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Angoulême : Emmanuel Macron pose avec un tee-shirt dénonçant les tirs de LBD, offert par le dessinateur Jul

Le chef de l'Etat assume cette photo, même s'il explique être en désaccord avec Jul qui raconte lui un moment "lunaire". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Photo diffusée sur Twitter du dessinateur Jul avec Emmanuel Macron au festival d'Angoulême, jeudi 30 janvier. (CAPTURE D'ÉCRAN)

L'auteur de bande dessinée Jul a offert jeudi 30 janvier à Emmanuel Macron un tee-shirt, sur lequel on voit un fauve éborgné avec la mention "LBD 2020", alors que le président venait de déjeuner avec des auteurs au festival international de la BD d'Angoulême. Par ce geste, Jul a voulu dénoncer les mutilations dont ont été victimes des manifestants à cause des lanceurs de balles de défense utilisés par les forces de l'ordre.

Une photo, sur laquelle on voit Jul et le président de la République tout sourire poser avec ce tee-shirt dans les mains, fait le tour des réseaux sociaux.

"Je voyais des gens tirer des têtes de trois kilomètres"

Sur franceinfo, Jul est revenu sur les coulisses de cette photo. "C'est un petit peu lunaire", raconte-t-il. "En arrivant, les policiers m'ont confisqué le tee-shirt en disant que c'était du matériel séditieux, et qu'il était hors de question de rencontrer le président avec ce genre de choses dans sa poche."

"En fin de compte, je l'ai récupéré", poursuit-il. "Au déjeuner, j'ai dit que ces violences [policières] étaient insupportables, quel que soit le contexte. Emmanuel Macron a répliqué que c'était justifié sur un certain nombre de choses. Et je lui ai dit j'ai un tee-shirt pour vous. Quand je lui ai donné, il l'a essayé en disant 'il est trop grand pour moi'. J'ai dit 'si vous voulez on prend une photo', il a dit 'oui oui d'accord'. J'ai dit 'vous êtes sûr, sûr ?' Je voyais les gens autour de lui tirer des têtes de trois kilomètres. Il a dit 'oui oui oui, sûr, sûr', et quelqu'un a pris une photo avec un portable, et voilà la genèse de cette photo insolite."

"Nous sommes un pays libre et démocratique"

"D'intégrer la critique à ce point, c'est assez inédit", reconnaît Jul. "Ca montre aussi la place que peut avoir la satire, la critique, dans un moment où on parle aussi du droit au blasphème. Je pense que c'était important que ce genre de disruption ait lieu dans la communication institutionnelle bien huilée."

"Nous sommes un pays libre, démocratique, qui aime l'insolence", a expliqué pour sa part Emmanuel Macron. "J'ai eu une discussion avec Jul. Je suis en désaccord complet avec son approche. Je récuse le terme de violences policières. Je considère que la violence elle est d'abord dans la société. Donc je ne mets pas ces violences sur le même niveau", a poursuivi le président. "Néanmoins, de là où je suis, je dois défendre la créativité, la liberté d'expression, y compris l'insolence, y compris la création d'artistes qui disent des choses pour lesquelles je ne suis pas en accord."

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