"Le monde veut nous diviser, il faut se fédérer" : le graffeur GOIN signe deux fresques militantes au Street Art Festival de Grenoble
L'artiste activiste a réalisé cette nuit deux pochoirs très engagés dans la capitale des Alpes.
La sixième édition du Street Art Festival de Grenoble accueille cette année un habitué au visage inconnu, le graffeur GOIN. Engagé, militant, activiste, les oeuvres de l'artiste collent toujours à l'actualité. Deux nouvelles fresques au pochoir ont fleuri sur les murs de la rue Roger Louis Lachat et de la rue Henri Bergson.
Interviewé à visage couvert par France 3 Alpes, il explique les raisons de sa colère. "La rue nous appartient, rien de plus réel que de dénoncer les murs de nos villes, la proximité avec l'auditoire est une arme", déclare-t-il calmement.
"Le policier du Ku Klux Klan, choquant mais utile"
Depuis ce matin, un policier au visage recouvert d'une capuche, à la manière des membres du Ku Klux Klan (mouvement raciste américain), a surgi sur une façade de la rue Henri Bergson. Cette oeuvre de GOIN, fait directement écho à la mort de George Floyd, ce noir-américain asphyxié par un policier de Minneapolis, le 25 mai dernier.
En découvrant ce pochoir, certains passants sont choqués, "ça peut bloquer le message ou faire passer le mauvais message", constate un homme. "Mais parfois pour interroger, il faut choquer dans un premier temps pour que l'on se pose les bonne questions", tempère une habitante du quartier.
Le monde veut nous diviser, il faut se fédérer
GOINStreet-artiste
"Cours d'anarchie et esprit critique"
Inspiré par la pandémie de Covid-19, un second pochoir a fleuri cette nuit près de l'école Clémenceau. Deux écoliers s'apprêtent à reprendre le chemin de l'école avec un masque à gaz sur le visage. Devant eux, le slogan inscrit en anglais : "Ne jamais retourner à l'école".
"Les enfants, ce sont eux qui feront bouger le monde, alors ne les mettons pas sur des croix ou le cul rivé sur une chaise par mesure de protection sanitaire, ne les conditionnons pas à être des bons petits moutons, je pense qu'il faudrait des cours d'anarchie et d'esprit critique dès le plus jeune âge", déclare encore l'artiste.
Dénoncer les travers de la société
Artiste urbain contemporain et combatif, Goin résume à lui seul l’état d’esprit d’une génération en colère et désabusée par la corruption et les inégalités. Auteur, dans le passé, de fresques dénonçant l'Etat ou les grandes multinationales, GOIN met en pochoir ce qui le dérange. Comme ce couple de jeune mariés qui symbolisent, à deux pas de la centrale de Pont-de-Claix, les deux géants de l'industrie chimique, Monsanto-Bayer.
Simples, efficaces, souvent subversives, les messages de Goin frappent fort. Ses oeuvres invitent le public à remettre en question toutes postures dogmatiques.
Le Street Art Festival de Grenoble se poursuit jusqu'au 16 juillet 2020
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