Monsieur Chat, tagueur de félins hilares, risque la prison
"Il est consternant qu'en France en 2016, on veuille envoyer un artiste en prison pour un dessin éphémère", s'est étranglée Me Agnès Tricoire, interrogée par l'AFP.
Monsieur Chat, de son vrai nom Thoma Vuille, avait croqué au printemps dernier deux chats, deux oiseaux et huit roses sur deux panneaux blancs masquant une surface en travaux de la gare du Nord, selon une photo envoyée par son conseil.
Le tagueur en état de "récidive légale", plaide le parquet
D'après Me Tricoire, le parquet a requis jeudi dernier trois mois de prison ferme à son encontre car il avait reçu "deux petites amendes auparavant" pour des faits similaires, et se trouvait donc en état de "récidive légale"."De la prison ferme alors que la SNCF n'était même pas représentée" et qu'elle n'a formulé "aucune demande de dommages et intérêts !", a tempêté Me Tricoire, moquant des réquisitions "absurdes" pour "un prétendu crime sans victime".
"L'œuvre n'est pas une dégradation mais une amélioration. En l'occurrence éphémère", a observé l'avocate, ajoutant que les dessins étaient désormais "complètement recouverts par une paroi métallique opaque".
"Je ne peins pas sur les trains mais sur des endroits mal entretenus, qui méritent d'être refaits", a remarqué Monsieur Chat, également interrogé par l'AFP.
"Un logo, un symbole, un sourire communicatif", plaide le tagueur
Les panneaux de la gare du Nord, situés dans une zone peu mise en valeur mais à fort passage, ont dès lors séduit cet artiste, qui voit en son matou "un logo, un symbole, un sourire communicatif" destiné à apaiser les passants.Âgé de 39 ans, Thoma Vuille s'est fait connaître grâce à son chat jaune orange, aux yeux en amande et à la moue hilare, très visible à Paris. Anonyme durant de nombreuses années, son identité a été révélée en 2007 à Orléans, quand la police municipale l'a pris en flagrant délit.
Depuis, cet artiste franco-suisse a peint l'animal dans de nombreuses villes de France et d'ailleurs, d'Hong Kong à New York en passant par Dakar ou Sarajevo. Le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 13 octobre.
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