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Combo agressé à Paris pour un tag prônant la coexistence

Par un tag, le street-artiste Combo voulait simplement appeler à une bonne entente entre les religions. Cela lui a valu d'être agressé par quatre jeunes, samedi 30 janvier à Paris, a rapporté "Le Monde" mercredi.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'oeuvre (affiche + graffiti) de Combo qui lui a valu une agression.
 (Combo)

Combo, 28 ans, Français d'origine libano-marocaine, moitié chrétien, moitié musulman, collait sur un mur une affiche le montrant, barbu et en djellabah, à côté du message "coexist" écrit à partir des symboles de trois grandes religions monothéistes, relate "Le Monde". "Un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T."

Quatre jeunes lui ont demandé d'effacer son travail, ce qu'il a refusé de faire. Il a alors été frappé à plusieurs reprises. Résultat : une épaule démise, beaucoup de bleus et huit jours d'incapacité totale de travail (ITT). "Mon petit frère, qui fait de la boxe, m’a appris : j’ai eu les bons gestes quand j’étais à terre", explique-t-il au "Monde".

Combo prône avec humour le "djih-art", sur lequel il s'est exercé sur les murs de Beyrouth lors d'un séjour au Liban. Réputé pour ses tags et collages liés aux thèmes et questionnements religieux, il a participé à la grande marche républicaine du 11 janvier à Paris, vêtu de sa fameuse djellabah. "Au début, je croyais que j’étais français, j’ai vite compris que j’étais arabe, puis beur… Maintenant, on me dit que je suis musulman", déplore-t-il auprès du "Monde".

Combo a publié une photo de son visage tuméfié sur Facebook (1er février 2015)
 (Facebook)
Sur sa page Facebook, Combo a expliqué lui-même sa mésaventure dans un "statut" daté du 1er février :

"Hier soir j'ai été agressé pour mon art.
La nuit dernière je collais dans les rues de Paris, il était tard et j’étais seul. Quand dans mon dos un groupe de 4 hommes m'ont interpellé. Ils n'aiment vraisemblablement pas mon travail et m’ont sommé de l'effacer en m’insultant. Ce à quoi j'ai répondu non.
Ils ont alors commencé à me frapper : un par un, deux par deux, tous en même temps. J'ai fini à terre, roué de coups. J'ai réussi à me défendre et à encaisser comme je pouvais. Lassés de voir que je ne lâcherais rien, ils mont laissé en sang et sont partis. En me promettant le même traitement si je recommençais, et en me conseillant de me raser la barbe.
Je resterai volontairement vague sur la description de ces lâches et le lieu exact où ça c’est passé, car pour moi peu importe d’où ils viennent, leur couleur de peau, leur religion ou leurs idées politiques. Dans ce contexte ils ne représentaient que bêtise et ignorance.
Je ne veux pas être pris en pitié car je suis conscient des risques que je prends dans mon métier. Mais je veux dénoncer ce type de comportements. On pourra dire que mon travail est provocant, que peut-être je l'ai bien cherché.. Mais rien ni personne ne m’empêchera de m'exprimer, de pratiquer mon art, et de me battre pour mes idées. Demain je retournerai coller, après-demain et le jour d'après aussi. Nos idéaux valent plus que leurs idées basses."


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