Angoulême 2020 : au deuxième jour du festival de BD, les auteurs font la grève de la dédicace
Journée de festival à Angoulême. Après la visite du président Emmanuel Macron, pas de retour à la normale. Vendredi, les auteurs ont quitté leur stand pendant une heure pour dénoncer la précarité de leur métier.
Vendredi, 16h30, deuxième jour du festival d’Angoulême. L’espace Nouveau monde qui réunit les acteurs de la BD alternative est rempli de festivaliers à la recherche d'auteurs en dédicace. Mais l'heure n'est plus aux signatures."C’est la grève", crie quelqu’un au loin. Les auteurs posent leurs crayons. Une partie d'entre eux quittent les stands, qu’ils recouvrent d’un drap avec une petite affiche "en grève". Le rendez-vous était donné : les auteurs partent manifester pour dénoncer la précarité de leur métier.
Pour la 47e année, la ville Angoulême se gorge d’artistes, illustrateurs et fans de BD venus du monde entier, le temps de quelques jours. La ville entière se pare de panneaux et banderoles indiquant les espaces éditeurs, expositions et lieux de rencontre. Si les rues peuvent parfois paraître calmes, il suffit d’entrer dans l'un des chapiteaux pour retrouver la foule. Les allées sont prises d’assaut par des fans en quête de dédicace ou des groupes d’enfants reconnaissables au loin grâce à leurs ballons "Titeuf". Certaines stars de la BD produisent de longues files d'attente comme l'illustratrice Tula Lotay, qui signe un album chez Urban DC.
"L'art est en grève"
Ce vendredi matin, le festival reprend des airs de normalité. Les forces de l’ordre, qui, la veille, ont quadrillé la ville pour la venue du président Emmanuel Macron, ont quitté les rues. Le président était venu échanger sur la situation des auteurs, question brûlante depuis quelques semaines avec la publication du rapport Bruno Racine sur L’auteur et l’acte de création, fin janvier. Ce dernier offre des pistes pour améliorer le statut des artistes-auteurs, qui seront "travaillées et reprises, pour permettre de mieux protéger, accompagner dans leurs droits et quotidien des femmes et des hommes qui ont décidé de créer et qui sont parfois dans une grande précarité", a promis le président au terme de sa visite.
Mais les auteurs qui manifestent attendent des actions concrètes. Suivant l’appel de plusieurs organisations d’auteurs, les manifestants se retrouvent à l’entrée de la rue Hergé. Chacun discute. Au milieu, une grande banderole jaune déclare : "L'art est en grève". "Un album demande entre un an et trois ans de travail. Ceux qui débutent leur carrière ne peuvent pas vivre de leurs droits d’auteur", avance l'autrice Dominique Goblet. Lisa, une jeune illustratrice sortie d’école il y a tout juste deux ans, confirme. "Je suis trop jeune pour toucher le RSA. Si mes parents ne payaient pas mon loyer, je ne pourrais pas me permettre de continuer mon travail d’illustratrice", explique-t-elle. Le cortège avance vers l’Hôtel de Ville, où il stationne quelques minutes. 17h30, les auteurs retournent par groupe à leurs dédicaces. Le festival peut reprendre son cours pour le week-end. Quelque 200 000 visiteurs sont attendus pendant les quatre jours du festival.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.