Un mur dédié au street-art à Orléans : en mai Popay fait ce qui lui plaît
Le mur du cinéma Les Carmes, à Orléans est devenu une œuvre d’art en perpétuel renouvellement. Chaque mois, un street-artiste, graffeur ou peintre, est sélectionné par les deux porteurs du projet du MUR d'Orléans, Ludovic Bourreau et Jean-Michel Ouvry. La ville qui finance ce projet à 100%, lui laisse carte blanche, pour qu’il recouvre le mur. Son œuvre perdure ainsi pendant un mois, jusqu’à ce que l’artiste suivant la recouvre. Et ainsi de suite.
Reportage : France 3 Centre-Val de Loire - A. Darblade / F. Simoes / J. Bénard
Le tout premier artiste à honnoré le MUR d'Orléans est Maye. Le jeune Montpelliérain a réuni ses deux passions, le lettrage et les personnages allégoriques, sur la fresque de 2,50 mètres. C’est ensuite Alber en février qui a recouvert le panneau. Egalement passé par le M.U.R de Paris, le graffeur est habitué à ce genre d’initiative. Le mois de mars recevait Ilk, un jeune graffeur originaire du 93. Entre dessins animés et films d’horreur, ses œuvres lui ont permis de collaborer avec des marques de renom. En avril, c’est Shane, graffeur-sculteur passionné de l’ambiance des comics et des années 50 s’est prêté au jeu. Et pour le mois de mai, c’était Popay qui était à l’honneur.
D’origine espagnole, Popay est un des pionniers du street art français. Egalement illustrateur et peintre, il est rapidement devenu une référence dans le monde du graffiti. Il a commencé, comme la plupart des street artists, à peindre la nuit, en toute illégalité, alors qu’il est aujourd’hui invité par les institutions et les collectivités pour peindre des murs entiers.
"Je peins à la bombe depuis 86, et ce n’était pas forcément de manière très légale. On est moins dans l’urgence de devoir s’échapper, de faire vite et de se cacher. Maintenant on est plus dans la démarche contraire, de se montrer, de faire une animation" constate-t-il, pinceaux à la main.
Je suis contre l'art qui regarde les gens de haut.
Popay, street artist
Si sa manière de graffer a changé, si le contexte dans lequel il le fait a évolué, ses principes sont restés les mêmes : toucher différents publics et les amener à réfléchir. "Je suis contre l’art qui regarde les gens de haut. J’essaie de faire le contraire, de faire des trucs qui viennent plutôt aux gens, qui leur parlent. C’est quelque chose d’assez naïf." Naïf ne veut pas dire sans référence, puisqu'il s'inspire notamment des œuvres de Combas ou de Picasso.
Le street art oscille aujourd’hui encore entre pratique illégale et art reconnu. C’est dans cette ambivalence que les artistes se développent, tantôt admirés par les amateurs, tantôt détestés par les administrations. Mais conscientes que l’art urbain se légitimise et occupe une place prépondérante dans la culture artistique, les collectivités sont de plus en plus nombreuses à mettre en valeur le travail des street artistes.
Une initiative en réponse à l'idée parisienne
C’est à Paris qu’a été lancée la première démarche incitative. LE M.U.R (Modulable, Urbain et Réactif). Un concept initié par l’artiste Jean Faucheur en 2003. En empruntant les codes de l’affichage publicitaire, des street artistes sont invités à coller, sur un mur à l’angle de St Maur et de la rue Oberkampf, une de leurs œuvres réalisée en atelier. En détournant les diktats de la publicité, les street artistes recréent un musée à ciel ouvert qui leur permet de se faire connaître, mais aussi de répandre l’art du graffiti, encore mal connu.
L’immense panneau parisien prend toutes les deux semaines une nouvelle forme et donne l’occasion aux artistes de s’exprimer, de transmettre leurs émotions. Travailler sur les murs en accord avec la ville de Paris, une grande nouveauté pour les artistes graffeurs.
C’est à la suite de cette exposition/performance que d’autres villes ont suivi. Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Bruxelles et depuis le début de l’année, Orléans !
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