Avec la nouvelle rétrospective Miró, le Grand Palais nous plonge dans "un monde de rêve"
44 ans après l'avoir mis une première fois à l'honneur, le Grand Palais à Paris consacre une nouvelle rétrospective à Joan Miró. 150 œuvres y retracent la vie de l'artiste espagnol et plongent le visiteur dans son "monde de rêve."
C'est à l'un des artistes modernes les plus populaires que le Grand Palais à Paris consacre actuellement [et jusqu’au 4 février 2019] une nouvelle rétrospective : Joan Miró. 150 tableaux, céramiques, sculptures ou livres de l'Espagnol ont été rassemblés pour l'occasion dans cette exposition montée comme une biographie. Au fil des salles, le visiteur est doucement plongé dans le "monde de rêve" de Miró comme aime le présenter Jean-Louis Prat, le commissaire : "Le langage de Miró est un langage poétique. Ni abstrait, ni figuratif mais qui nous plonge dans un monde de rêve."
Et Jean-Louis Prat connaît bien l'œuvre de l'artiste pour l'avoir côtoyé pendant 15 ans. Il tenait donc à réunir les plus grands chefs-d'oeuvre de ses 70 ans de création. "Je voulais le montrer dans sa diversité, explique le commissaire de la rétrospective. Ce parcours qui du début à la fin nous conduit à l'étonnement. Pendant 70 ans, Miró a su inventer un langage auquel nous ne pensions pas. Il révèle chaque jour quelque chose de nouveau."
Alors parmi les tableaux majeurs des premières années présents dans les couloirs de l'exposition du Grand Palais, La ferme que Miró peint au début des années vingt. Cette toile, qu’Ernest Hemingway a gagné un jour aux dés, représente la maison familiale du peintre où il a vécu et travaillé jusqu’à la fin de sa vie. "C'est la période que l'on dit détaillée car il y a un souci du détail évident, décrit le commissaire. Vous avez tous les éléments d'une ferme : la charrette qui transporte le foin, les animaux qui la peuplent, les hangars et la maison dans laquelle on vit, très simple mais avec une beauté singulière, en accord avec cette terre très rude qu'il a toujours respectée et qui pour lui, était un symbole très important de sa vie."
Le triptyque des "Bleu" au coeur d'une pièce choc
Puis Miró passe aux céramiques, aux livres, à la sculpture. Des œuvres qui témoignent parfois des bouleversements du XXe siècle. En 1935, la montée des fascismes inspire notamment à Miró une série de peintures peuplées de figures aux faciès grimaçants.
Mais c'est bien plus tard, en 1961, qu'il crée ses premières œuvres monumentales dans son atelier de Palma de Majorque : Bleu I, Bleu II, Bleu III. Un triptyque réuni ici dans une salle dédiée. L'un des chocs esthétiques de l’exposition, voulu par Jean-Louis Prat. "Ce triptyque évoque un espace sidéral extraordinaire, très grand, avec le bleu de la conquête de l'espace. Miró a mis des mois à réaliser ces tableaux. Ce n'était pas du tout un bleu jeté rapidement. C'est seulement à partir de là qu'il appose une ligne, qu'il va tracer très lentement. Ce n'est pas un gestuel Miró, c'est quelqu'un qui réfléchit à ce qu'il fait."
À ne pas manquer non plus, les œuvres représentant les nouveaux défis de la fin de la vie de Miró : il réalise alors des toiles brûlées, il travaille sur des formats toujours plus grands, trempe ses doigts dans la couleur et peint avec ses poings.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.