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Picasso, 60 ans de sculptures multiples et uniques à Paris

Le Musée Picasso de Paris invite à une grande exposition sur les sculptures du maître espagnol. De ses premiers modelages aux tôles pliées des dernières années, une présentation de 60 ans de travail jubilatoire qui met l'accent sur les reproductions que l'artiste faisait de ses propres œuvres, y ajoutant un peu de peinture, les agrandissant pour en faire des pièces uniques (jusqu'au 28 août 2016)
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Picasso, plusieurs versions de "Tête de femme (Fernande)", 1906, exposées au Musée Picasso de Paris dans le cadre de l'exposition "Picasso - Sculptures"
 (Annie Viannet / MAXPPP)

On a l'impression que Pablo Picasso s'amuse tout le temps, à une espèce de bricolage génial pour créer ces formes, petites, grandes, simples ou complexes.
 
Toute sa vie, à côté de ses peintures, Pablo Picasso a travaillé en trois dimensions : il modèle le plâtre et la terre, sculpte des bouts de bois comme des totems, soude le fer, grave des galets, assemble des objets incongrus ou plie du papier, du carton, de la tôle. Des œuvres qu'il fait reproduire en bronze, en béton, qu'il peint, qu'il fait agrandir, les reproduisant mais jamais à l'identique, en recréant des pièces uniques. 

Reportage N.Bappel, N. Loncarevic, R. Carles


Tiges aériennes et figures rondes

Comme sa peinture, sa sculpture est extrêmement diverse, des assemblages de tiges de fer aériennes aux figures rondes et pleines des années 1930. Elle est plus confidentielle que sa peinture et pourtant elle est abondante.
 
Après le Musée Picasso de Paris, le MoMa de New York possède la plus grande collection de sculptures de Picasso. Les deux musées se sont associés pour cette exposition qui a été présentée à New York de septembre à février. A Paris, on peut voir 240 œuvres, des sculptures et aussi des dessins et des peintures, grâce aux fonds des deux musées et à des prêts d'autres grands musées du monde.
Pablo Picasso, "La Femme enceinte", Vallauris, 1950-15 mars 1959, musée national Picasso-Paris
 (Photo © RMN-Grand Palais/ Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2016)


"Femme enceinte" en plâtre et en bronze

On est accueilli dans la première salle par les deux versions de la "Femme enceinte" (1950-1959), de taille modeste, qui se font face. L'une est en plâtre, la seconde en bronze. Au mur, des photographies la montrent dans l'atelier de la villa La Californie à Cannes, à côté d'autres sculptures que l'artiste aimait mettre en scène dans le jardin.
 
C'est sur ses séries d'œuvres que l'exposition met l'accent, avec, dès ses premiers modelages, plusieurs versions du "Fou" (1905) et de la "Tête de femme (Fernande)". Celle-ci semble annoncer le cubisme, trois ans avant une pomme en plâtre toute en angles.
Pablo Picasso, "Le Verre d'absinthe", Paris, printemps 1914, The Museum of Modern Art, New York, Gift of Louise Rheinardt Smith, 1956
 (Photo © Digital image, The Museum of Modern Art, New York/Scala, Florence © Succession Picasso 2016)


Les épreuves du "Verre d'absinthe" réunies

Entre 1912 et 1914, il modèle dans la cire un petit verre "cubiste", le "Verre d'absinthe", auquel il fixe une cuillère et un morceau de sucre. De cette œuvre, il tire six épreuves en bronze qu'il peint de couleurs et de motifs différents. L'exposition réunit toutes les versions, pour la première fois depuis leur dispersion en 1921.
 
Pour un monument à la mémoire de Guillaume Apollinaire, Picasso travaille au début des années 1920 avec le sculpteur Julio González à des projets de "Figures" de fer forgé qui sont refusées. Toujours avec Julio González, il réalise "La Femme au jardin", dont on peut voir les deux versions : l'original en plaques élancées de fer peintes en blanc et sa réplique en bronze,
Pablo Picasso, "Tête de femme", Boisgeloup, 1931-1932, ciment, Musée Picasso, Antibes
 (Photo © imageArt, Claude Germain © Succession Picasso 2016)


Assemblages d'objets et bronzes peints

Quand il installe son atelier, en 1930, au château de Boisgeloup, en Normandie, Picasso a de l'espace. Il modèle dans le plâtre de grands et somptueux bustes et têtes de femmes tout en rondeurs, inspirés par sa nouvelle muse, Marie-Thérèse Walter. Certains sont tirés en ciment, dont un buste qui sera à l'Exposition internationale de 1937, puis en bronze.
 
Au début des années 1950, à Vallauris, d'un panier en osier, un moule à gâteau, de la céramique, du bois, du fer il fait une "Petite fille sautant à la corde". Assemblant divers objets avec du plâtre, il crée une "Guenon et son petit" à la tête en forme de petite voiture.
 
Il va aussi peindre des bronzes, comme la petite "Liseuse" dont on peut voir l'original en pièces de métal, bois et plâtre. Un tirage en bronze où la peinture donne vie au visage concentré, affine la silhouette.
Pablo Picasso, "Femme au chapeau", Cannes, 1961, tôle découpée, pliée, peinte, Fondation Beyeler, Riehen / Basel, collection Beyeler
 (Photo : Peter Schibli, Basel © Succession Picasso 2016)

Les tôles peintes, du dessin à la sculpture

A l'inverse des assemblages d'objets, c'est le dessin qui parfois va animer les volumes, quand il grave délicatement un galet ramassé sur les plages de la Côte-d'Azur. Ou, les dernières années, quand il trace de quelques traits des yeux, une bouche, des seins sur des cartons pliés, fragiles. Plus solide, la tôle, il va la plier aussi, et la peindre, comme cette tête de "Jacqueline au ruban vert", présentée sur un socle tournant.
 
Il va superposer les tôles pour sa "Femme au chapeau" (1961-63), et une de ses dernières sculptures, la "Femme aux bras écartés", comme un oiseau étrange, sera agrandie en béton, d'après une petite maquette en tôle découpée, pliée et peinte.
Pablo Picasso devant sa "Femme au jardin", photo anonyme, Paris, 1932, Musée national Picasso, Paris, archives privées de Pablo Picasso
 (Photo © RMN-Grand Palais/Mathieu Rabeau Succession Picasso 2016)

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