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Le street art fait sa révolution à Paris

Comme toutes les grandes métropoles, Paris est un terrain de jeu idéal pour le street art. Tous les arrondissements disposent aujourd'hui d’œuvres éphémères ou pérennes des plus grands artistes d'"urban culture". Du coeur de la capitale à la région parisienne, les fresques donnent un autre visage aux murs des quartiers, la ville prend même une allure de musée à ciel ouvert.
Article rédigé par franceinfo - Odile Morain, Morgane Prévost
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le projet "Des parapluies dans tout Paris" du collectif "Le Mouvement"
 (France 3 / Culturebox )

Aujourd'hui tous les arrondissements de Paris connaissent une éclosion du street art. De la rue aux musées, les artistes ont désormais la cote chez les galeristes. La rédaction de France 3 Paris offre un parcours inédit dans les rues de la capitale. 

Une série réalisée par Morgane Prévost, Pierre Pachoud et Lemana Kulimoetoke

Paris XIIIe : un musée à ciel ouvert

Dans le XIIIe arrondissement les grandes tours du quartier chinois jouxtent les immeubles anciens. L'occasion pour les artistes de disposer d'immenses toiles d'expression. Une cinquantaine de fresques y ont été réalisées depuis 2009. Une volonté politique pour changer l'image du quartier et lui donner une nouvelle identité. Jérôme Coumet, le maire du 13e arrondissement et le galeriste Mehdi Ben Cheikh ont décidé de porter le projet Street Art 13.

Ce quartier HLM de Paris est sans doute la plus belle page pour écrire l'histoire du mouvement street-art

Mehdi Ben Cheikh
Porteur du projet Street Art 13
Conor Harrington 
 (France 3 / Culturebox )
Parmi les artistes conviés dans ce musée à ciel ouvert, le promeneur peut admirer les oeuvres de Conor Harrington, Pantonio, B. Toy, C.215 et Shepard Fairey, l'auteur de l'affiche de campagne de Barack Obama. 

Ils nous proposent des oeuvres dignes des musées, Shepard Fairey a bien compris qu'il disposait du principal spot international pour le street-art

Jérôme Coumet
Maire du 13e arrondissement de Paris

Le street art chez Emmaüs

Quand l'art de la rue tend la main aux gens de la rue, c'est l'ADN du collectif "Le Mouvement" créé par Romano, Riks et Thiez. Les jeunes street-artistes arpentent les rues depuis quatre ans : leur message principal est de redonner de la joie, de l'espoir et des couleurs aux quartiers. A l'image de leur dernière action auprès des réfugiés du centre Emmaüs Solidarité de la Chapelle dans le XVIIIe.

Nous on veut juste mettre la lumière sur les belles rencontres qu'il y a entre les gens

Romano
street artiste Collectif le Mouvement
Durant les séances photos, les découpages et les collages, bénévoles, réfugiés et artistes ont travaillé au même projet dans le même but. Avec son appareil photo, Romano immortalise ces échanges. Ils seront ensuite collés sur les murs pour égayer leur quotidien et effacer les frontières.
  (France 3 / Culturebox )

Ça montre que je suis là, et ceux qui passeront après verront que je suis passé par là

Ibrahim
migrant ghanéen
Rapprocher les gens, créer du lien, donner un sourire, les collages de Romano, Riks et Thiez portent un message positif. Le nouveau projet du collectif, "Des parapluies dans tout Paris" réunit des duos qui ne se connaissaient pas avant de faire la photo. Grâce à leurs collages ils sont unis à jamais. 
Le projet "Des parapluies dans tout Paris" du collectif "Le Mouvement"
 (France 3 / Culturebox )

Derrière ce message un peu poétique de gens qui se rencontrent sous un parapluie on essaie de militer pour une société un peu plus diverse

Riks
street artiste Collectif le Mouvement

De l'interdiction à la légalité

Longtemps considérés comme illégaux, les graffitis, pochoirs, collages et toute oeuvre de street art servent aujourd'hui de vitrine aux municipalités. De plus en plus d'artistes travaillent sur commande en partenariat avec les mairies. Une forme de reconnaissance certes, mais avec le risque de devenir purement décoratifs... et moins rebelles. 

Aujourd'hui Astro trace ses lignes en toute légalité. Il a même été contacté par les élus locaux de Corbeil-Essonnes pour redécorer la façade d'une école. "C'est le meilleur", assure le maire. 
  (France 3 / Culturebox )
Mais à devenir toujours plus populaire, l'art urbain ne risque-t-il pas de perdre son âme contestataire ? Pour Itvan Kebadian, l'art de rue ne doit pas être purement décoratif. Quitte à parfois déplaire. Comme avec sa fresque qu'il réalise au moment des manifestations de Nuit Debout en mai 2016. Elle représente une "Marianne" à la manière de Delacroix, transposée dans les événements du XXIe siècle. Le bonnet phrygien a laissé place à des cagoules et la baïonnette au cocktail Molotov. Mais le symbole est vite effacé, par les autorités. 
  (France 3 / Culturebox / Capture d'écran)
Le graff a la côte
Banksy, C.215, Space Invaders, Obey, les street-artistes sont désormais référencés dans les plus grandes galeries.
Au fil des ans, Arnaud Oliveux, commissaire-priseur Artcurial, a vu la côte du street art exploser. L'arrivée de nouveaux collectionneurs a accéléré le mouvement. Certains sont prêts à mettre de très grosses sommes sur les artistes les plus iconiques. "250 000 € pour Invaders, ce n'était pas imaginable il y a 10 ans !", assure l'expert. 
  (France 3 / Culturebox )
Magda Danysz s'est intéressée à l'art urbain dans les années 90.  Découvreuse de talents, la galerie a été la première à présenter à Paris, ou encore à Shanghai, les œuvres de Shepard Fairey (Obey), Mark Ryden, JR, VHILS ou encore Prune Nourry. "Avant que les gens soient prêts à acheter pour des mauvaies raisons qui ne sont que des raisons financières, il y a encore de quoi acheter avec le coeur", assure la galeriste. 
Galerie Magda Danysz
 (France 3 / Culturebox )
Pionnière à l'époque, elle a donné le goût à une soixantaine de galeries de Paris qui ont suivi son chemin.

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