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Des fresques monumentales à Chaumont, la capitale du graphisme

Chaumont s’apprête à accueillir la 4e édition de la Biennale de design graphique. Mais la ville de Haute-Marne ouvre désormais aussi ses rues aux artistes. Parmi eux, le graphiste Philippe Baudelocque qui vient de terminer une fresque monumentale.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'artiste Philippe Baudelocque devant sa fresque qui se déploie sur un château d'eau. (France 3 Champagne-Ardenne)

Organisée par Le Signe, la Biennale internationale de design graphique 2023 aura lieu du 22 mai au 31 octobre à Chaumont en Haute-Marne. Un événement pour cette ville de 22 000 habitants qui est devenue en trente ans un haut lieu du graphisme.

Tout a débuté en 1990 quand la municipalité lançait son premier Festival de l’affiche. Depuis deux ans, les bâtiments chaumontais sont eux aussi devenus un support de création. Des fresques ont fait leur apparition aux entrées de la ville afin de créer un parcours graphique urbain. 

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fresque Chaumont {} (FTR)

Reportage : France 3 Champagne-Ardenne - C. Meunier / M. Meyer / M. Pereira

Talents graphiques

En juin 2021, un appel aux talents a été lancé au niveau international. Parmi la soixantaine de candidatures reçues, cinq ont été retenues : Justine Figueiredo, Simon Renaud, Philippe Baudelocque, Grégoire Romanet et l’Atelier Baudelaire. C'est la fresque de Justine Figueiredo baptisée Surfaces jouables qui a inauguré ce parcours pictural en 2021. Une proposition qui met à l'honneur le jeu de morpion, de dames, de backgammon, du nain jaune ou encore du moulin.

"Surface Jouable" la fresque de Justine Figueiredo a été inaugurée en novembre 2021 à l’angle des rues Victoire de la Marne et du Docteur Michel à Chaumont. (France 3 Champagne-Ardenne)

Arbre cosmique

Philippe Baudelocque vient de terminer la sienne, sur le château d’eau du rond-point d’Ashton. Un gigantesque arbre, aux ramures graphiques et cosmiques. Pour l’ancien diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, ce qui se passe à Chaumont est unique. "Il n’y a pas à ma connaissance d’équivalent dans le monde. Faire travailler sur des murs peints d’autre gens que ceux issus du street art, je trouve ça formidable !  Ils ne se posent pas les mêmes questions et ce qu’ils proposent est très différent."

En 2016, Philippe Baudelocque a participé au Lasco Project du Palais de Tokyo à Paris. Pour son premier projet d’envergure dans un lieu culturel, il a défriché un escalier monumental - entre une élévation spatiale et une chute dans les abysses. En 2018, il a réalisé les dessins muraux permanents dans la station Châtelet – Les Halles.

A Chaumont, sa fresque représente une forme organique remplie de motifs géométriques et de symboles, fruit d’une "improvisation codifiée", peut-on lire sur le site de la ville. "Chaque motif est pensé en amont, mais le rendu final n’est pas connu par l’artiste lui-même." 

L'arbre "cosmique" de Philippe Baudelocque rythme une des entrées de la ville de Chaumont. (France 3 Champagne-Ardenne)

Chaumont et le graphisme

A l’origine du lien qui unit la ville de Chaumont au graphisme, il y a un homme, Gustave Dutailly. Son nom ne vous dit probablement rien. Ancien conseiller général et député du département de la Haute-Marne, porté à l’Assemblée nationale à trois reprises en 1881, 1885 et 1898 sur une liste radicale d’extrême gauche, c’était aussi un éminent botaniste. Titulaire de la chaire de botanique à l’université de Lyon, il fut aussi directeur du jardin botanique du parc de la Tête-d’or qui fait la fierté de la capitale des Gaules.

En marge de sa passion pour la nature et la politique, Dutailly était aussi un grand collectionneur. Son dada ? Les livres et albums documentaires mais aussi les images publicitaires et les affiches commerciales illustrées. 

Gustave Dutailly, un fabuleux collectionneur. (DR)

En 1905, un an avant sa mort, Dutailly a légué sa collection à la ville de Chaumont et à sa bibliothèque, soit 5000 affiches qui reflètent l’âge d’or de la création publicitaire de la fin du XIXe siècle. 

De l'affiche au graphisme

En 1990, pour faire vivre ce trésor et lui donner une continuité, la ville décide de créer un festival d’affiches avec un concours international ouvert à 7000 graphistes. Trente ans plus tard, les affiches collectées forment à ce jour une base unique au monde de plus de 27 000 affiches. D’abord rassemblées au sein de la Maison du livre et de l’affiche ouverte en 1994, elles sont aujourd’hui exposées au Signe, le Centre national du graphisme ouvert en octobre 2016, un lieu de 1000 m²  proposant toute l’année des expositions temporaires. C’est aussi en 2016 que le Festival de l’affiche s’est transformé en Biennale du design graphique. Le programme de l’édition 2023 est à retrouver ici. 

 

 

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