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Yayoi Kusama, artiste hallucinée, s'expose à Albi

A 86 ans, Yayoi Kusama, l’artiste vivante la plus vendue au monde, expose son oeuvre “Dots Obsession (Infinited Mirrored Room)” au centre d’art "le Lait" à Albi. L’occasion de se plonger dans un univers fantasmagorique, celui de notre propre conscience.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Yayoi Kusama
 (Shizuo Kambayashi/AP/SIPA)

Une psychose créative

Yayoi Kusama a 10 ans lorsqu’elle est frappée par une hallucination : les motifs de la nappe recouvrant la table familiale se reflètent sur les murs et envahissent l’espace. Cette vision psychédélique marque le commencement de sa carrière artistique. Aujourd’hui, âgée de 86 ans, elle vit dans un hôpital psychiatrique au Japon, ce qui permet selon elle d'alimenter sa créativité plutôt que de l’apaiser.
 
Reportage :  L. Truffert / E. Foissac / D. Raynaud

Miroir, joli miroir...

De ses souffrances et malaises naissent des œuvres qui plongent l’observateur dans un monde onirique. Par la répétition perpétuelle des motifs, l’artiste retranscrit ses obsessions psychologiques et confronte le public aux siennes. L’insistance de l’invitation à la réflexion sur soi est exacerbée par l’utilisation de miroirs. Yayoi Kusama les utilise dans ses œuvres depuis près de 50 ans ; dans la tradition japonaise, le miroir est un symbole de lumière et de sagesse qui permet de réfléchir non seulement le visage de celui qui le tient mais également son âme.
 
"Dots obsession (Infinited mirrored room)", 1998, Yayoi Kusama
 (Michel Monteaux)

Auto-oblitération revendiquée

Le miroir est d’autant plus crucial dans les créations de Kusama qu’il permet de créer des espaces infinis dans lesquels les hommes sont amenés à s'interroger sur leur place dans l’univers. Pour Yayoi Kusama, chacun n’est qu’un pois parmi ceux qu’elle peint du sol au plafond, créant ainsi une continuité des motifs qui brouille tout repère spatial. Elle l’affirme dans son "Manifeste de l’oblitération" : "Ma vie est un pois parmi des milliers d’autres pois". Selon elle, l’homme doit donc se dissocier de son ego et se laisser emporter dans l’infini pour enfin ne faire qu'un avec le cosmos. Pour l’artiste dont la conscience pacifiste est très aiguisée par l’expérience d’Hiroshima et de la guerre du Vietnam, "l’auto-oblitération" est donc la seule voie pour garantir la paix.  
 
Son œuvre de 1998 "Dots obsession (Infinited mirrored room)" est à découvrir jusqu’au 25 octobre au centre d'art "le Lait".

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