"Vogue Paris 1920-2020" : cent ans de style du magazine décryptés au Palais Galliera
L'exposition "Vogue Paris 1920-2020" rassemble 400 œuvres issues des archives du magazine - photographies, illustrations, magazines, documents, films - ainsi qu’une quinzaine de modèles de haute couture et de prêt-à-porter. A découvrir jusqu'au 30 janvier 2022 au Palais Galliera.
L'exposition Vogue Paris 1920-2020 s'intéresse au plus ancien des magazines de mode français, toujours publié. C'est le seul titre du groupe Condé Nast à porter dans son appellation le nom d’une ville et non celui d’un pays : Paris, capitale de la mode. Témoignant de sa capacité de création, d’adaptation et d’anticipation, l'exposition rassemble 400 œuvres issues principalement des archives du magazine - photographies, illustrations, magazines, documents, films - ainsi qu’une quinzaine de modèles haute couture et prêt-à-porter. Miroir de son époque, Vogue Paris a soutenu des couturiers comme Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld.
Dès le début du parcours dans la Rotonde du Palais Galliera, le ton est donné : 1007 couvertures du Vogue Paris accueillent le visiteur qui suivra un itinéraire chronologique scindé en dates clefs.
1920-1938 : un magazine transatlantique
Le 15 juin 1920, onze ans après le rachat de la gazette sociale américaine Vogue par l’éditeur Condé Nast, Vogue Paris voit le jour. Promoteur de talents, son rédacteur en chef Michel de Brunhoff s'entoure de ses amis couturiers, dessinateurs, photographes, peintres ou décorateurs. Vogue Paris est alors produit dans des cercles mondains et artistiques où évoluent clientes haute couture, mannequins et lectrices. Cette section regorge d'illustrations en couleurs et de photographies en noir et blanc au charme désuet mais qui témoignent d'une époque révolue.
1939-1954 : l’épreuve de la guerre et la renaissance
En raison de difficultés matérielles de conception et d’impression, Vogue Paris paraît irrégulièrement jusqu’au printemps 1940. En juin 1940, les bureaux et le studio sont perquisitionnés par les Allemands et à l’automne, la parution est suspendue. À la libération de Paris, le magazine se relance et soutient le retour des maisons de couture parisiennes et le lancement de nouveaux couturiers, tel Christian Dior en 1947. A cette époque, Paris sert de décor aux photographies pour mettre en scène les créations de l’après-guerre.
A ne pas manquer dans cette section un exemplaire de 1951 sur la couverture duquel figure un dessin de Pablo Picasso où les narines du modèle deviennent les prunelles d'yeux affectés de strabisme.
1955-1967 : la mode et la vie de Paris
Edmonde Charles-Roux, rédactrice en chef, succède à Michel de Brunhoff jusqu'en 1966. Elle accentue la dimension culturelle et artistique du magazine en mêlant mode, quotidien et sujets de fond. Avec l’écrivain François Nourissier, elle introduit des chroniques littéraires signées Mauriac, Sagan, Giroud ou Genet. Admiratrice de la Nouvelle Vague, elle commande des reportages sur des cinéastes comme Malle, Truffaut, Godard et met en lumière les audaces visuelles de Klein, Bourdin et Newton. Vogue Paris se fait alors le témoin des changements socioculturels de l’époque avec un numéro spécial prêt-à-porter en 1956. Le nom de la capitale sera définitivement associé à Vogue à l'été 1968.
1968-1986 : l'ère des photographes
Liberté de ton, liberté de style sont les maîtres mots entre les années 1960 et 1980 et les photographes Newton, Bourdin, Moon, Sieff y produisent des images subversives que l'on a plaisir à redécouvrir. La représentation de la femme s’est diversifiée : prêt-à-porter, jeunesse, célébrité sont mis en avant. Les créateurs sont défendus par le magazine et les jeunes actrices posent en couverture. À partir de 1969, des numéros spéciaux dirigés par une personnalité internationale sont publiés pour Noël.
1987-2000 : un nouveau point de vue
Dans un contexte plus concurrentiel et plus international, face à une industrie de la mode en croissance, les années 1987 à 2000 sont placées sous le signe du changement. Le directeur, Jean Poniatowski, modernise la formule en ouvrant le magazine vers l’actualité ou des sujets de société. La mode fait désormais partie d’un environnement social, créatif, culturel. De 1987 à 1991, c’est l’ère des supermodels qui incarnent une industrie de la mode hédoniste et décomplexée. Les séries mode mêlent prêt-à-porter et haute couture dans des productions à gros budgets, en studio ou à l’étranger. Les photos de mode sont décalées : ainsi sur une sérié spéciale bijoux de 1994, illustrée par Helmut Newton, un bracelet Cartier est enroulé sur une cheville... ce n'est pas une photographie mais une radiologie.
2001-2020 : le rayonnement des stylistes
Carine Roitfeld prend la tête de Vogue Paris en 2001. Radicale, provocante, elle joue du pouvoir de l’image et s’entoure d’une nouvelle génération de photographes : Testino, Inez & Vinoodh, Sims, Mert & Marcus… Elle renoue également avec la dimension parisienne de Vogue alors que la capitale retrouve une place prédominante dans l’économie de la mode. Tom Ford puis Anthony Vaccarello pour Saint Laurent font partie des créateurs privilégiés. A son départ en 2011, Emmanuelle Alt, attentive aux évolutions socioculturelles et économiques, ouvre les pages du périodique à des sujets originaux. En accentuant le développement digital de la marque, elle s'interroge sur le futur du magazine.
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