Frank Miller invité star du Comic Con : "Aujourd'hui je ne rêve plus vraiment d'être un super-héros"
Pour les fans de comics, la venue de Frank Miller au Comic Con de Paris est un événement. Le dessinateur a marqué toute une époque de lecteurs avec ses adaptations de super-héros qu'il a rendus iconiques. Après avoir remis Daredevil au goût du jour au début des années 1980, il fait renaître Batman dans "The Dark Knight Returns", en 1986.
Sa version du personnage de Bruce Wayne, vieilli et plus sombre, a marqué le monde de la bande dessinée. Il développe son propre imaginaire dans les séries "Sin City" puis "300". Frank Miller a aussi un pied dans le monde du cinéma. Il adapte notamment "Sin City" pour le grand écran en 2005 puis réalise "Le Spirit", en 2008.
Auteur controversé pour ses positions conservatrices, il n'en demeure pas moins adulé par les fans de comics. Après plusieurs années d'absence, il revient sur les débuts de Superman dans un nouvel album "Superman: Year One", produit en collaboration avec John Romita Jr. Il doit annoncer vendredi au public les détails d'un futur projet, qui aura pour décor la ville de Paris. Rencontre avec une icône de la bande dessinée américaine.
Culturebox : Comment êtes-vous devenu un dessinateur ?
Frank Miller : Quand j'étais petit, j'ai décidé que c'était ce que je voulais devenir. J’ai été très encouragé par ma famille et par mon professeur d'art. Je n'étais encore qu'adolescent lorsque je suis allé à New-York et que j'ai commencé à rencontrer des personnes travaillant dans ce milieu. A 19 ans, je me suis installé à New-York et j'ai insisté jusqu'à ce qu'on me donne du travail.
Aviez-vous un modèle ?
Ce qui était publié quand j'étais enfant m'a beaucoup inspiré, notamment le travail de Jack Kirby (le co-créateur de Captain America) et celui de Stan Lee (le co-créateur de Spiderman, Hulk et Iron-Man). Les bandes dessinées de Marvel faisaient des choses palpitantes à cette époque là.
Les critiques vous considèrent comme celui qui a transformé le monde des comics, en les rendant plus adultes. C'était ce que vous souhaitiez ?
C'est drôle, car la seule motivation que j'avais était d’avoir plus de liberté dans ce que je faisais. Et d’écrire des histoires qui ne soient pas trop enfantines. Il me semblait idiot que, malgré le fait que les lecteurs soient tous des adolescents ou des jeunes adultes, tout le monde faisait encore des bandes dessinées pour des enfants de 12 ans.
Vos héros sont différents des personnages traditionnels. Comment créez-vous ou transformez-vous un super-héros ?
Je n'imagine pas mes personnages comme de vraies personnes et j'essaye de travailler sur eux comme s'ils n'avaient jamais existé auparavant. Mais il faut trouver un thème pour un personnage imaginaire, ce qui n'est pas toujours évident. Par exemple, Batman a plusieurs facettes: c'est un détective, qui veut faire les choses bien, mais aussi un homme en colère.
Vous avez produit, en collaboration avec John Romita Jr, un nouvel album sur Superman, "Superman : Year One". Comment moderniser un héros qui souffle cette année ses 80 bougies ?
Il le fait lui-même, pour moi. Superman est une extraordinaire idée. Si forte, que la seule chose qu'il y ait à faire pour la moderniser est de la placer dans notre époque. Il est toujours la même personne qu'en 1938, lors de sa création. Maintenant, il vit juste dans notre monde.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur Superman ? Est-ce que ce choix a un sens pour vous ?
Oui, j'ai toujours aimé ce héros, depuis que je suis petit. Si Batman est un personnage traumatisé parce que ses parents ont été tués, Superman n'a aucune amertume alors que sa planète entière a explosé. Il est juste quelqu'un qui veut que les choses aillent mieux et faire ce qui est juste. C'est sans doute le personnage le plus sain.
Vous avez déclaré au Guardian : "Mon travail représente toujours ce que je traverse." Comment votre vie affecte-t-elle votre œuvre ?
Elle peut l'affecter très directement. Si je traverse une épreuve personnelle, cela peut ressortir dans mon travail. C'est le cas dans "Sin City". Ou ça peut prendre la forme de souhaits. Quand je souhaite que telle ou telle chose arrive, ce sont ces souhaits qui peuvent m’amener à imaginer des histoires.
Vous avez réalisé des films et vous travaillez en ce moment sur une série, "Cursed", pour Netflix. Est-ce que les superhéros doivent inévitablement se retrouve sur petit et grand écran ?
Les superhéros sont une idée. Ils peuvent apparaître sur n'importe quel support. Superman, par exemple, était d'abord une bande dessinée, puis il a été un dessin animé en noir et blanc, avant d'arriver dans toute une série de films. C'est étrange de voir jusqu'où les idées peuvent aller. Les films sont un très bon support, car maintenant on peut tout faire au cinéma. L'avantage des films, c'est qu'on peut faire croire aux spectateurs que ce qu'ils voient est réel, on peut être très convaincant.
Rêvez-vous parfois d'être un super-héros ?
Quand j'étais enfant oui. Maintenant, je ne rêve plus vraiment d'être un super-héros. Si je me promenais en imaginant être Spiderman, j'essaierai de grimper sur un immeuble et je tomberai probablement.
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