Les portraits de Gisèle Pélicot signés de l'artiste LaDame Quicolle fleurissent sur les murs de Lille

La street artiste, victime elle-même d'un viol à 19 ans, a entamé en 2021 une série de portraits de femmes marquées par la violence. La victime des viols de Mazan s'inscrit dans cette série.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Un collage signé de la street artiste LaDame Quicolle représentant Gisèle Pélicot, à Lille, le 16 octobre 2024. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

Lunettes de soleil rondes, coupe au carré, cape, démarche décidée et tête haute: un portrait en pied de Gisèle Pelicot essaime dans les rues de Lille. Il s'agit de collages de l'artiste LaDame Quicolle qui s'inscrivent dans une série de portraits de femmes victimes de violences.

Gisèle Pelicot est le portrait numéro 22 de sa série "Les gardiennes de rue", démarrée en 2021, qui représente des femmes aux vies ordinaires mais marquées par la violence (viol, prostitution infantile, violence conjugale...), explique l'artiste de 38 ans. Il ne lui faut que quelques minutes pour coller dans la rue ces portraits grandeur quasi nature, au crayon et en couleur.

Un portrait de Gisèle Pélicot réalisé par l'artiste LaDame QuiColle à Lille (France), le 14 octobre 2024. (DENIS CHARLET / AFP)

Celui de la victime des viols de Mazan est collé dans plusieurs rues lilloises et parisiennes, accompagné d'un cartel: "Mme Gisèle P., gardienne de rue (...) comment renforcer la place des femmes".

Droguée aux anxiolytiques par son mari, puis violée dans son sommeil durant dix ans par celui-ci et des dizaines d'hommes, la septuagénaire Gisèle Pélicot est la victime principale d'un procès hors norme ouvert le 2 septembre devant la cour criminelle du Vaucluse.

Une street artiste féministe

Dans son petit atelier lillois, un premier étage lumineux, l'artiste féministe LaDame Quicolle, diplômée des Beaux-Arts de Bourges, photographie ses modèles, les dessine et les peint. Imprimées et collées, ces femmes reconquièrent la ville, venant "briser le silence" et "meubler les no girl's land, ces endroits où il y a peu de femmes le soir".

Son premier portrait est celui d'une jeune brune, veste à capuche, regard sur la défensive, collé à l'angle d'une rue, sur le mur d'un café d'un quartier populaire de Lille. "Elle est l'image d'une femme ordinaire qui a subi des violences", et devient "une gardienne de l'espace public", explique la trentenaire originaire de banlieue parisienne, cheveux longs attachés, grands yeux bleus.

Ces femmes "surveillent, guettent, font peur", ajoute LaDame Quicolle, également art-thérapeute. L'artiste veut "interpeller", mais aussi "fédérer", et montrer que ces personnes ayant vécu des violences "continuent à vivre".

L'un d'eux est un autoportrait de l'artiste, elle-même victime d'un viol à 19 ans, qu'elle a collé sur le lieu de son agression en banlieue parisienne.

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