Toits de Paris : un "océan" de zinc et d'ardoise au patrimoine de l'Unesco ?
Inscrire les toitures de Paris au patrimoine mondial de l’Unesco. L’idée paraît étonnante au premier abord (rappelons qu'en 1991, ce sont les deux rives de la Seine qui ont été inscrites). Mais quiconque a eu la chance d’habiter dans un logement donnant sur ces fameux toits peut comprendre la démarche initiée par Delphine Bürkli, une élue (UMP) du 9e arrondissement de Paris. «Nous voulons mettre en valeur un patrimoine méconnu et inaccessible pour aider Paris à innover en apportant un nouvel usage à cette cinquième façade » explique t-elle.
L'idée séduit tout ceux qui ont accès à ces toits.Parmi eux, le photographe Gilles Mermet qui les sillonne depuis des années sans jamais se lasser.
Reportage : I. Baechler / J. Nourry / J-M. Nouck-Nouck / J. Pires
Arsène Lupin, Fantomas ont cavalé sur ses toits qui ont également inspiré René Char en 1930 dans le film intitulé "Sous les toits de Paris" avec Albert Préjean. François Truffaut a offert lui aussi des superbes vues de Paris dans son film "Baisers volés" (1968) avec Jean-Pierre Léaud et Claude Jade. Plus récemment, en 2007, le cinéaste irakien Hiner Saleem réalisait "Les toits de Paris" dans lequel Michel Piccoli incarnait un un homme délaissé par ses enfants et vivant seul dans un petit appartement sous les toits. Son seul ami, Amar (Mairice Bénichou) s'en va. Deux femmes (Mylène Demongeot et Marie Kremer) vont alors faire leur arrivée dans sa vie. Des camaïeux pour les artistes peintres
Les peintres eux aussi ont célébré les camaïeux de gris des toits de Paris. Vincent Van Gogh avec « La vue de Paris » en 1886 ; Connu pour ses représentation urbaines, Gustave Caillebote offre une vision originale avec sa « Vue des toits (effet de neige) » où l’on découvre Paris en manteau d’hiver. Cette œuvre présentée en 1879 à la quatrième exposition impressionniste, traduit parfaitement l’ambiance de ciel bas qui enveloppe souvent la capitale... Et dans un registre plus abstrait, il faut également citer «Les toits de Paris » de Nicolas de Staël (1952), un camaïeu de gris et de bruns peint sur un isorel, par couches successives. Une œuvre qui marque l’aboutissement d’une recherche de l’artiste autour de la « couleur-volume ». Le paradis des amoureux
Mais c'est avec les mots du très beau film "Un monde sans pitié" (1989) d'Eric Rochant que nous refermons ce panorama (non exhaustif) sur les toits de Paris. Son héros, Hippo (Hippolyte Girardot), offre une description poétique de la vie qui peuple les toits de Paris à la nuit tombée :
«Quand les monuments s’éteignent, il y a des gens qui montent sur les toits et qui font la fête. Ils attendent, tapis sous les vasistas, dans les mansardes, et quand l’obscurité retombe sur Paris, quand le Panthéon, le Sacré-coeur, la Tour Eiffel s’éteignent, ils sortent peu à peu, et envahissent en silence les toits et les balcons. Ils montent aux échelles, se pendent aux paratonnerres et aux antennes, font des glissades le long des bandes d’ardoise, courent sur les corniches, enjambent les parapets et sautent au-dessus des ruelles. Derrière les cheminées, ils s’embrassent, et quand il fait bon, ils font l’amour sur les terrasses».
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.