Bande dessinée : l'auteur américain Chris Ware sacré Grand Prix du festival d'Angoulême 2021
Chris Ware, auteur notamment de "Building Stories" et de "Jimmy Corrigan", l'emporte devant les deux autres finalistes, Pénélope Bagieu et Catherine Meurisse.
Le Grand Prix d'Angoulême couronne cette année l'œuvre de l'américain Chris Ware, devant les deux autres finalistes Pénélope Bagieu et Catherine Meurisse, a annoncé le festival ce mercredi 23 juin. Le dessinateur, devenu culte dans les années 1990, avait déjà été récompensé à Angoulême mais cette fois c'est l'ensemble de sa carrière qui est saluée.
Depuis 2014, le Grand Prix d’Angoulême est décerné par la communauté des autrices et auteurs professionnels de bande dessinée. En lice pour la quatrième fois (2018, 2019 et 2020) Chris Ware obtient enfin la majorité des suffrages au second tour. Il succède ainsi à Emmanuel Guibert (La fille du professeur, Le Photographe), Grand Prix 2020.
"Jimmy Corrigan", œuvre culte
Le génie de Chris Ware, né en 1967 à Omaha aux États-Unis, est remarqué alors qu'il est encore étudiant. Ses dessins paraissent alors dans un journal local du Texas, où il poursuit ses études. Le célèbre auteur de bandes dessinées Art Spiegelman (Maus) les repère et commence à les publier dans la revue RAW qu'il dirige. Dès le début des années 1990, Chris Ware devient un auteur de bande dessinée de premier plan, avec en particulier les aventures, d'abord publiées dans la presse, de son personnage devenu culte Jimmy Corrigan.
En 2000, il signe Jimmy Corrigan: the smartest kid on earth. L'ouvrage, acclamé par les critiques, en plus d'être sacré meilleur album à Angoulême en 2003, est la première BD à recevoir le prix du meilleur roman du Guardian. Avec vingt-cinq couvertures du magazine The New Yorker au compteur et un style immédiatement reconnaissable, Chris Ware s'impose comme un pilier de la bande dessinée contemporaine.
Il a publié en 2012 Building Stories, un livre-objet constitué d’une quinzaine de livres de formats divers pouvant être lus dans un ordre choisi par le lecteur – ce dernier livre a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival d’Angoulême en 2013.
Une grande liberté de récit et de dessin
Chris Ware s'est approprié au fil des années les codes et le langage de la bande dessinée pour les détourner à sa façon, avec une grande liberté de narration. Ses formats sont très longs, les pages nombreuses et par moment destructurées. La construction des planches respectent une vraie géométrie et sont remplies de toutes petites cases et lettres. Ses dessins minimalistes et ronds sont d'une précision impressionnante. Le dessinateur se confiait au Guardian en 2019 : "Mon apparente méticulosité vient seulement de mon envie de susciter une lecture aussi claire que possible à partir de mon expérience de la vie, emmêlée, noueuse comme j'ai pu la connaître."
"Depuis 25 ans, c’est ainsi une œuvre originale, qui oscille entre une douce mélancolie et une profonde tristesse, que propose Chris Ware, s’attachant toujours à regarder au microscope le quotidien de ses personnages et leurs gestes les plus dérisoires."
Festival d'Angoulême
En 2019 aux États-Unis, paraît la dernière oeuvre de Chris Ware, Rusty Brown. Dans cette suite de Jimmy Corrigan, l'auteur issu d'une Amérique traditionnelle du Midwest s'inspire de l'univers de son enfance pour créer un récit d'une journée sur 350 pages. Un petit garçon un peu étrange et fan de super héros est la risée de ses camarades. Il guide le lecteur dans son école d'Omaha dans le Nebraska, la ville natale du dessinateur. Ce dernier s'y représente d'ailleurs comme un des profs de dessin, "Mr Ware". Le récit est tout simple, les portraits sont ordinaires, mais criant de vérité.
L'éducation et la filiation au coeur de son oeuvre
Ce quotidien raconté dans Rusty Brown permet au dessinateur d'aborder, avec humour et un fond de mélancolie, certains de ses thèmes de prédilection : l'éducation, la filiation ou encore la mémoire. Il expliquait l'importance de l'éducation dans une interview à M, le magazine du Monde en novembre 2020 : "Supprimez ce nutriment et la fécondité du sol s'épuise. Très vite."
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