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Parlons culture ! La sélection de franceinfo pour le week-end

Séries, films, bandes dessinées, podcasts, spectacles, musique… Pour vous aider à vous y retrouver, franceinfo vous propose chaque semaine ses coups de cœur.

Article rédigé par Elodie Drouard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
L'acteur japonais Takehiro Hira, héros de la série "Giri /Haji", disponible sur Netflix. (NETFLIX)

Tous les week-ends, retrouvez Parlons culture !, la sélection de quatre incontournables culturels du moment. Au menu cette semaine, le sublime portrait en bande dessinée d'une écrivaine sulfureuse, une exposition qui dévoile la passion méconnue d'un des peintres les plus célèbres au monde, un podcast qui met en lumières les sportives et une série britannique aux accents nippons injustement méconnue.

La BD dont on parle :  "Anaïs Nin, sur la mer des mensonges"

La couverture d"Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" paru aux éditions Casterman. (LEONIE BISCHOFF / CASTERMAN)

Au début des années 1930, la jeune Anaïs Nin partage une existence paisible à Louveciennes (Yvelines). Elle tient un journal intime quotidiennement depuis ses 11 ans et souhaite faire de l'écriture son métier. Pour son premier livre, elle a choisi de réaliser un essai sur l'écrivain anglais D.H. Lawrence, le sulfureux auteur de L'Amant de Lady Chatterley. C'est alors qu'elle fait la connaissance du romancier américain Henry Miller et de sa femme June. Elle tombe immédiatement sous le charme de ce couple qui la fascine. D'autant plus qu'elle se sent frustrée aux côtés d'un mari banquier qu'elle trouve trop conventionnel. Anaïs Nin choisit alors d'explorer son désir et sa sexualité dans d'autres bras. Ceux de Miller, de son psychanalyste, de son cousin ou même de son père. Un abandon transgressif qui l'aide peu à peu à libérer son écriture.

Voilà près de huit ans que Léonie Bischoff mûrit le projet d'un album de bande dessinée consacré à l'une des écrivaines les plus fascinantes et mystérieuses du XXe siècle. Munie d'un crayon à mine multicolore, la Suissesse raconte au fil de près de 200 pages la métamorphose d'Anaïs Nin. "Je me suis reconnue dans ce qu'elle vivait face à la création, son bouillonnement et ses blocages", confie-t-elle. A travers des planches colorées absolument sublimes et un trait d'une rare précision, Léonie Bischoff tente de cerner la personnalité complexe de l'écrivaine à travers ses envies et ses traumatismes. On en ressort envoûté à notre tour.

Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, par Léonie Bischoff, éd. Casterman, 192 pages.

L'exposition dont on va parler : "Picasso et la bande dessinée"

"Devine chez quel peintre je viens de poser", dessin par Maurice Henry, sans date, musée de Reims. (MAURICE HENRY)

Pour sa réouverture, le Musée Picasso choisit d'explorer les liens qui unissent le célèbre peintre espagnol et la bande dessinée. Un angle original et jamais abordé, voire jamais soupçonné. On le découvre en pénétrant dans une reconstitution de la bibliothèque du fondateur du cubisme. S'y trouvent de nombreux comics, comme ceux du scénariste et dessinateur américain Rudolph Dirks. Un intérêt éveillé par "l'écrivaine et collectionneuse Gertrude Stein [qui] l'a initié à ces lectures...", comme l'explique Alexandre Therwath, le chef du département de la médiation du musée. La suite de l'exposition (et la plus grande partie) est ensuite consacrée à la réappropriation du maître par de nombreux auteurs du 9e art. De La Vie imagée de Pablo Picasso en 1951, dont le scénario est signé Benjamin Péret et André Breton, aux dessins de Maurice Henry des années 1940 et 1950, en passant par ceux de Philippe Geluck, le peintre est devenu en quelques décennies un personnage récurrent sur de nombreuses planches qui sont ici exposées.

Riche et insolite, cette nouvelle exposition temporaire surprend en nous révélant une facette inédite de Picasso. Elle s'avère parfaite pour initier les plus jeunes à la peinture du maître et intéressera tout autant les plus grands, qu'ils soient amateurs de peinture ou de bande dessinée. A voir jusqu'à la fin de l'année.

Exposition "Picasso et la bande dessinée", jusqu'au 3 janvier 2021 au Musée Picasso.

Le podcast dont on a parlé (mais ça vaut le coup d'en reparler) : "Les Premières"

Quel est le point commun entre Micheline Ostermeyer, Violette Morris et Alice Milliat ? Ce sont toutes d'immenses sportives, que l'histoire s'est généralement chargée d'oublier. Durant tout l'été, chaque week-end à 8h09 sur France Inter, le journaliste Guillaume Battin entreprend de nous faire (re)découvrir en trois minutes le parcours de femmes qui ont marquées le sport. Si certaines sont effectivement tombées dans l'oubli, d'autres sont aujourd'hui connues du grand public. Megan Rapinoe, Caster Sémenya ou encore Nadia Comanecci connaissent une postérité équivalente à leurs homologues masculins. Alors que la plupart des grands événements sportifs de l'année ont été annulés en raison de la crise sanitaire mondiale, France Inter a eu l'idée, avec "Les Premières", de faire un pas de côté pour continuer à nous parler de sport de façon originale. Et ces mini-portraits s'adressent autant aux néophytes qu'aux passionnés. Instructif et salutaire.

"Les Premières", par Guillaume Battin, un podcast de France Inter disponible sur toutes les plateformes.

La série dont on ne parle pas assez (et c'est dommage) : "Giri / Haji"

Lorsque le neveu d'un important chef de clan yakuza se fait assassiner à Londres, à Tokyo, les représailles ne se font pas attendre. Alors que la trêve semble désormais rompue entre les mafieux nippons, l'inspecteur Kenzo Mori est envoyé dans la capitale britannique pour enquêter. Et ce n'est pas un hasard si c'est lui qui a été choisi. Il se pourrait bien que son frère Yuto, supposément mort il y a un an, soit l'homme responsable de ce cataclysme.

Sur le papier, Giri / Haji (Devoir/Honte en VF) a tout du polar classique mêlant mafia et liens familiaux. Mais il n'en est rien. Cette sombre histoire de revanche n'est que le prétexte à d'autres explorations. Le portrait d'un flic désabusé, l'autopsie d'une tragédie familiale ou la dissection du choc culturel entre deux pays aussi opposés que le Japon et le Royaume-Uni. Les scènes se déroulent alternativement en anglais ou en japonais et le casting bi-national est particulièrement réussi. Le tout est magistralement réalisé par le Britannique Julian Farino (How to Make it in America) qui se permet presque tout, jusqu'à une scène de ballet improbable dans sa conclusion. C'est beau, surprenant, parfois brouillon mais tellement inventif qu'on lui pardonne.

Giri / Haji, série en huit épisodes d'une heure environ, disponible sur Netflix.

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