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Street-art : la résidence aux Bains Douches en 20 photos

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Quand quarante artistes de street-art (mais pas que) investissent un champ de ruines, celui du club mythique parisien Les Bains Douches, ils parviennent à faire vibrer les murs au moins autant que les décibels autrefois. La créativité de chacun dialogue, répond et se déploie ici dans toutes les directions. Voici un aperçu en images de cette incroyable galerie d'art avant démolition.

Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz

Ca vous rappelle quelque chose ? A gauche, l'entrée, murée, à droite l'escalier d'accès au restaurant, au fond en face l'escalier menant au club et à sa piste de danse.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Space Invader a laissé son empreinte en bas des escaliers menant au club en 2002. Ce n'est pas si loin, mais son oeuvre fait partie des précieux vestiges du lieu. Le vrai trésor, le Graal, c'est la fresque de Futura 2000 ornée du logo Zulu Nation, réalisée en 1985.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Plus connu pour ses portraits à la bombe et au pochoir présents sur les murs de nombreuses villes de la planète, le Parisien C215 signe cette fois le profil d'un animal. Une merveille surgie de la pénombre, avec la pièce de Space Invader au second plan.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Pilier du graffiti en France, PSY a réalisé une pièce classique, comme surgie du fameux terrain vague de La Chapelle, hôte des débuts du hip-hop français. Ses petits personnages dansants de part et d'autre se prolongent sur une vidéo réalisée par ses soins en "stop motion".
 (Photo Jérôme Coton - Courtesy Magda Danysz)
Vhils,  étoile montante du street-art, est connu pour sa technique innovante : il réalise souvent ses oeuvres au burin et à l'explosif, créant des reliefs et découvrant d'anciennes couches. Cette fois, c'est muni d'un marteau-piqueur qu'il s'est attaqué au mur de l'ancienne piste de danse du club. Ce jeune Portugais n'avait jamais mis les pieds aux Bains Douches, mais il connaissait le lieu de réputation.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Les artistes ont aussi été invités à investir les étages du bâtiment, qui abritaient les bureaux du club et des appartements privés. La Française YZ, prononcez Eyes, figure sensible du street-art , a réalisé aux Bains plusieurs peintures de femmes angéliques et alanguies en noir et blanc. Elles collent parfaitement au climat suranné des appartements bourgeois avec moulures, miroirs et cheminées, et lui apportent au crépuscule une touche franchement surnaturelle.
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Voilà une des oeuvres les plus spectaculaires de cette résidence aux Bains. Mais c'est aussi une de celles qu'aucune photo ne peut rendre vraiment. Car tout est dans la perspective et l'illusion d'optique. Il faut y être. Thomas Canto, qui comme Sambre a pu résider sur place, offre un travail très technique, impressionnant de précision et de minutie, et pourtant bouleversant.
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Au détour, d'une pièce dont Sambre a arraché le plancher pour réaliser sa sphère géante, surgit cette peinture malicieuse de Seth, alias Julien Malland, qui a travaillé sur une échelle. Ce "Globe-painter" (le titre d'un de ses livres documentant son tour du monde de 9 mois) diplômé des Arts Déco a "pris le parti d'une peinture très enfantine et colorée parce qu'il s'inscrivait dans un espace brut et que cela apportait un contraste", nous apprend notre guide, Clémence Wolff.
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
La sphère de Sambre, ici la partie haute en work in progress, est en suspension entre deux étages.  Un clin d'oeil à la boule à facettes né selon lui davantage de l'empathie subliminale avec le lieu que d'une volonté de faire sens à tout prix. Cette oeuvre reste notre plus grosse claque aux Bains. L'engagement de l'artiste est colossal. Et long de trois mois. Sambre a d'abord percé un trou entre les deux niveaux, a récupéré les lattes de parquet (une à une) de l'étage supérieur, avant de bâtir une sorte de compas matriciel et de monter ses planches en forme de sphère. On regrette sincèrement de ne pas avoir le privilège d'admirer l'oeuvre achevée.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Ce qu'il y a de formidable dans cette exposition, car ç'en est une, c'est la variété des styles, des visions et des techniques proposés. On va ici de surprise en surprise. Le Français Ludo, dont le travail questionne la place de l'être humain sur la planète, a réalisé toute une petite mise en scène autour de son moustique-hélicoptère vénéneux pourvoyeur de pétrole, en récupérant tout ce qui traînait. Sa provocation fonctionne : on s'interroge.
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Pionnier du street-art en Europe, membre du collectif historique de graffeurs BBC (Bad Boys Crew), le Français Ash était familier des premières heures du hip-hop dans le terrain vague parisien de Stalingrad. Bien qu'entrevu entre deux portes en début de soirée, le regard de son rapace, réalisé au pochoir, marque durablement la rétine.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Les Sten Lex, duo d'artistes italiens spécialistes du pochoir urbain, travaillent sur le souvenir et l'image qui disparaît...ou apparaît.  Leurs portrait géants sont réalisées à partir de milliers de bandelettes de papiers. Encore un travail ultra minutieux et une oeuvre qui gagne une dimension supérieure "en vrai".
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
On sait peu de choses de Stew. Juste que ses collages urbains ont pour figure centrale le samouraï japonais. Et que cette oeuvre-ci, plus colorée qu'à son habitude, est particulièrement réussie.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Les artistes ne se sont pas contentés d'investir les intérieurs. Ils ont aussi imprimé leur marque à l'extérieur. Les courettes de l'immeuble sont ainsi richement ornées, par Dem189, Sambre ou encore Parole, pour qui l'échafaudage a été maintenu plus longtemps que prévu. Ici c'est L'Atlas qui a réalisé un collage parlant. "Out of Nowhere". Là, en revanche, le recul de la photo aide. Parce qu'en vrai on commence par écarquiller les yeux...
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Retour en sous-sol, dans le club. Etre en phase avec l'âme, l'espace et l'architecture du lieu : c'est quelque chose qui revient énormément dans le discours des artistes présents dans cette résidence. Nasty, encore une figure majeure du graffiti français (que l'on peut voir en action en pleine rue sur cette vidéo), s'est amusé à écrire dans son style coloré et malicieux le nom de toutes les drogues possibles et imaginables. On se demande bien pourquoi...
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Comme beaucoup d'artistes présents ici, Legz est un grand amateur des champs de ruines, à qui il aime offrir "un dernier cycle de vie". Pas étonnant si ce pionnier du graffiti français, connu pour son lettrage "style spaghetti" (splendide specimen ici) a investi l'endroit le plus désolé et le plus reculé de l'immeuble. Un généreux sourire poétique avant démolition.
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Cette résidence a été aussi l'occasion de rencontres approfondies et de collaborations inédites entre des artistes multi-supports. Ici, Sowat a travaillé au sol, tandis que Parole et Sambre ont mêlé leur peinture sur les murs.  C'est ici que nous avons croisé Sambre la première fois. Il s'y "détendait", disait-il, en congé pour quelques heures du vaste chantier de sa monumentale sphère. 
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
Encore une oeuvre à "expérimenter" plutôt qu'à voir en photo. Afin de se réapproprier l'espace urbain (et de permettre à chacun d'en faire autant), Cédric Bernadotte réalise du mobilier éphémère avec du céllophane industriel. Aux Bains, on peut s'asseoir sur ses drôles de bancs improvisés. Ce n'est pas seulement ingénieux et malin, c'est aussi très esthétique, en vrai.
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)
Le travail de Cédric Bernadotte (photo précédente) prend encore une autre dimension avec cette perspective, où son travail encadre un portrait signé du photographe et vidéaste Jean-François Julian.
 (Photo Jérome Coton - Courtesy Magda Danysz)
De toutes les légendes du street-art et du graffiti ici présentes, Skki est probablement l'artiste le plus en mouvement. Le surplace, il ne connaît pas. Tout semble jeu avec lui. Et tous les supports sont bons à prendre. D'abord, il a semé ses citations pince-sans-rire à tous les tournants : "Passage des coincidences", "Domaine du fortuit et de l'irrationnel", "Surface sans aucune valeur artistique". Ensuite, lui qui avait assisté au concert mythique de Joy Division aux Bains Douches le 18 décembre 1979 y est allé au pied de la scène d'une petite épitaphe. Et c'est encore lui qui a confectionné, au coeur de la fameuse piscine des Bains, une mise en scène plutôt joyeuse de la mort avec sarcophage de pharaon (nous n'avons pas vue l'oeuvre terminée). A bord de sa barque, gageons que le lieu triomphera des épreuves du Royaume des morts pour atteindre la vie éternelle...
 (Photo Stéphane Bisseuil - Courtesy Magda Danysz)

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