Festival de bande dessinée d’Angoulême : où sont les femmes ?
Il y a des secteurs où les femmes ont encore du mal à se faire une place, y compris dans certains milieux culturels. Dans la bande dessinée par exemple, elles restent encore très sous représentées. Au festival de la BD d'Angoulême qui bat actuellement son plein, elles sont plus nombreuses au fil des éditions, mais la bataille est loin d'être gagnée. Etat des lieux avec Florence Cestac, seule femme a avoir obtenu le Grand Prix du célèbre festival charentais et la dessinatrice Catel Muller qui rappelle que la visibilité féminine dans la BD demeure très faible.
Reportage : E. de Pourquery / P. Comte / J-P. Bosch / O. Dumont / C. Gindre
Une seule femme Grand Prix en 45 ans
En 45 ans de festival, Florence Cestac est la seule femme a avoir obtenu le Grand Prix de la BD d'Angoulême. C'était en 2000, il y 17 ans déjà, la dessinatrice de "La Vie d'artiste" et de "Super catho" espérait alors que les choses changeraient. Peine perdue, les femmes subissent toujours les mêmes discriminations et sont sous-payées par rapport aux hommes. Cette année elle a décidé de ne pas se rendre au festival. "Il y a beaucoup de femmes qui méritent ce prix, ça bouge un peu, mais c'est désespérant", avoue-t-elle.Rappel du boycott Festival de la BD d’Angoulême 2016
Il y a deux ans, une vague d’indignation avait déferlé sur Angoulême. Aucune femme n’apparaissait parmi la liste des nommés. Le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme avait appelé à boycotter le festival. De nombreux auteurs leur avaient emboîté le pas, dont Riad Sattouf, qui déclarait sur son compte Facebook : “Je demande [...] à être retiré de cette liste, en espérant toutefois pouvoir la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire ! Merci !”
Et pourtant leurs oeuvres se vendent bien...
Les BD réalisées par des femmes se vendent bien, elles occupent de plus en plus de place en librairies. Les femmes qui par ailleurs inspirent les dessinateurs, en tant que véritables muses, grandes séductrices ou belles héroïnes. Dominique Bertail dessine des femmes cow boy dans son album "Mondo Reverso", des femmes de caractère qui en disent long sur l'évolution du genre. "On traverse une époque où tout le monde doit se repositionner, les hommes comme les femmes, le centre de gravité a un peu bougé, donc il faut qu'on reprenne nos marques", souligne le dessinateur.Frémissement
Ce nouveau marché qui met en avant les héroïnes intéresse de plus en plus les éditeurs, jusqu'ici limités par la fameuse loi de 1949 de protection de la jeunesse qui interdisait la violence et l'érotisme. "On considérait qu'à partir du moment où l'on mettait une femme dans une bande dessinée, on était dans l'érotisme, alors pendant des décennies on a eu la Castafiore et Bonne Mine dans Astérix", explique José Louis Bocquet, Directeur éditorial chez Dupuis.
Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (Charente) doit dévoiler samedi 27 janvier le palmarès de cette 45e édition.
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