Festival de la BD d’Angoulême : les huit albums en compétition pour le Prix du public France Télévisions
Le principe du Prix du public France Télévisions est simple. Des 45 titres de la sélection officielle du Festival d’Angoulême sont extraits huit albums. Cette première sélection est réalisée par des journalistes et critiques de France Télévisions. Cette année, Augustin Trapenard en était le président. Et pour être transparent, j’ai moi-même participé à ce travail. Après, nous nous effaçons et c’est au public de trancher. Neuf téléspectateurs de Nouvelle-Aquitaine se réuniront samedi 27 janvier pour déjeuner, débattre, délibérer et trouver le lauréat 2024.
Ce prix a maintenant cinq ans d’existence. L’année dernière, c’est Sole Otero qui l’a reçu avec Naphtaline. Avant elle, il eut en 2022 Le Grand Vide de Léa Murawiec, Anaïs Nin, sur la mer des mensonges de Léonie Bischoff en 2021. Et pour sa toute première édition, Chloé Wary fut récompensée pour Saison des roses en 2020. Cette année, la compétition sera serrée avec ces huit bandes dessinées que nous vous présentons.
"Chumbo"
Extraordinaire album de Matthias Lehmann qui nous transporte au Brésil de 1937 à nos jours. Saluée par la critique, la BD entremêle l’histoire familiale à celle de ce grand pays déchiré par une dictature militaire. Un trait en noir et blanc, façon BD indépendante.
Chumbo, Matthias Lehmann - Casterman.
"Les Daronnes"
Le titre nous vient de Corée. Un livre sur la ménagère de plus de cinquante ans. En fait non, pas du tout, ce sont bien de femmes quinquagénaires dont il s’agit, mais regardez la couverture, celles-ci ont un caractère bien trempé. Yeong-shin Ma, l’autrice, s’est inspirée des confessions de sa mère.
Les Daronnes, Yeong-shin Ma - Atrabile.
"Astra Nova"
L’album SF de la sélection. L’héroïne est une sorte de Thomas Pesquet du futur version femme, mais qui serait ni sympa ni douée pour les relations humaines. Elle a été sélectionnée pour un très long voyage spatial sans possibilité de retour. Avant de partir, elle réunit ce qui lui reste d’amis. Tout va-t-il se passer comme prévu ?
Astra Nova, Lisa Blumen - L'employé du moi.
"Jumelle"
Il fallait forcément deux tomes à Florence Dupré la Tour pour nous parler de sa gémellité. Après Cruelle et Pucelle, l’autrice poursuit ses récits autobiographiques. Son autre, sa sœur, c’est Bénédicte. On va les suivre de l’enfance à l’adolescence. Le temps des changements et des séparations. Un dessin expressif emprunté à la BD d’humour qui permet à l’autrice de nous parler d’elles avec émotion, parfois avec douleur.
Jumelle T.1 et T.2, Florence Dupré la Tour - Dargaud.
"Les Imbuvables"
Julia Wertz a deux passions. D'abord, elle aime dessiner. Dans les Entrailles de New York, sélectionné en 2020 à Angoulême, on avait pu remarquer tout son talent dans le dessin. Sa deuxième passion, c’est l’alcool. Enfin, c'était l’alcool. Dans Les Imbuvables ou comment j'ai arrêté de boire, elle nous narre son parcours vers la sobriété. Un récit autobiographique sans fard qui arrive à nous faire rire. Surprenante Julia Wertz.
Les Imbuvables ou comment j'ai arrêté de boire, Julia Wertz - L'Agrume.
"Les Oiseaux de papier"
Direction les montagnes du Kurdistan iranien. Un album de Mana Neyestani, Iranien réfugié politique en France depuis 2011. Une histoire de contrebandes, de frontières et de répressions. L’auteur a été illustrateur pour la presse. Son dessin en noir et blanc vient de là. Mana Neyestani réalise avec cette BD sa première fiction. Un drame tellement humain, à 4 000 mètres d’altitude, entre mines antipersonnel et avalanches.
Les Oiseaux de papier, Mana Neyestani - Çà et là.
"L’Homme gêné"
Un format à l’italienne, tout en largeur, pour cet album qui nous amuse par son graphisme, son découpage et son sujet. Il faut du talent à son auteur, Matthieu Chiara, pour nous raconter la vie d’un homme qui se sent perpétuellement mal à l’aise là où il est et dans ce qu’il fait. Et c’est encore plus dur, enfin plus drôle, quand il s’agit d’aimer.
L'Homme gêné, Matthieu Chiara - L'Agrume.
"Des maux à dire"
Un récit bouleversant d’une autrice espagnole, Beatriz Lema : l’histoire d’une fille dont la mère souffre de troubles psychiatriques sérieux. La mise en images étonnante est faite de dessins et de broderies. Le choix du graphisme n’est jamais une posture, mais accompagne le récit avec intensité. Pour ce projet, elle a été accueillie à la Maison des auteurs d’Angoulême. Une pépite.
Des maux à dire, Beatriz Lema - Sarbacane.
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