Sextoy, étron géant, poupée Barbie et George W. Bush : Paul McCarthy en quatre œuvres
L'artiste américain a provoqué une polémique avec "The Tree", un sapin de Noël en forme de sextoy, érigé place Vendôme, à Paris.
Paul McCarthy aime provoquer. S'ils s'étaient renseignés sur l'œuvre de l'artiste américain, les individus qui ont vandalisé, samedi 18 octobre, The Tree, son sapin de Noël en forme de sextoy installé place Vendôme à Paris, auraient peut-être relativisé le caractère provocateur de la sculpture.
Car le "plug anal" de la place Vendôme fait pâle figure à côté d'autres œuvres de l'artiste âgé de 69 ans, qui expose à partir du 25 octobre à la Monnaie de Paris. "Certaines œuvres dans l’exposition Chocolate Factory de Paul McCarthy peuvent être dérangeantes, avec un caractère sexuellement explicite et parfois violent", explique même le site internet de la Monnaie, qui déconseille la visite aux enfants et adolescents.
Francetv info revient sur la carrière de l'artiste en quatre œuvres.
Les vidéos scatologiques et sexuelles
Né en 1945 à Salt Lake City (Utah), Paul McCarthy commence sa carrière artistique par des performances et des vidéos, raconte Télérama. En 1974, dans une vidéo appelée Painting, Wall Whip, Paul McCarthy utilise son corps comme pinceau, et de la mayonnaise, du ketchup, de la viande et des excréments comme peinture. Une autre vidéo, Painter, réalisée en 1995, donne une idée de cet aspect de son travail.
L'artiste va beaucoup plus loin, n'hésitant pas à faire, comme dans Class Fool (1976), des "choses impliquant des poupées Barbie, des saucisses, de la vaseline et ses orifices corporels ou ceux des autres - que nous ne pouvons pas décrire ici", raconte pudiquement le New York Times (en anglais). "J'ai un faible pour exposer l'intérieur de notre corps, les orifices qui y mènent, ce qu'est l'intérieur et ses tabous", confiait-il au Guardian (en anglais) en 2011.
L'étron gonflable
Jusqu'au début des années 1990, le travail de Paul McCarthy reste confidentiel. Ses performances ne lui rapportent pas un sou, et l'artiste est obligé de vendre des fournitures de bureau et d'installer des alarmes incendies, raconte The Guardian. Il décide d'arrêter les performances pour se lancer dans la sculpture. En 1992, il se fait remarquer une première fois avec The Garden, une œuvre exposée au Musée d'art contemporain de Los Angeles où un père et son fils font l'amour respectivement à un arbre et à la terre.
Le succès n'empêche pas la scatologie de continuer à parsemer son travail. En 2007, l'artiste crée Complex Pile, un énorme étron gonflable de la taille d'une maison. L'œuvre fait le tour du monde, et connaît, comme The Tree, quelques problèmes. A Berne (Suisse), en 2008, le vent projette l'étron dans les fenêtres d'une habitation, rappelle le Sidney Morning Herald (en anglais). A Hong Kong (Chine), une tempête crève la structure en 2013, raconte le South China Morning Post (en anglais).
Le Pinocchio au drôle de nez
Le sexe est lui aussi toujours présent. Quand il ne s'intéresse pas à l'intérieur du corps humain, Paul McCarthy aime transformer des personnages de Disney en objets sexuels. A Londres, depuis 2003, un drôle de Pinocchio, baptisé Blockhead, trône devant la Tate Mordern Gallery. "Avec son long nez et son petit trou pour bouche, cet objet était bien plus ouvertement obscène que son 'sextoy' parisien", observe The Guardian (en anglais).
Noël subit le même sort, et pas seulement avec The Tree. Son Santa Claus, que l'on retrouve sous d'autres formes à la Monnaie de Paris, obéit à la même volonté de transgression. Le père Noël de Paul McCarthy, exposé à Rotterdam (Pays-Bas) en 2008, tient un sapin / sextoy dans sa main.
George W. Bush et les cochons
La politique n'échappe pas non plus à Paul McCarthy. Une statue de Barack Obama nu se trouve dans son studio de Pasadena (Californie), raconte The Guardian (en anglais). Et l'artiste américain n'a pas ménagé le précédent président des Etats-Unis. George W. Bush est à l'affiche de plusieurs œuvres, représenté en plein ébat avec un cochon, comme dans Train, Mechanical 2003-2009.
"A quoi sert l'art, si ce n'est à troubler ?", a lancé Jennifer Flay, la directrice de la Foire internationale d'art contemporain, dans le cadre de laquelle The Tree était exposé. Une mission largement remplie par Paul McCarthy tout au long de sa carrière.
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