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"Travel" de David Claerbout : l'art de l'image imperceptiblement animée
Le FRAC Auvergne reçoit jusqu'au 10 mai 2015 l'oeuvre hypnotique et sidérante du vidéaste belge David Claerbout. Sept ans après l'exposition du Centre Pompidou, l'artiste a choisi Clermont-Ferrand pour dévoiler "Travel" son dernier film, véritable voyage intérieur où l’imaginaire et la beauté se répondent.
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David Claerbout est l'un des vidéastes belges les plus doués de sa génération. Après avoir exposé au centre Pompidou à Paris en 2008, il présente un ensemble de ses oeuvres au FRAC Auvergne où il fait l'éloge de la lenteur.
Reportage : PO. Belle / B. Lebret / P. Raclet
Réalisée en 2007 "Travel" est une installation vidéo qui invite le spectateur à une promenade en forêt. Fluides et intenses, les images accompagnées de la musique aseptisée d'Eric Breton ne disent pas la vérité : "Travel est un concept assez politique, c'est un mépris, une suspicion dans la rhétorique facile. Pourtant le film n'est constitué que de choses faciles, des images très fluides qui donnent envie de s'endormir et pourtant quand on vu tout le film, il y a quelque chose qui ne marche pas dans cette histoire facile", analyse David Claerbout lui-même. L'image continue de Claerbout anime les anges
A l'inverse de l'image arrêtée, David Claerbout ne cesse d'animer ses images. Mais d'une manière absolument détaillée et lente. L'impression hypnotique se révèle aussi poétique quasi méditative. L'artiste opère des croisements entre l'image fixe et l'image mouvement et fait respirer les statues, imperceptiblement.
Il retravaille chaque parcelle pixélisée de l'image analogique pour créer une composition digitale et renouvelle ainsi la perception de l'image, de l'espace et du temps. Happy entre réalité et fiction à la manière de Matrix et de Picasso
Réalisée en 2007 en Chine, la série "Section of a Happy Moment" est une projection où les images en noir en blanc se succèdent. Elles montrent des scènes de la vie quotidienne dans un centre urbain bétonné où les enfants jouent au ballon. Elles montrent aussi des visages lumineux fixés par des centaines d'appareils photo. " En réalité, on est plutôt dans un système proche de Matrix quand ils font des arrêts sur image où la caméra tourne autour de l'acteur. Chaque personnage a été préalablement photographié sur fond bleu en studio, modélisé. Il les dispose sur une scène. Et il peut ainsi les voir sous tous les angles.
C'est à la fois une modélisation informatique et une technique très proche de celle des cubistes, comme les "Demoiselles d'Avignon de Picasso", explique Jean-Charles Vergne, directeur du FRAC Auvergne. "Riverside" deux narrations qui se croisent
Réalisé en 2009 dans le Cantal, Riverside est une installation à deux canaux vidéo. Une double projection raconte l'histoire d'une femm et d'un homme dans un même décor mais pas dans le même écran. Au bord d'une petite rivière en bas, les deux personnages se déplacent inconsciemment l'un vers l'autre. La question qui taraude le spectateur est : "Vont-ils finir par se rencontrer ?" Réponse au terme de 25 minutes.
"David Claerbout, c'est quelqu'un qui utilise les codes du cinéma, mais qui les détourne en cassant l'image et le son" analyse Jean-Charles Vergne.
Le corpus d'œuvres de David Claerbout évolue depuis 1996 entre images fixes et images en mouvement, images photographiques et images digitales. Il développe une photographie du mouvement, une image instantanée en devenir, introduisant depuis 2004 des micro-narrations.
"David Claerbout" au FRAC Auvergne
Du 31 janvier au 10 mai 2015
6, rue du Terrail, 63000 Clermont-Ferrand
Tel. : 04 73 90 50 00
Horaires : du mardi au samedi de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h
Entrée et visites guidées gratuites
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