"Croquez !" : à Angoulême, une exposition retrace l'histoire de la gastronomie dans la BD
En une soixantaine d'années, la BD comme la société serait passée (pour schématiser) des grands banquets interminables et orgiaques d'Astérix, fortement chargés en calories de sanglier, à une cuisine plus fine, plus savoureuse et moins copieuse, d'inspiration étrangère, et parfois végétarienne. Et on retrouve toutes ces évolutions dans cette exposition Croquez ! La BD met les pieds dans le plat, très dense et très bien documentée, mais aussi ce qui rapproche neuvième art et nourriture.
"Ce que les deux ont en commun, c'est le sensible : qu'on parle de cuisine ou de BD, ça permet de parler de soi, de l'intime, mais aussi de la société et de politique... Donc de tout !", explique Marine Bidaud, ancienne directrice associée du site et magazine Le Fooding et co-commissaire de l'exposition.
"Ce qui nous intéressait, c'était de montrer à quel point le travail de dessin et comment on y intègre la cuisine permet de parler d'humanité, finalement."
Marine Bidaudà franceinfo
Des dessins de cuisines du monde
On retrouve ici un grand nombre d'auteurs et de références, mais aussi de variété de pays au fil du parcours. Les œuvres choisies et exposées ne concernent pas, et il faut le signaler, que les artistes français. On croise ainsi des dessinateurs étrangers comme Robert Crumb, Jiro Taniguchi, Julia Wertz, parmi d'autres.
Une autre tendance forte est apparue ces dernières années, initiée notamment par le duo Christophe Blain et Alain Passard : un auteur choisit d'entrer dans la cuisine d'un grand chef ou d'un grand restaurant pour le raconter ensuite au plus près dans son roman graphique.
"On en a besoin"
Des collaborations parfois improbables, voire baroques, qui donnent généralement de très bons résultats littéraires. "Je suis très touché de voir tous ces dessins en planches qui mettent à l'honneur mon métier", confie ainsi le chef et restaurateur Yves Camdeborde, venu en visiteur comblé pour l'inauguration.
"Il y a beaucoup de BD qui sont engagées dans la défense du bien manger, des bons produits, et on en a besoin. C'est un combat mené depuis longtemps et qu'il va falloir encore mener un moment. Au début, on entre dans l'exposition avec un sourire d'enfant ou d'adolescent, et après on se laisse guider par la qualité des œuvres, détaille celui présenté comme l'un des chefs de file de la cuisine de bistrot. La BD reprend l'histoire de nos vies et de la gastronomie : je me souviens de banquets gargantuesques chez mes grands-parents dans le Sud-Ouest où on mangeait 25 plats, on passait vingt heures à table et on chantait 3 000 chansons et buvant du vin sans modération ! On est passés à une gastronomie beaucoup plus fine et respectueuse de l'environnement, avec moins d'excès et plus de qualités".
"Ces duos chefs-dessinateurs, c'est récent et moderne que les grands chefs soient accessibles, jusqu'à la starification d'ailleurs. Ce que j'adorerais, maintenant, c'est qu'un illustrateur dresse un menu à sa façon, j'aurais sans doute beaucoup à en apprendre !"
Yves Camdebordeà franceinfo
BD et gastronomie, deux arts nobles qui se répondent et se mélangent, et une exposition à visiter jusqu'en décembre au Musée de la Bande Dessinée d'Angoulême. Et pour l'occasion, sachez que l'affiche de l'exposition est tirée d'un dessin de la britannique Posy Simmonds, Grand Prix de ce Festival 2024 et amoureuse de la France... Et donc aussi de sa gastronomie sans doute.
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