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Expo "Légendes urbaines" à Bordeaux : du street art dans une ancienne base sous-marine
Une quinzaine de street artists a investi une ancienne base sous-marine allemande de la Seconde Guerre mondiale, pour l’exposition "Légendes urbaines" inaugurée jeudi pour durer jusqu’au 16 septembre. Tous ont reçu "un choc" à la découverte de ce colosse de béton transformé depuis 2000 en lieu d'exposition.
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Bunker monumental
Des volumes imposants et des espaces bruts dans une atmosphère de clair-obscur sont devenus sur près de 2.000 mètres carré le support de "cartes blanches, installations, œuvres in situ", explique Nicolas Laugero Lasserre, collectionneur et co-commissaire de l'exposition avec Pierre Lecaroz, de l'association culturelle bordelaise, Pôle Magnetic.Comme l'œuvre, à même le sol et les murs, de l'artiste Erell, 31 ans, qui a repris les "motifs moléculaires" géométriques ayant fait sa marque de fabrique dans la rue où "ils grouillent et se répandent". "Lors d'un passage ici en 2010, j'avais été impressionné par la présence d'un arbuste qui avait pris racine dans l'imposante architecture de béton. Mes motifs figurent un système racinaire qui vient casser le béton", explique-t-il.
Plus loin, dans une pièce étroite à la hauteur démesurée, Romain Froquet, 35 ans, a décliné son attrait pour les "nœuds urbains" sur trois "toiles" noires et blanches sur bois, jouant des courbes et des reliefs. "Je suis parti de photos satellite d'échangeurs de Dubaï, Guangzhou en Chine et San Francisco", souligne le peintre qui explore depuis des années la dynamique esthétique de la ligne dans l'espace urbain.
Continuum entre l’atelier et la rue
Tout au long d'un parcours labyrinthique se révèlent une multiplicité d'esthétiques, de techniques (peinture, dessin, sculpture, collages, pochoirs, découpages, tentures, vidéos, etc.), d'inspirations, où la ville et la rue reviennent souvent en filigrane, mais pas seulement.Ainsi la peinture classique pour l'Italien Andrea Ravo Mattoni qui réinterprète de façon monumentale à l'aérosol des œuvres figuratives françaises des XVIIe et XVIIIe siècles issues de la collection du musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Ou encore les arts amérindiens pour Stéphane Carricondo, qui invite à une "déambulation intérieure" au milieu d'une quinzaine de totems en où se révèle son bois flotté (bois abrasé par de l’eau salée), un style fait de couleurs vives et de dessins de visages.
"Je travaille sur ce qu'on ne voit pas, sur une forme de spiritualité que notre société a mise de côté", explique l'artiste, qui souligne le "paradoxe" du lieu, un ancien bunker sous-marin, à la fois figé et diffusant une "énergie très particulière", où "on se déconnecte, mais où tout paraît en mouvement".
Jeune génération
Les ravages d'une société hyper connectée ont inspiré Nasti, artiste bordelais de 22 ans connu dans les rues de sa ville pour ses visages évocateurs réalisés en collages superposés. Ailleurs, la "Machine" de Bault, avec son bestiaire étrange et coloré, transforme un lieu "d'où s'élançaient des machines de guerre" en un espace onirique..."Notre parti pris était d'exposer des esthétiques que nous aimions bien, et en particulier des artistes de la jeune génération, les nouveaux talents", résume Nicolas Laugero Lasserre, se réjouissant de la disparition chez ces artistes des frontières entre l'art de la rue et le travail de l'atelier, qui se nourrissent en permanence.
Des œuvres muséales de sa collection personnelle, ainsi que celle du collectif Spray, sont aussi exposées en début de parcours, comme une mise en bouche didactique, pour rappeler la richesse d'un art toujours en mouvement.
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