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Festival 48h BD : à Lyon, auteurs et dessinateurs retrouvent les joies des échanges avec leur public

Les 48h BD, c'est reparti. Pour la 9e édition de ce festival qui se déroule en France depuis vendredi, jusqu'à ce samedi 5 juin, reportage dans la région lyonnaise. Entre cours de dessin de super-héros, avec des jeunes et échanges sur une BD footballistique avec des supporters encore marqués par France-Allemagne 82, focus sur un événement qui enchante toutes les générations.

Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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Jérôme Jouvray à gauche et David Tronchet à droite racontent la création de leur BD Les fantômes de Séville. (FRANCEINFO)

Vendredi 3 et samedi 4 juin se tient partout en France et en Belgique le festival 48h BD. Pour sa 9e édition, plus de 350 activités en ligne et en présentiel sont organisées. Rennes, Toulouse, Cayenne, Strasbourg, Saint-Denis de La Réunion ou encore Montpellier… Dans chaque ville, des animations, allant de la simple dédicace à un débat ou un battle de dessin. Pour cet évènement, Franceinfo s’est rendu dans l'agglomération lyonnaise pour rencontrer publics et artistes.

À Villeurbanne, un dessinateur à la rencontre de jeunes autistes

C’est dans un quartier de Villeurbanne, à deux pas de Lyon, qu’Elodie nous accueille. Le couloir a été décoré pour l’occasion avec des banderoles des 48h BD : "Nous n’avons pas fait les choses à moitié", plaisante l’éducatrice du Sessad Les Passementiers, une structure médico-sociale du centre hospitalier Le Vinatier, qui accueille des adolescents autistes. Une fois arrivés dans la salle principale, elle aussi habillée pour l’évènement, l’ambiance est studieuse. Sept jeunes sont affairés à dessiner leur plus belle planche de bande dessinée, sur les conseils avisés de Geri, dessinateur.

À 24 ans, il a publié sa première BD Couleur d’asperge, écrite par Drakja : “C’est une BD qui parle de l’autisme. L’auteur voulait raconter son histoire et au final, c’est devenu une fiction inspirée de connaissances à lui”, détaille Geri. Quand son éditeur le contacte pour animer cet atelier, le jeune artiste est ravi : “J’ai trouvé l’idée géniale. J’aime bien transmettre aux autres ma passion pour la BD et quand j’ai vu que c’était dans une association comme celle-ci, j’ai trouvé ça super positif.”

La salle du Sessad décorée pour l'occasion aux couleurs du festival 48H BD. (FRANCEINFO)

Lapin Duracell et anti-héros mexicain

Un avis partagé par Boubaker, qui s’applique à dessiner le lapin de la publicité des piles Duracell. Le jeune homme, fasciné par les multinationales, trouve ce personnage intéressant. Donc quand Geri leur a demandé ce matin d’inventer une histoire qui mettrait en scène des super-héros, quoi de plus indiqué qu’un lapin plus rapide que l’éclair ? "J’aime beaucoup ce personnage. Là je l’ai dessiné en train de courir et à côté j’ai dessiné un autre lapin ordinaire qui ne peut pas aller aussi vite”, nous montre-t-il.

Le lapin Duracell dessiné par Boubekeur. (FRANCEINFO)

Plus loin, c’est Gabriel qui est intarissable sur Javier Gustavo, mieux connu sous son nom de super-héros Skull-Top : "Ce n’est pas un super-héros, nous corrige le jeune homme. C’est un anti-héros." Ce personnage, un Mexicain un peu cabossé ayant la capacité de faire sortir ses os pour se protéger, c’est Gabriel qui l’a inventé. "J’adore dessiner et j'ai inventé ce personnage avant cet atelier. Là, on va dire que c’est le 3e épisode que je suis en train de faire." Dans ce 3e volet des aventures de Skull-Top, l’anti-héros sort d’une prison japonaise et est bien décidé à retourner aux États-Unis, un pays qu’il déteste. "Tu as fait un personnage à ton image", balance l’un des camarades de Gabriel. "Non, moi ce que je déteste ce sont les républicains, pas les démocrates, répond l’artiste en herbe. Mais je ne veux pas politiser mon personnage."

À gauche Skull-Top, l'anti-héro de Gabriel et à droite un dessin sur la guerre du Vietnam réalisé par Terry. (FRANCEINFO)

Le dessin comme voie d'avenir pour ces jeunes

La guerre du Vietnam pour Terry, Spider-Man pour Mardoché ou encore une pizzaiolo qui contrôle les éléments pour Killian, tous ont déjà leur univers et leur style bien à eux. Geri est épaté par leurs créations, tout comme Michel Allouche, le coordinateur du lieu : "Ce sont des jeunes avec beaucoup de talent et quand ils ont un intérêt, ils se donnent à fond et sont capables d’en parler, d’échanger et d’expliquer ce qu’ils font. Aujourd’hui, je suis agréablement surpris des compétences de quelques-uns qu’on n’avait pas encore remarquées." Un talent qui pourrait même amener certains d’entre eux à en faire leur métier : “Grâce à ce projet, Geri a pu voir des jeunes qui ont de réelles capacités et qu’il faudrait pousser vers cette voie professionnelle", confie Michel Allouche.

À Lyon, les fans de BD revisitent un match de foot historique

À 14h, direction Lyon pour se rendre à la librairie La BD dans le quartier historique de la Croix-Rousse. Sur place, l’activité a déjà commencé. Ici, pas de cours de dessin mais une discussion passionnée entre amateurs et amatrices de football. À l’occasion de la sortie de leur BD, les dessinateurs Jérôme Jouvray et Anne-Claire Thibaut-Jouvray et l’auteur Didier Tronchet sont venus expliquer aux curieux comment était née leur bande dessinée intitulée Les Fantômes de Séville.

Il faut dire que le sujet est peu banal et qu’il a marqué toute une génération de fans du ballon rond. Petit retour en arrière : nous sommes en juillet 1982 à Séville, en Espagne. Au stade Ramón Sánchez Pizjuán, la France affronte l’Allemagne en demi-finale de la Coupe du monde. L’ambiance est survoltée, au terme d’un match éprouvant, la France s'incline aux tirs au but et le défenseur français Patrick Battiston est blessé par le gardien adverse Harald Schumacher. Une faute pour la majorité des spectateurs, qui ne sera pourtant pas sifflée par l’arbitre. Tous ces éléments mis bout à bout font de cette rencontre un match mythique de l’histoire du football et aujourd’hui le sujet d’une bande dessinée.



Dans celle-ci, Fred, un fada de foot et Didier, son ami journaliste, sont persuadés qu’il se cache quelque chose derrière la victoire des Allemands. Ils vont alors mener l’enquête en interviewant les acteurs de l’époque : “J’avoue que je me suis un peu inspiré de moi pour les personnages”, raconte Didier Tronchet. Au public venu assister à la rencontre, l’auteur présente sa théorie : "Ce match a eu un impact politique, économique et sociétal. Après 1982, le syndrome de la défaite a envahi la société française, c’est d’ailleurs en 1983 que commence la régression économique du pays qui durera jusqu’à notre victoire en 1998", assure-t-il à moitié sérieux. À la remarque d’un membre de l’assemblée qui lui rappelle que la France a remporté la Coupe d’Europe de 1984, Didier Tronchet rétorque plein d’humour : “Il y a toujours un imbécile pour me le rappeler. Moi je vous dirais que c’est l’exception qui confirme la règle. En fait, c’est surtout la seule explication que je peux vous donner."

Devant ses théories, certains rigolent, d’autres surenchérissent avec une anecdote personnelle, mais tous sont convaincus que ce match n’a pas laissé indemne le monde du football. “Dans ma famille, ce match a été un vrai traumatisme, témoigne un amateur de BD. Tout le monde s’en rappelle encore. Et moi, j’adore la bande dessinée, alors une qui parle de ce sujet, forcément j’achète.” Une autre à qui nous demandons si nous pouvons feuilleter son exemplaire nous prévient : “Vous faites attention, c’est la prunelle de mes yeux ce livre. C’est une merveille. Mon mari m’en a tellement parlé de ce match.”

Des rencontres interactives entre le public et les artistes

Pour rendre la rencontre plus vivante, Jérôme Jouvray utilise un tableau sur lequel il dessine les moments-clés du match : “C’est principalement de l’improvisation. On a fait une sorte de répétition la semaine dernière pendant un festival de BD à Ferney-Voltaire et avant de venir, je me suis posé des questions sur comment rendre la discussion encore plus intéressante."

Les dessins réalisés par Jérôme Jouvray pour animer l'échange. (FRANCEINFO)

Ces échanges entre le public et les artistes, Patrice et Valérie, responsables de la librairie La BD y tiennent, cela fait plusieurs années qu’ils participent aux 48h BD : “Les auteurs aiment beaucoup et je pense que tout le monde a conscience qu’on ne peut pas rester uniquement dans le cadre de la dédicace. Il y a certains auteurs ou dessinateurs qui refusent de venir faire uniquement des dédicaces, qui veulent avoir une véritable discussion avec leur public. Donc c’est pour ça qu’avec notre librairie, on organise ce type de rencontres. Et puis c’est sympa parce que ça fait venir un autre type de public aussi."

Une dédicace a cloturé la rencontre. (FRANCEINFO)

Tout un tas d'activités samedi

Si vous avez raté les différentes activités de la veille, vous pouvez toujours vous rattraper ce samedi. Que vous habitiez à Lyon ou ailleurs, de multiples animations sont à retrouver sur le programme des 48h BD. Et si vous préférez, certains évènements se déroulent aussi en ligne sur les pages Facebook et YouTube du festival.

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