Et si vous visitiez Paris avec le "Guide du Street Art" ?
Une vingtaine d’années après son arrivée dans la capitale, le street art a aujourd’hui complètement investi notre vie quotidienne. Croquis volés au détour d’une ruelle ou œuvres monumentales sur un pan de mur entier, les graffs se succèdent, se complètent et parfois se superposent. A l’origine contestataire et aujourd’hui encore illégal, le graff est partout.
Reportage : France 3 Paris Île-de-France - B. Lopez / O. Badin / C. Ngoc
Son guide propose huit itinéraires, sept intra-muros et un à Vitry, au cours desquels on peut rencontrer des œuvres phares, comme celles de Jérôme Mesnager. Désireuse de lever le voile sur cette forme d’expression de plus en plus présente, elle propose également des biographies éclairantes sur les artistes qu’elle met en lumière : "Il (Jérôme Mesnager) fait partie des précurseurs comme d’autres artistes, Jef Aérosol, Miss.Tic et bien d’autres. Jérôme Mesnager a quand même une patte graphique qui est très forte, parce que même si les gens ne savent pas qu’il s’appelle Jérôme Mesnager, quand on voit ses hommes blancs, on sait forcément que c’est lui."
Certains artistes comme Thom Thom ont rencontré le street art alors qu’il jouait avec les codes de la publicité, pour mieux la détourner. L’artiste, amusé, repense à ses premières œuvres : "A l’origine on a parasité la publicité qui elle-même change deux fois par mois ou même chaque semaine. Donc l’idée c’était vraiment d’imiter notre ennemi de jeu pour mieux le contrer."
Bien que reconnu comme un art à part entière, le street art oscille encore entre illégalité et autorisations délivrées au compte-gouttes. Par essence, le graffiti conteste, s'oppose à certains aspects de la société. Il existe car il est dissident et prend sens parce qu’il est interdit, mais aussi parce qu’il embellit la grisaille quotidienne. "Ça peut être une réaction aussi, par rapport à l’univers bétonné, à la tristesse de certains murs, de certaines architectures. Donc la contestation peut se jouer là-dessus, mais d’une manière plus subtile, plastique", explique le street artist Mister Pee, .
Des graffs sur commande des mairies
De plus en plus d’initiatives de mairies ou d'administrations tendent à mettre à l’honneur des artistes de rue. A l’image de la Tour du 13ème à Paris. En attendant que cet immeuble soit démoli, il a été confié à des street artists de tous pays. Victime de son succès, l’exposition avait même repoussé de trois mois la destruction de la tour.Dans le même temps, de nombreuses communes font directement appel à des artistes de rue pour recouvrir des façades ou embellir des bâtiments détériorés, comme l’explique Stéphanie Lombard : "Il y a effectivement le côté légal avec des accords, que ce soit avec la mairie, une galerie… Et puis il y a effectivement des spots où les artistes savent qu’ils peuvent venir s’exprimer en toute liberté, même si la 'liberté', est relative.
Là où le bât blesse, c’est lorsque des administrations tolèrent certains graffitis, alors qu’elles en sanctionnent d’autres, pourtant reconnus comme œuvres d’art par la communauté street art. Thoma Vuille, alias M. Chat, peint depuis maintenant plus de 20 des chats jaune orangé aux sourires carnassiers. Icônes du graff, ses chats sont renommés dans le monde entier. Pourtant en 2014, c’est à trois mois de prison ferme qu’a été condamné le graffeur, pour dégradation de bien public.
Le dilemme est complexe. Interdire le graff, c’est renier une partie de la culture urbaine, en pleine expansion. A l’inverse, l’autoriser, voire l’encourager peut être perçu comme une forme de dénaturation de l’origine de cet art, par essence secret et subversif. En attendant que se redessinent les frontières du street art, le "Guide" de Stéphanie Lombard propose une visite dans ce musée à ciel ouvert que sont les murs de Paris.
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