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"Take me, I'm yours", l'exposition où tout le monde peut se servir
Depuis le 16 septembre et jusqu'au 8 novembre se tient à la Monnaie de Paris, l'exposition "Take me, I'm yours". Le fruit d'un projet artistique collectif de quarante artistes basé sur le partage et qui requestionne les modes d'exposition.
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Reportage : F. Hovasse, I. Audin et L. Kulimoetoke
"Take me, I'm yours" (Prends-moi, je t'appartiens). Cette invitation s'affichant en lettres majuscules sur le fronton de la Monnaie de Paris invite le visiteur à prendre tout ce qui lui plaira, ou presque. L'occasion sans doute de réaliser le rêve jamais vraiment avoué de nombre d'amateurs d'art : toucher, modifier, utiliser ou même emporter une œuvre.
Et le pire, c'est que les organisateurs les y pousseraient presque. Car voilà toute l'ambition des commissaires de l'exposition, l'artiste plasticien français Christian Boltanski et l'historien d'art Hans Ulrich Obrist : retrouver l'esprit de partage qui animait le monde de l'art en 1995. Cette année-là, Londres avait accueilli, au Serpentine Gallery, cette même manifestation qu'avait en partie conçu Boltanski.
L'objectif est aussi celui de lever un tabou selon lequel, dans les musées, on ne peut plus toucher à rien parce que l'œuvre est sacrée. "Un peu à l'image d'une partition musicale déjà jouée, on propose au public de la rejouer encore et encore", explique Mathieu Pitkevicht, chargé de l'action culturelle à La Monnaie Paris
Certains visiteurs restent un peu perplexes. "Je ne vois pas pourquoi je prendrais un caleçon déjà porté. Pour tout dire, ça me dégoute un peu", sourit Baptiste, 27 ans. Des vêtements de seconde main, "qui comme une vieille photo ou un cadavre sont presque la même chose", estime Christian Boltanski. "Ils font référence à une personne disparue" mais restent après sa mort.
Un peu comme cette installation éphémère de Boltanski, elle aussi amené à disparaître à mesure que le public s'en ira avec un vêtement ou un autre. Une œuvre qui survivra malgré tout à travers des reliques que quelques-uns conserveront sans doute.
Dispersés autour de ces amas de guenilles, des piles d'impression de Felix Gonzalez-Torres, figure emblématique des arts plastiques et mort des suites du sida en 1996. "Il savait que son corps se dégradait. Ses œuvres ne peuvent quant à elles subir aucune dégradation physique", souffle Mathieu Pitkevicht. "Ces piles de feuilles sont renouvelables à l'infini". Chaque spectateur peut alors s'en aller avec l'une ou plusieurs, les disperser et assurer leur circulation permanente. "C'est à cet instant que le public forme une partie de mon œuvre", expliquait l'artiste.
Quelle serait l'originalité de cette salle où s'accumulent les tours Effel miniatures et les cartes postales à l'effigie du monument si le public ne pouvait pas les toucher, les déplacer, y écrire un mot ou les emporter ? Pas grand chose d'autre qu'un espace un peu étrange, morne et stagnant.
"C'est ludique et participatif, même si ça reste complexe. Je me suis sentie un peu perdue parfois. Mais cette idée de faire voyager les objets est vraiment très intéressante", réagit Jennifer, 24 ans.
Voilà le spectateur devenu artiste. Il participe à sa manière au renouvellement quotidien d'une exposition résumant un peu l'histoire de l'art contemporain. Entre consommation, dispersion et un soupçon de déconnexion.
"Take me, I'm yours", à la Monnaie de Paris
Jusqu'au 8 novembre
"Take me, I'm yours" (Prends-moi, je t'appartiens). Cette invitation s'affichant en lettres majuscules sur le fronton de la Monnaie de Paris invite le visiteur à prendre tout ce qui lui plaira, ou presque. L'occasion sans doute de réaliser le rêve jamais vraiment avoué de nombre d'amateurs d'art : toucher, modifier, utiliser ou même emporter une œuvre.
Et le pire, c'est que les organisateurs les y pousseraient presque. Car voilà toute l'ambition des commissaires de l'exposition, l'artiste plasticien français Christian Boltanski et l'historien d'art Hans Ulrich Obrist : retrouver l'esprit de partage qui animait le monde de l'art en 1995. Cette année-là, Londres avait accueilli, au Serpentine Gallery, cette même manifestation qu'avait en partie conçu Boltanski.
L'objectif est aussi celui de lever un tabou selon lequel, dans les musées, on ne peut plus toucher à rien parce que l'œuvre est sacrée. "Un peu à l'image d'une partition musicale déjà jouée, on propose au public de la rejouer encore et encore", explique Mathieu Pitkevicht, chargé de l'action culturelle à La Monnaie Paris
Sous le plafond elliptique, des vêtements de seconde main
Dans l'immense et majestueuse salle Guillaume Dupré, non loin de la cheminée en marbre blanc et sous le plafond elliptique, quatre énormes tas de vêtements ternes et décousus attendent preneurs. "Dispersion". C'est le nom de cette installation de Boltanski, réalisée pour la première fois en 1991.Certains visiteurs restent un peu perplexes. "Je ne vois pas pourquoi je prendrais un caleçon déjà porté. Pour tout dire, ça me dégoute un peu", sourit Baptiste, 27 ans. Des vêtements de seconde main, "qui comme une vieille photo ou un cadavre sont presque la même chose", estime Christian Boltanski. "Ils font référence à une personne disparue" mais restent après sa mort.
Un peu comme cette installation éphémère de Boltanski, elle aussi amené à disparaître à mesure que le public s'en ira avec un vêtement ou un autre. Une œuvre qui survivra malgré tout à travers des reliques que quelques-uns conserveront sans doute.
Dispersés autour de ces amas de guenilles, des piles d'impression de Felix Gonzalez-Torres, figure emblématique des arts plastiques et mort des suites du sida en 1996. "Il savait que son corps se dégradait. Ses œuvres ne peuvent quant à elles subir aucune dégradation physique", souffle Mathieu Pitkevicht. "Ces piles de feuilles sont renouvelables à l'infini". Chaque spectateur peut alors s'en aller avec l'une ou plusieurs, les disperser et assurer leur circulation permanente. "C'est à cet instant que le public forme une partie de mon œuvre", expliquait l'artiste.
Quand le spectateur devient artiste
Que serait en effet l'arbre à souhait de Yoko Ono sans les petits mots des spectateurs laissant leurs messages de paix ? Rien d'autre qu'un simple olivier.Quelle serait l'originalité de cette salle où s'accumulent les tours Effel miniatures et les cartes postales à l'effigie du monument si le public ne pouvait pas les toucher, les déplacer, y écrire un mot ou les emporter ? Pas grand chose d'autre qu'un espace un peu étrange, morne et stagnant.
"C'est ludique et participatif, même si ça reste complexe. Je me suis sentie un peu perdue parfois. Mais cette idée de faire voyager les objets est vraiment très intéressante", réagit Jennifer, 24 ans.
Voilà le spectateur devenu artiste. Il participe à sa manière au renouvellement quotidien d'une exposition résumant un peu l'histoire de l'art contemporain. Entre consommation, dispersion et un soupçon de déconnexion.
"Take me, I'm yours", à la Monnaie de Paris
Jusqu'au 8 novembre
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