ans plus tard seulement il se met à travailler le bois. Et c'est avec fracas que sa sculpture vient au monde. Pour la Biennale de Venise, l'artiste installe en 1980 au centre du pavillon allemand "Modèle pour une sculpture", figure penchée en arrière, entre la position couchée et assise, un bras tendu levé. Elle évoque le salut nazi, même si la main est tournée vers le ciel.
L'oeuvre, qui ouvre l'exposition parisienne, a fait scandale à l'époque. "En fait, l'artiste demandait aux Allemands de ne pas ignorer leur histoire, de s'y référer comme un élément de douleur", a expliqué à l’AFP le directeur du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Fabrice Hergott.
Des oeuvres puissantes inspirées de l'art africain et de l'art populaire
Baselitz sculpte le bois à la hache et à la tronçonneuse, le torturant, le tailladant, donnant aux formes qu’il crée un aspect cru, à l’opposé de toute élégance et de toute harmonie. La brutalité de la technique qu’il utilise confère à ses sculptures un caractère extrêmement puissant et impressionnant.
L’artiste, grand collectionneur, s’inspire de l’art africain ou océanien et aussi de l’art populaire européen. Son œuvre sculpté commence avec des têtes et des figures debout grandeur nature, en bois brut. Il souligne certaines parties du corps, le nez, la poitrine, le sexe, d’un peu de peinture rouge. Ses figures sont souvent asexuées ou ambiguës, ce qui ajoute à l’étrangeté. Elles peuvent paraître masculines et être flanquées de seins.
« Elles sont très loin de la forme naturelle. Ce sont des inventions », dit Baselitz, qui mutile parfois les corps, coupant net un bras ou une tête.
Plus récemment, ses personnages ont grandi. Il s’est inspiré de la tradition populaire, habillant des personnages monumentaux de bleu. Si elles empruntent au réalisme socialiste de l’Allemagne de l’est, ces nouvelles figures restent décalées, avec un short qui bâille, des talons énormes, un crâne caché derrière le dos dans la tradition de la vanité.
"La sculpture est plus primitive, plus brutale" que la peinture
Installées en haut de quelques marches, les "Femmes de Dresde" (1889-1990), ensemble à part dans l’œuvre de l’artiste allemand, sont particulièrement saisissantes. Ces têtes monumentales barbouillées de jaune évoquent les bombardements qui ont détruit la ville en 1945. Yeux enfoncés, bouche béante, visage en creux, chacune exprime à sa façon la souffrance et l’horreur face aux destructions qui ont marqué l’artiste, né en Saxe en 1938.
« Je pense que la sculpture est un chemin plus direct que la peinture pour arriver au même résultat, parce que la sculpture est plus primitive, plus brutale et moins réservée, comme l’est parfois la peinture », déclarait Georg Baselitz en 1983.
Baselitz sculpteur, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, 75116 Paris, 01-53-67-40-00
Tous les jours sauf lundi et jours fériés
Du mardi au dimanche 10h-18h, nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Du 30 septembre au 29 janvier
Tarifs: 9€ / 7€ / 4,50 € (14-26 ans), gratuit pour les moins de 14 ans
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