"Anarchically yours" : Goin, visage masqué pour street art engagé
Pas facile de dresser le portrait de Goin. Au propre comme au figuré, car l’artiste refuse de montrer son visage dans les médias. Et sur internet, trouver des infos un peu perso sur le bonhomme s’avère compliqué. Tout juste découvre-t-on dans un article daté de février 2010 paru sur Le Messager.fr (un hebdo d’info haut-savoyard) que notre homme a été graphiste indépendant dans le civil, qu’il vient "du milieu du skate", qu'il a commencé vers 16 ans "à tatouiller en créant des logos et des images" et que depuis, il est resté "dans le street art en devenant pochoiriste". Son premier pochoir daterait de 1996 et ses fresques dans la rue de 1999.
L'anonymat, un luxe et une liberté
Ce manque d’infos personnelles de Goin, ainsi que son refus de se montrer à visage découvert, participent de la même démarche : s’affranchir des contraintes, délaisser les codes établis pour se focaliser sur le propos.La preuve avec ce reportage réalisé par France 3 à Bayonne où le centre d’art Spacejunk accueille Goin en solo pour "Anarchically yours", une expo qui dévoile les dernières toiles du street artiste français. S’il répond aux questions des journalistes, Goin le fait visage et mains masqués, voix modifiée. "Dans ce monde où tout le monde aime bien se montrer sur Instagram et faire des selfies, ne pas se montrer est un luxe et peut-être la vraie liberté" explique celui qui se présente comme "fondamentalement anti-violent".
Reportage : France 3 Euskal Herri Pays Basque - S. Deschamps / E. Galerne / C. Etchegaray / R. Violet
Polémique
Si Goin se revendique non violent, ses créations, elles, sont d’une radicalité qui frappent parfois comme un uppercut. Là où l’artiste est le plus incisif, c’est quand il détourne les symboles, qu’ils soient issus de la culture populaire (Blanche Neige, Mickey), du monde politique ou financier (les chefs d’Etat français ou étrangers, le drapeau européen, des fourgons de la Brinks...) ou tout simplement de notre chère République.Mouton noir contre pensée unique
En décembre 2016, Goin avait réalisé une fresque dans le cadre du "Grenoble Street Art Fest". L’œuvre qui représentait une Marianne à terre frappée par des policiers casqués (le titre exact était "L'État matraquant la liberté") avait suscité une grosse polémique.Mais le maire de Grenoble avait défendu bec et ongles l’artiste qui estime nécessaire que "quand toutes les brebis suivent le maitre, c’est bien que 2 ou 3 moutons noirs mettent en cause cette pensée unique qu’on nous sert les politiques, les multinationales...".
Qu’on soit d’accord ou pas avec ses propos, force est de reconnaître que Goin sait délivrer son message avec beaucoup de force et d’efficacité. Et que sans violence, ses fresques sont des appels à réfléchir et à débattre, en pleine rue ou ailleurs.
L’expo "Anarchically yours" va tourner. Après Bayonne, elle sera à Lyon du 12 avril au 2 juin puis à Grenoble du 8 juin au 28 juillet.
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