BD. "Latah", Thomas Legrain dans la jungle vietnamienne
Les références sautent aux yeux. Côté cinéma : Predator, Apocalypse now, Platoon et autres films du genre. Côté bande dessinée : Jean Van Hamme, et l’école classique belge. Après avoir travaillé avec plusieurs auteurs, le dessinateur de la série Sisco, Thomas Legrain, voulait s’émanciper, être responsable d’un album au scénario et au dessin. Pour sa première grande œuvre, il choisit le contexte de la guerre au Vietnam, revenant ainsi à ce qu’il a toujours aimé : le récit de guerre. Avec Latah (éditions Le Lombard), on est dans le "survival" et le fantastique.
Latah, la culpabilité et la souffrance
"A 40 ans, il fallait que je me prouve que j’étais capable de relever d’autres défis. J’avais engrangé de l’expérience, une certaine maîtrise technique, j’avais fait mon petit trou dans la BD professionnelle : le moment était venu de mettre tout ceci au service de la bande dessinée que j’avais envie de faire quand j’étais plus jeune, avant de passer professionnel", confie Thomas Legrain. Ainsi est née Latah.
Nous sommes au Vietnam, en 1965. Une escouade de soldats américains entre dans un territoire étrange, hors du temps. Bienvenue dans un monde fantastique dominé par une créature étrange (Latah) qui ne va pas sans rappeler le Gritche de Dan Simmons, une créature destructrice et protectrice. Une divinité qui se nourrit de la douleur et engendre de la souffrance.
Dans la jungle vietnamienne, cet enfer vert humide et inquiétant, les soldats meurent les uns après les autres. L’escouade se réduit inexorablement. Les survivants luttent contre la créature, les éléments mais surtout contre eux-mêmes. Car l’on comprend très vite qu'ils sont rongés par la culpabilité, et pour survivre ont dû faire des choix très difficiles. Le pire est peut-être en eux. Les personnages se révèlent lentement, au fil des pages. Et si Latah n’était qu’un miroir ?
Thomas Legrain, précis dans ses dessins plutôt réalistes, laisse une grande part au fantastique dans Latah, où le côté psychologique n’est pas négligé. Latah, une bande dessinée à part.
("Latah", par Thomas Legrain. Éditions Le Lombard, 23,95 euros)
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