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Pasolini, Rimbaud, le Christ : Ernest Pignon-Ernest fait revivre ses mythes dans son atelier d'Ivry-sur-Seine et sur les murs des villes

Pionnier français de l'art urbain depuis les années 1960, Ernest Pignon-Ernest reste à 78 ans animé d'une certaine forme de foi. 

Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Le plasticien Ernest Pignon-Ernest devant son portrait de Pasolini (PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP)

Ernest Pignon-Ernest fait revivre depuis un demi-siècle, les grands mythes de notre Histoire sur les murs des cités. Il a reçu une équipe de France 3 dans son atelier d'Ivry-sur-Seine (Val de Marne), non loin du périphérique. 

Ernest Pignon-Ernest, c'est évidemment le portrait d'Arthur Rimbaud (1979), son "tube",  comme il le nomme, mais c'est aussi un univers rempli de chimères et d'histoires. Il a parlé de son processus créatif, de sa quête du sacré, du temps qui passe et de la pluie qui efface ses dessins.

Dans l'atlier d'Ernest Pignon Ernest
Dans l'atlier d'Ernest Pignon Ernest Dans l'atlier d'Ernest Pignon Ernest

Athée, mais durablement marqué par le sacré

Ernest Pignon-Ernest est né à Nice en 1942. Autodidacte, élevé par un père employé des abattoirs, communiste et athée, ses œuvres portent pourtant en elles une forme de sacré. Sur les murs des villes ou à l’intérieur d’une prison désaffectée, dansent des corps en souffrance.

Ces visages éplorés, ces représentations de Pietà ou de Mater Dolorosa évoquent l’iconographie religieuse et nous questionnent sur notre propre finitude. "C’est comme une espèce d’interrogation sur là où l’on va, sur notre vie, sur la mort. L’image du Christ c’est ça, il incarne les violences que l’on fait à l’humanité", explique l’artiste. 

Dessin de Ernest Pignon-Ernest (France 3 Paris Ile de France)

Un long travail de préparation 

Avant d'aller coller un dessin, Ernest Pignon-Ernest travaille durant de longues journées pour aboutir à son oeuvre finale. Dans son atelier d'Ivry-sur-Seine, on trouve partout des dessins qu'il a tracés à grands traits vigoureux et contrastés sur des chutes de rotatives, puis accrochés au hasard.  

Portrait d'Arthur Rimbaud dévoilé la première fois en 1979 lors une exposition au Musée d'art moderne de la Ville de Paris. (France 3 Paris Ile de France)

Des œuvres éphémères, le temps et les intempéries auront raison d’elles. "Quand on découvre des images dans la rue on sent qu’elles ont été investies de beaucoup de travail, de beaucoup de références à l’histoire, à l’art, à l’histoire de la pensée. Et en même temps, on voit que c’est du papier journal et que ça va disparaître", dit-il humblement.

Pour son célèbre portrait de Pasolini (2015), l’artiste revient six ou sept fois sur l’original. "Je commence avec du fusain très rapidement, un dessin un peu brut et au fur et à mesure je rentre dedans en le précisant et en recommençant sans cesse", raconte-t-il. 

Depuis 50 ans, Ernest Pignon-Ernest recouvre les murs de mythes en noir et blanc, multiplie les visages, dresse un drôle de portrait de l'état du monde. Chaque image réactive la mémoire et fait remonter à la surface la grande Histoire. 

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