Cet article date de plus d'onze ans.
Tunisie : malgré la révolution, on continue à réprimer des artistes
Arrestations, intimidation : les jeunes artistes tunisiens se sentent en insécurité dans leur pays. Pourtant, il y a trois ans, la révolution et le départ de Ben Ali les rendaient pleins d'espoir.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 septembre 2013, aux alentours de 4 heures du matin, Nejib Abidi et Abdallah Yahya, cinéastes, Yahya Dridi, ingénieur du son, compositeur et jazzman Slim Abida, le pianiste Mahmoud Ayed, le clarinettiste Skander Ben Abid, accompagnés de deux amies artistes et étudiantes ont été arrêtés (...). Ils ont été conduits au commissariat de Bab Bhar à Tunis dans lequel ils ont été retenus pendant douze heiues avant d'être conduits en maison d'arrêt. Aucune raison justifiant leur arrestation et leur détention n'a été communiquée(...). Cette dernière arrestation marque une nouvelle étape dans la violation des libertés en Tunisie (...). La police s'octroie désormais le droit, comme du temps de Ben Ali, de se saisir hors toute légalité des citoyens engagés"...
Ce sont de courts extraits d'une pétition lancée sur un site internet qui, au départ, était dédié à la libération du rappeur Weld El 15. Au vu de la multiplication des actes du pouvoir à l'encontre des artistes, sa mission s'est élargie...
La Ligue des Droits de l'Homme confirme :
"La FIDH et le REMD expremient leurs préoccupations face à l'acharnement judiciaire dont sont victimes de nombreux artistes et journalistes ces dernières semaines en Tunisie, faisant craindre une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Ces dérives portent un coup aux libertés fondamentales -notamment la liberté d'expression- qui sont les piliers d'une démocratie saine et dont le respect est essentiel en cette période de transition en Tunisie. En effet, des arrestations et des peines de prison ferme ont ainsi été prononcées pour sanctionner l'exercice de ces libertés. Le caractère disproportionné de ces peines et le principe même de la condamnation ont été dénoncés par les organisations de défense des droits de l'Homme."
Autrement dit, c'est la douche froide pour les enfants de la Révolution. Comme avant, ils subissent des privations de liberté, voir des maltraitance de la part de l'Etat et de la police. C'est ce dont témoigne ce reportage réalisé par Franck Clarke, George Pinol et Franck Pairaud : Tahar Ben Jelloun fait figure d'aîné de toute cette nouvelle génération d'artistes désemparée. L'écrivain marocain a connu durant ses études à Rabat la répression de la jeunesse en contestation, en 1965. Un an plus tard il est envoyé en camp disciplinaire. Il choisira plus tard l'exil vers la France. Aujourd'hui il espère que les choses changent pour les jeunes Tunisiens, et remarque sur le plateau du Soir 3 qu'Enahda, le parti islamiste au pouvoir, commence à devoir négocier et desserrer son joug :
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.