"Auburtin a été émerveillé par l'œuvre de Claude Monet" : à Giverny, une exposition croise les travaux des deux artistes
Pour son 10e anniversaire, le musée des Impressionnismes de Giverny (Eure) propose une exposition croisant les travaux des deux hommes, dont les productions sont très similaires.
Pour célébrer son 10e anniversaire, le musée des Impressionnismes de Giverny (Eure) a inauguré, vendredi 22 mars, une exposition confrontant l'œuvre de Claude Monet à celle de Jean-Francis Auburtin, peintre et décorateur. Jusqu'au 14 juillet, les visiteurs pourront découvrir les peintures de ces deux artistes, fous de paysages.
Un "émerveillement" pour Monet
Si les deux artistes ont produit une œuvre assez proche, c'est grâce à "l'émerveillement" de Jean-Francis Auburtin pour les peintures de Claude Monet. Il est encore un jeune homme - 26 ans les séparent - quand se tient l'exposition Monet-Rodin à Paris, pendant l'été 1889. Le chef de file des impressionnistes y présente 145 peintures.
"Auburtin a été émerveillé par l'oeuvre de Claude Monet, qu'il a découverte lors de cette rétrospective", raconte Géraldine Lefebvre, commissaire de l'exposition. "Il a décidé de suivre ses pas dans le paysage." Une passion qui l'emmène sur la côte Méditerranéenne, à Belle-Île-en-Mer (Morbihan) et en Normandie, "entre Etretat et Dieppe".
Inspiré par Monet, mais pas copieur
Jean-Francis Auburtin et Claude Monet ont en commun l'amour du paysage, le goût du travail en série, la passion de l'art japonais et une amitié avec Rodin. Cependant, s'ils se sont vraisemblablement croisés, rien ne dit qu'ils se soient rencontrés.
En effet, le peintre et décorateur ne cherche pas à copier le chef de file des impressionnistes : il fait œuvre originale. "Il y a chez Auburtin une douceur, un calme, une sérénité", détaille Géraldine Lefebvre. Selon elle, l'artiste cherche "à traduire l'ossature ou la structure des paysage". Une réflexion qui conduit "le visiteur à la contemplation". Et presque à la nostalgie :
Avec Auburtin, on a envie de revisiter ces sites, de les parcourir
Géraldine Lefebvre, commissaire de l'expositionà franceinfo
Parmi les lieux dans lesquels Auburtin a suivi les traces de Monet, il y a Belle-Île-en-Mer et sa côte sauvage. Claude Monet s’y rend en 1886 et y peint 39 toiles. Près de 10 ans plus tard, en 1895, Jean-Francis Auburtin y séjourne pour la première fois. L’exposition fait donc une large place au travail des deux artistes dans l’île bretonne.
On y découvre notamment une gouache sur papier de Jean-Francis Auburtin représentant les aiguilles de Port-Coton. "Elles reprennent exactement le même cadrage adopté par Monet en 1886", contextualise Géraldine Lefebvre. Cependant, si les artistes peignent tous les deux ces aiguilles, ils ne le font pas de la même manière. "Auburtin va teindre de bleu outremer ses gouaches, ce qui va rendre un aspect fantastique." Cet aspect fantastique vaudra aux aiguilles un surnom, donné par les symbolistes : les sorcières. "Il anime ces rochers, là où Monet s'était intéressé davantage au jeu de la mer, de l'écume qui vient fouetter les roches."
Très connu de son vivant, ce décorateur recherché qui a réalisé des décors au Conseil d’Etat, à la Sorbonne ou encore au Palais Longchamp à Marseille est tombé dans l’oubli après sa mort en 1930, quatre ans après le décès de Claude Monet. L’exposition de Giverny permet de redécouvrir le travail de Jean-Francis Auburtin.
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