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Angoulême : de Gand à la Corée, deux avant-gardes aux antipodes

Le festival commence dès l’arrivée à la gare où des milliers de festivaliers, souriants et pressés, s’engouffrent dans les rues de la ville qui grimpent vers le royaume éphémère du 9e art. Dans la profusion des choses à voir, des univers à découvrir, deux avant-gardes aux antipodes : la Corée et les Flamands.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La Corée à l'honneur pour le 40e anniversaire du Festival
 (Laurence Houot/ Culturebox)

Aujourd'hui’hui, jour des scolaires, des enfants et des adolescents en grappes, déambulent entre les bulles. Pour une fois, ils n’ont pas l’air de s’ennuyer. Il faut dire toute la ville est investie, mairie, théâtre, musée, même les églises deviennent des temples de la Bande dessinée. C’est l’effervescence. On nous a parlé d’avant-garde. D’un côté la Corée, de l’autre la Belgique, allons voir. Deux mouvements. Deux avant-gardes aux antipodes.
 
Devant la tente dressée pour la Corée, une équipe de la télévision coréenne MBC s’active "On réalise un reportage pour les éditions du week-end", explique Misung Gwak, la journaliste. "En Corée, les webtoons sont très à la mode. En Corée, c’est pas comme en France où on lit des BD "précieuses" sur support papier. Les Coréens, les jeunes, n’achètent pas de BD, ils lisent de plus en plus sur internet. Et je crois que ce nouveau support créé des nouvelles formes graphiques et narratives aussi" ajoute la journaliste coréenne. "Il y a des thrillers par exemple, on fait défiler l’histoire verticalement, et soudain apparaît une image qui surprend, on sursaute", dit elle en mimant la peur.

Webtoons, Pavillon de la Corée
 (Laurence Houot/ Culturebox)
La visite de l’exposition montre en effet une vraie richesse graphique, à la fois de ces fameux webtoons mais aussi de la Bande dessinée plus traditionnelle. Les webtoons sont apparus en Corée dans les années 90. Ils étaient alors réalisés sur des sites personnels, où les auteurs racontaient leur vie quotidienne. Cette nouvelle forme a rapidement connu un vif succès sur la toile. Puis dans les années 2000, les webtoons s’institutionnalisent avec la création d’un service spécifique du site Naver, et prend sa forme en lecture défilante verticale, et l’ajout du son. Aujourd’hui, le webtoon est devenu un des services importants des portails web et a pris une place prépondérante dans la production de bandes dessinées du pays.
Pavillon de la Corée
 (Laurence Houot/ Culturebox)
L’exposition présente aussi une quinzaine d’auteurs, dont le travail exprime les préoccupations politiques ou quotidiennes, dans un graphisme noir et blanc, souvent, à la ligne claire. Cette bande dessinée coréenne a déjà ses fans en France, comme Vincent, venu de Lille pour le festival. Il attend dans la file des dédicaces.
Vincent, un fan de BD coréeenne
 (Laurence Houot/ Culturebox)
"Ce sont des univers paisibles. Enfin, pas tout, il y a aussi des choses violentes, mais souvent c’est paisible. C’est très intéressant, on apprend des choses sur la culture, les traditions, les relations familiales et il y a une poésie qu’on ne retrouve pas toujours dans la bande dessinée européenne", ajoute Vincent.

L’avant-garde à Gand : la famille Brecht Evens

L’exposition "La boîte à Gand" a été réalisée par Brecht Even, prix de l’Audace pour  "Les Noceurs" (éditions Actes Sud BD) a monté cette exposition. "Ce qui nous rassemble, c’est d’abord qu'on a tous fait la même école, l'Institut Saint-Luc à Gandi. Et donc on a tous été nourris des mêmes influences, des inspirations puisées dans la bande dessinée, avec des gens comme Atak ou Blexbolex, mais aussi à la peinture." Du coup "La boîte à Gand" présente le travail de dessinateurs de BD, mais pas seulement, et propose des œuvres à cheval entre BD et art contemporain, des images très colorées, loin de la ligne claire, des tableaux, souvent, plus que des planches.
"La boîte à Gand"
 (Laurence Houot/ Culturebox)
"Bon c’est parfois difficile de concilier les exigences de la narration, et mon envie de peinture. L’idéal serait de faire une page pour chaque image mais alors ça ferait des milliers de pages pour raconter une histoire, et un cube plutôt qu’un livre", explique Brecht Evens, sourire aux lèvres. "J’aime pas quand toutes les pages sont des armoires, avec toutes ces cases. Pour exprimer certaines choses, comme un corps en mouvement, j’aime bien avoir une page entière, pour que la silhouette puisse bouger librement. J’aime que l’œil puisse bouger de manière libre."
Brecht Evens, auteur dessinateur et commissaire de l'exposition "La boîte à Gand"
 (Laurence Houot/ Culturebox)
Loin du numérique, donc et de la ligne claire. "Ce qui nous rassemble aussi c’est ça, la matière. Moi j’ai choisi de faire l’école Saint Luc parce qu’il y avait cette odeur de l’encre, de la peinture et qu’on ne nous a pas montré des choses sur les écrans."

Quand on lui dit qu’ils sont très éloignés de l’avant-garde coréenne, il sourit et conclut : "Ben c’est bien, si les avant-gardes partent dans des directions si différentes et éloignées, ça ouvre un espace plus grand !"

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