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BD : Gaston Lagaffe, génial ahuri d’une époque révolue

Né en 1957, Gaston Lagaffe a droit à son expo anniversaire à Paris, dans la bibliothèque du centre Georges-Pompidou.

Article rédigé par Jean-Christophe Ogier, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
 

M’enfin ! Qui, dans un pays taraudé par le chômage, accepterait d’embaucher un ahuri un peu poète, qui ne sait même pas ce qu’il fait là ? C’est pourtant comme ça que Gaston Lagaffe, grande tige à l’allure lymphatique, gros nez et cheveux ébouriffés, éternellement engoncé dans son pull vert à col roulé, débarque il y a 60 ans dans les pages et à la rédaction du journal Spirou.

Gaston, héritier de la contre-culture

Il va y déployer une énergie débordante à inventer des dizaines d’objets inutiles : bricoler un fusil en lampadaire, transformer un casque à pointe en bilboquet, imaginer le téléphone-douche de bureau, bidouiller des engins à moteurs, fabriquer les plus improbables instruments de musique. Et d’abord témoigner de l’esprit de l’époque, celle de la contre-culture des années 1960.

"Gaston porte dans les pages de Spirou les convictions de Franquin, un antimilitarisme qui va se développer au fil des années, explique Emmanuelle Payen, commissaire de l’exposition Gaston au-delà de Lagaffe. Gaston est anticonformiste, libre, à l’image de la jeunesse de 1968."

Franquin, un dessin qui rend fou

Gaston est surtout un vrai gentil, un doux rêveur, un bienheureux, ami des bêtes, qui n’en finit pas de traîner ses espadrilles au milieu d’une petite société laborieuse qui stresse et s’agite. "Ils sont tous quand même très excités, s'amuse Emmanuelle Payen. C’est juste Gaston, le grand mou... Les autres sont des piles électriques ! Franquin est l’un des rares à maîtriser aussi bien le mouvement . C’est un dessin qui rend fous les dessinateurs. Ceux qui ont cherché à s’en rapprocher sont nombreux."

Le dessinateur belge André Franquin signera 900 planches, 900 gags hilarants de son personnage préféré et de sa tribu. L’agent de police Longtarin, Mademoiselle Jeanne, l’odieux de Mesmaeker, les rédacteurs en chef Fantasio et Prunelle, tous s’agitent sur les murs de la Bibliothèque publique d’information, havre de paix au cœur du centre Georges-Pompidou. On verrait presque Gaston y piquer un roupillon.

Gaston, au-delà de Lagaffe, jusqu'au 10 avril 2017 à la Bpi du centre Georges-Pompidou, à Paris. Entrée gratuite.

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