Trombinoscope : qui repose au Panthéon ?
Quatre nouvelles personnalités vont donc faire leur entrée au Panthéon ce mercredi 27 mai : Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay. Ces figures de la Résistance rejoignent des grands noms de l'histoire de France... mais aussi d'illustres inconnus.
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Voilà pour les 71 personnalités officiellement inhumées. Mais la crypte contient en fait deux autres dépouilles : Sophie Berthelot et Marc Schoelcher. Ce dernier a souhaité reposer aux côtés de son fils. Et le chimiste Marcellin Berthelot a demandé à ne pas être séparé de sa compagne après leur mort. Mais, dans les deux cas, il n'y a pas eu de cérémonie officielle.
Marie Curie était donc, jusqu'à présent, la seule femme panthéonisée, en 1995. Mais elle repose également avec son mari, Pierre. Même si le tombeau de la physicienne et chimiste est au-dessus de celui de son compagnon, on estime à l'Elysée qu'il faut désormais qu'une "femme entre seule au Panthéon ".
Quatre Italiens, un Néerlandais et un Suisse
Si la nationalité française est aujourd'hui l'un des critères obligatoires pour être éligible au Panthéon, cela n'a pas toujours été le cas. Napoléon Bonaparte a ainsi fait entrer quatre de ses alliés italiens, un Suisse et un Néerlandais : Girolamo-Luigi Durazzo, Giovanni Battista Caprara, Ippolito-Antonio Vincenti-Mareri, Charles Erskine de Kellie, Jean-Guillaume de Winter et Jean-Frédéric Perregaux.
Côté diversité, seul Felix Eboué n'est pas blanc. Le Guyanais, administrateur colonial, a été panthéonisé en 1949 pour son action dans la Résistance. Charles de Gaulle le décrivait comme "un de ces noirs ardemment français ".
Part belle aux militaires et aux politiques
A priori, mieux vaut être un haut-gradé pour avoir sa tombe sur la montagne Sainte-Geneviève. Ils sont une vingtaine dans la crypte, soit près de 30% des panthéonisés. Mais il s'agit surtout de militaires du premier Empire, inhumés entre 1808 et 1813.
Sans suprise, la politique est aussi une grande pourvoyeuse de panthéonisés. Les hommes politiques sont aussi nombreux que les militaires. Le dernier en date est l'ancien ministre de la Culture, André Malraux. Ce dernier fait également partie de la catégorie des artistes, avec les auteurs Victor Hugo et Emile Zola ou encore Joseph-Marie Vien (seul peintre représenté).
Les scientifiques arrivent sur la troisième marche du podium avec sept représentants : les époux Curie, Louis Braille ou encore Jean Perrin. Enfin, on trouve également deux économistes, un navigateur ou un architecte (celui du Panthéon).
Certains n'auront fait qu'un petit tour au Panthéon. Les Révolutionnaires Mirabeau, Marat, Saint-Fargeau ou Dampierre y ont été inhumés puis retirés au gré des différents régimes. D'autres, comme Descartes ou Barat, ont été panthéonisés sur papier mais jamais transférés dans la crypte.
Enfin, on peut être au Panthéon sans y être inhumé. Les noms de plus d'un millier de personnes sont inscrits sur les murs du bâtiment. On y trouve notamment ceux des "Justes de France" ou encore les écrivains morts lors des deux guerres mondiales. D'autres disposent d'inscriptions plus élaborées, comme Aimé Césaire.
"Une canonisation nationale"
Il n'y a pas de texte qui encadre la procédure et les critères pour être éligible à la panthéonisation. Mais une certaine tradition s'est installée, au fil du temps, depuis la Révolution. Avant d'arriver sur le bureau de l'Elysée, un comité fait le tri parmi les dossiers. Charge à lui d'étudier les candidatures et de parvenir à un consensus. "Il s'agit du même processus que pour la canonisation de l'Eglise catholique ", d'après l'historien Jean-François Decraene.
Pour l'auteur du Petit dictionnaire des Grands hommes du Panthéon, "*le premier des critères est celui de la valeur
exemplaire de l'unité nationale. On cherche le côté exemplaire* ".
D'autres éléments entrent en jeu. Le candidat doit être mort depuis cinq ans minimum pour éviter les erreurs de casting. "On avait panthéonisé au moment de la Révolution des gens comme Marat. Et puis on s'est aperçu par la suite que ce n'était pas forcément un bon choix.... Et il a fallu le retirer du Panthéon ", note François Decraene.
Dernière étape avant panthéonisation : l'accord de la famille. En 2009, Nicolas Sarkozy voulait transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. Mais il avait dû y renoncer après le refus du fils de l'auteur.
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