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"Clivages" de Runberg et Urgell : quand la guerre civile est à nos portes

Le scénariste Sylvain Runberg et le dessinateur Joan Urgell publient "Lignes de front", le premier tome d’une trilogie intitulée "Clivages". Dans un pays des Balkans non identifié, la guerre civile fait rage entre le gouvernement militaire et les "Patriotes". Les lignes de partage entre le bien et le mal sont floues et les Résistants ne sont pas exempts de reproches quant à leurs méthodes.
Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Clivages - Lignes de Front page 5
 (Hachette Robinson)

L’image est terne, elle se teinte de toutes les nuances du vert tendance kaki et les couleurs chaudes ne le sont jamais vraiment. Les visages des personnages sont hâves, creusés, dénués de tout sourire et la joie de vivre les a quittés depuis longtemps. Dans ce pays enneigé, les noms de villes font penser aux Balkans mais la guerre en ex-Yougoslavie est loin. L’Histoire se décline bien au présent : la technologie et le contexte le prouvent.

Une page de "Clivages" Lignes de front
 (Hachette-Robinson)

Cinématographique

Dans une mise en scène très cinématographique, qui intègre même un procédé de "voix off" très adroit, les auteurs nous font partager le quotidien des habitants d’un village envahi par les troupes loyalistes. La mort d’un adolescent va déclencher un engrenage qui, d’attentats en mesure de rétorsion, risque de mettre toute la région à feu et à sang. Avec une finesse machiavélique, "Lignes de front", le premier tome de la trilogie intitulée "Clivages" n’oblige pas le lecteur à choisir son camp même si le régime militaire qui envoie ses hommes en uniforme n’inspire aucunement la sympathie. Les Résistants, qui se nomment ici les "Patriotes" emploient des méthodes parfois révoltantes pour parvenir à leurs fins. Si les images sont presque monochromes, rien n’est tout noir ou tout blanc dans le scénario. Le lecteur, qui aurait une tendance spontanée à s’identifier aux "Patriotes", recule instinctivement quand certains d’entre eux commettent des forfaits bien éloignés d’un idéal de justice.  
Couverture de "Clivages" Lignes de Front
 (Hachette-Robinson)

Les certitudes vont vaciller

Ce premier tome met en place une situation dont il est évident qu’elle va dégénérer. Comme dans tout conflit, les simples citoyens feront encore les frais de cette guerre civile. Le message, s’il y en a un, est clair : personne, nulle part n’est à l’abri d’une prise de pouvoir par un régime dictatorial ou pour le moins musclé. Personne, non plus, ne peut prévoir comment il agira dans des situations extrêmes.

"Lignes de front" ne permet pas de savoir si "Clivages" connaîtra une fin optimiste ou si les auteurs voient l’avenir en noir. Une chose est sûre, nos certitudes bien pensantes vont vaciller à la lecture des deux prochains tomes. Deux opus qu'on a hâte de découvrir.

Clivages  1.Lignes de Front

Bande dessinée franco-belge de Sylvain Runberg et Joan Urgell
Editions Hachette-Robinson
couverture cartonnée
64 pages
14,95 euros

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