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Une artiste afghane se cache après une performance dénonçant les attouchements

En Afghanistan, il faut beaucoup de courage pour dénoncer les violences faites aux femmes. Le courage, tout comme les idées, ce n'est pas ce qui manque à Kubra Khademi, 27 ans. Mais après une performance réalisée il y a quelques jours à Kaboul pour dénoncer les attouchements dans la rue, elle affirme faire l'objet de menaces et se cache.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Temps de lecture : 2min
Kubra Khademi et son armure de fer aux courbes féminines le 8 mars 2015.
 (Shah Marai  / AFP)
Dans Kaboul vêtue d'une armure de fer

Le 26 février dernier, Kubra Kadhemi arborait une armure de fer épousant la forme de ses seins et de ses fesses. Elle a marché dans cette tenue bouclier pendant quelques minutes seulement dans un quartier du centre de Kaboul avant d'être cernée par la foule.
   
Pour 500 afghanis (moins de 10 dollars), la jeune femme a façonné sa propre armure de fer, chez un chaudronnier qui fabrique des poêles à bois. Puis elle a décidé de se lancer. Dans la rue après avoir enlevé son manteau, la jeune artiste portant un foulard islamique s'est retrouvée harcelée de toutes parts, elle a dû abandonner très rapidement et s'enfuir sous les insultes et les jets de pierres.

Dénoncer les attouchements subis par les femmes
   
"Tout s'est passé comme je l'attendais. La foule s'est rapprochée de moi en poussant un peu", raconte-t-elle à l'AFP. L'objectif était de dénoncer, à travers son projet artistique, les attouchements subis par les femmes dans la rue, une entreprise audacieuse dans un pays musulman très conservateur.
   
"Le concept de mon travail vient de ma vie personnelle et des moments horribles que j'ai vécu", dit-elle. "Ce travail parle de ce qui m'est arrivé lorsque j'avais 4 ou 5 ans. Quelqu'un m'a touché dans la rue et il est parti. Pour lui j'étais juste une fille, peu importe l'âge que j'avais", a-t-elle raconté. "Et je me suis dit alors: si seulement mes sous-vêtements étaient faits de fer", se souvient-elle.
   
Depuis sa performance du 26 février, Kubra Khademi reçoit des courriels avec des menaces de mort et des insultes. Si bien qu'elle a changé de lieu d'hébergement. L'artiste déplore que "ces choses là arrivent chaque jour, à chaque moment, dans ma ville".
Une manif de soutien masculine

Quelques jours après son action, des hommes ont défilé à leur tour dans les rues de Kaboul en portant des burqa, pour marquer leur solidarité vis-à-vis des femmes afghanes. 
   
"Nous voulions dire aux responsables afghans que les misères des femmes afghanes ne peuvent être ressenties en célébrant la journée des femmes, dans des grands palais avec des discours vides", explique à l'AFP Basir, 29 ans, l'un des manifestants.

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