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"Souvenirs d'enfance", la nouvelle vague de la BD argentine à découvrir à Lyon
Dans le cadre du Festival Lyon BD, la fondation Bullukian propose "Souvenirs d'enfance ", une exposition qui met à l'honneur le travail de cinq jeunes artistes argentins, à la fois plasticiens et dessinateurs. Entre rêves et mémoire, ils nous font découvrir des univers où l'humour côtoie l'étrange. A découvrir à Lyon jusqu'au 13 juillet.
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Ne vous fiez pas au titre « Souvenirs d’enfance ». Ici, rien de mièvre, pas de couleurs pastels, ni d’ours en peluche ou de jolie poupée. Et si l’on en trouve, ils font toujours partie d’un univers étrange, souvent menaçant.
Ces souvenirs d’enfance sont ceux de cinq artistes argentins : Antonella Andreoletti, Manuel Depetris, Santiago Fredes, Pedro Mancini et Jorge Quien. Au premier abord, leurs styles comme leurs univers sont très différents. Seul l’usage du noir et blanc leur est commun, un usage qui doit autant à des raisons esthétiques qu’économiques). Mais aux yeux de la Fondation Bullukian, ils ont un autre point commun : ils forment une nouvelle génération d’artistes (ils ont entre 20 et 40 ans) pour qui la frontière entre arts plastiques et bande-dessinée n’existe pas. Vidéos, installations, performances, dessins, peinture, ils touchent à tout et pour eux « la bande dessinée est un médium comme un autre pour diffuser leur art, un moyen plus rapide et plus large aussi » explique Claire Latxague. C’est cette jeune femme, auteure d’une thèse sur Quino (le créateur de Mafalda), qui a trouvé les cinq artistes, de cette exposition qui marque la première collaboration entre la Fondation Bullukian et le Festival Lyon BD (qui a eu lieu les 15 et 16 juin). Honneur à la seule femme de ce groupe, Antonella Andreoletti. La notion de souvenir est vraiment très évidente chez cette jeune femme de 23 ans (elle est la plus jeune des artistes exposés) qui n’hésite pas à jouer sur les matières pour « faire parler » ses dessins. Elle travaille notamment à partir de photos d’albums de famille qu’elles revisite et recadre avec du papier calque issu de ces mêmes albums. Ses dessins, qui représentent parfois une seule personne, dégagent souvent une sensation de tristesse, d’absence, voire de vide. Les traits de délitent ou s’interrompent, soulignant la fugacité de la mémoire ou tout simplement la disparition. On change radicalement d’univers avec Pedro Mancini. Son graphisme se rapproche davantage de la bande dessinée telle qu’on l’imagine. Admirateur des œuvres d’Edgar Poe, de Lovecraft ou encore de Moebius, il affectionne les scènes de la vie quotidienne où il fait pénétrer des monstres et des bestioles diverses et variées (limaces, poulpes, ours, grenouilles…). Les dessins sont denses, riches de détails et toujours empreints d’une ambiance surréaliste, tour à tour angoissante, drôle, menaçante. C’est peut-être celui qui exprime le mieux ces fameuses terreurs que l’on peut avoir lorsqu’on est enfant avec les monstres qu’on imagine grouiller sous le lit ou derrière la porte du placard. Avec Jorge Quien, on a également l’impression de retrouver des repères connus. Les dessins de ce quarantenaire sont largement inspirés par l’univers de la science-fiction et des super-héros. Parmi eux, Hulk, qui est le héros préféré de Jorge : « il est le symbole de la transformation, de la capacité à changer qu’il y a en chacun de nous » explique l’artiste qui n’a pas hésité à exposer un sweat-shirt à l’effigie de l’homme vert. Plusieurs objets et jouets divers sont d’ailleurs présents sur le mur d’exposition. Une façon pour Jorge Quien de raconter son enfance (davantage passée à dessiner qu’à jouer au ballon avec ses copains) et ses influences (des peintres classiques comme Bruegel au Monsieur Spok de Star Trek). L’espace, le cosmos sont très présents dans ces dessins car dit-il « l’espace extérieur est une forme de symbole de mon espace intérieur ». C’est la maîtrise du trait et l’expressivité du trait qui interpellent tout de suite chez Manuel Depetris. Chez Bullukian, il a choisi d’exposer deux sortes de dessins : des histoires qui se racontent en une seule planche, évocations directes de souvenirs d’enfance liés à sa grand-mère ou des rêves (l’un fait référence à Van Gogh) ; des œuvres moins « BD » où l’artiste multiplient les matériaux et mélangent peinture, crayons couleurs, collage et texte. Enfin Santiago Fredes. C’est le seul des cinq artistes exposés à être issu d’une famille d’artistes (son père était peintre). Le seul aussi qui présente un travail plus « politique ». Adepte du fusain sur toile et du crayon de papier, il dénonce à travers ses œuvres l’évolution des villes et notamment de Buenos Aires. Une ville tentaculaire où les riches constructeurs mettent à la porte les habitants des favelas pour en faire des quartiers ultra-sécurisés. Parmi les victimes de cette urbanisation : les enfants qui errent dans les rues, le regard sombre et désabusé. "Souvenirs d'enfance" jusqu'au 13 juillet à la Fondation Bullukian à Lyon - Entrée libre du mardi au samedi de 12h à 19h
Ces souvenirs d’enfance sont ceux de cinq artistes argentins : Antonella Andreoletti, Manuel Depetris, Santiago Fredes, Pedro Mancini et Jorge Quien. Au premier abord, leurs styles comme leurs univers sont très différents. Seul l’usage du noir et blanc leur est commun, un usage qui doit autant à des raisons esthétiques qu’économiques). Mais aux yeux de la Fondation Bullukian, ils ont un autre point commun : ils forment une nouvelle génération d’artistes (ils ont entre 20 et 40 ans) pour qui la frontière entre arts plastiques et bande-dessinée n’existe pas. Vidéos, installations, performances, dessins, peinture, ils touchent à tout et pour eux « la bande dessinée est un médium comme un autre pour diffuser leur art, un moyen plus rapide et plus large aussi » explique Claire Latxague. C’est cette jeune femme, auteure d’une thèse sur Quino (le créateur de Mafalda), qui a trouvé les cinq artistes, de cette exposition qui marque la première collaboration entre la Fondation Bullukian et le Festival Lyon BD (qui a eu lieu les 15 et 16 juin). Honneur à la seule femme de ce groupe, Antonella Andreoletti. La notion de souvenir est vraiment très évidente chez cette jeune femme de 23 ans (elle est la plus jeune des artistes exposés) qui n’hésite pas à jouer sur les matières pour « faire parler » ses dessins. Elle travaille notamment à partir de photos d’albums de famille qu’elles revisite et recadre avec du papier calque issu de ces mêmes albums. Ses dessins, qui représentent parfois une seule personne, dégagent souvent une sensation de tristesse, d’absence, voire de vide. Les traits de délitent ou s’interrompent, soulignant la fugacité de la mémoire ou tout simplement la disparition. On change radicalement d’univers avec Pedro Mancini. Son graphisme se rapproche davantage de la bande dessinée telle qu’on l’imagine. Admirateur des œuvres d’Edgar Poe, de Lovecraft ou encore de Moebius, il affectionne les scènes de la vie quotidienne où il fait pénétrer des monstres et des bestioles diverses et variées (limaces, poulpes, ours, grenouilles…). Les dessins sont denses, riches de détails et toujours empreints d’une ambiance surréaliste, tour à tour angoissante, drôle, menaçante. C’est peut-être celui qui exprime le mieux ces fameuses terreurs que l’on peut avoir lorsqu’on est enfant avec les monstres qu’on imagine grouiller sous le lit ou derrière la porte du placard. Avec Jorge Quien, on a également l’impression de retrouver des repères connus. Les dessins de ce quarantenaire sont largement inspirés par l’univers de la science-fiction et des super-héros. Parmi eux, Hulk, qui est le héros préféré de Jorge : « il est le symbole de la transformation, de la capacité à changer qu’il y a en chacun de nous » explique l’artiste qui n’a pas hésité à exposer un sweat-shirt à l’effigie de l’homme vert. Plusieurs objets et jouets divers sont d’ailleurs présents sur le mur d’exposition. Une façon pour Jorge Quien de raconter son enfance (davantage passée à dessiner qu’à jouer au ballon avec ses copains) et ses influences (des peintres classiques comme Bruegel au Monsieur Spok de Star Trek). L’espace, le cosmos sont très présents dans ces dessins car dit-il « l’espace extérieur est une forme de symbole de mon espace intérieur ». C’est la maîtrise du trait et l’expressivité du trait qui interpellent tout de suite chez Manuel Depetris. Chez Bullukian, il a choisi d’exposer deux sortes de dessins : des histoires qui se racontent en une seule planche, évocations directes de souvenirs d’enfance liés à sa grand-mère ou des rêves (l’un fait référence à Van Gogh) ; des œuvres moins « BD » où l’artiste multiplient les matériaux et mélangent peinture, crayons couleurs, collage et texte. Enfin Santiago Fredes. C’est le seul des cinq artistes exposés à être issu d’une famille d’artistes (son père était peintre). Le seul aussi qui présente un travail plus « politique ». Adepte du fusain sur toile et du crayon de papier, il dénonce à travers ses œuvres l’évolution des villes et notamment de Buenos Aires. Une ville tentaculaire où les riches constructeurs mettent à la porte les habitants des favelas pour en faire des quartiers ultra-sécurisés. Parmi les victimes de cette urbanisation : les enfants qui errent dans les rues, le regard sombre et désabusé. "Souvenirs d'enfance" jusqu'au 13 juillet à la Fondation Bullukian à Lyon - Entrée libre du mardi au samedi de 12h à 19h
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