"Jolly Jumper ne répond plus", Lucky Luke réinventé par Bouzard : déjanté
Quand cette nouvelle aventure démarre, le célèbre cow-boy solitaire est un peu déprimé : son fidèle compagnon le cheval Jolly Jumper ne lui adresse plus la parole. Une bonne coupe de cheveux (il en avait besoin) ne suffit pas à lui redonner le sourire. Lucky Luke s'en ouvre au procureur, qui l'a convoqué pour lui parler d'une affaire pressante. Pour dérider Jolly Jumper, ce dernier lui conseille de "renouveler sa garde-robe" et de "renouer le dialogue".
Mais là n'est pas le sujet : ce qui inquiète le procureur, ce sont les Frères Dalton, qui mettent "un souk pas possible" dans la prison où ils purgent leur peine. L'un d'entre eux, Jack, a même entamé une grève de la faim. Les Dalton refusent de parler, sauf à Lucky Luke.
Le procureur missionne donc le cow-boy, un brin obsédé par sa fâcherie avec Jolly Jumper, pour aller tirer les vers du nez des Frères Dalton. "Cette mission va recréer des liens encore plus forts avec votre cheval", insiste le procureur. Et les voilà partis pour cette nouvelle aventure, qui met en scène un gardien de prison un peu benêt, les Frères Dalton et leur mère, et un Lucky Luke prêt à tout pour reconquérir le cœur de Jolly Jumper…
"Je vais l'emmener en vacances à Arcachon"
Bouzard tricote les motifs qui ont fait le succès de la série avec une habileté déconcertante : l'impérissable formule de Joe "Je vais le tuer !", adressée comme un mantra à Lucky Luke depuis sept décennies, se voit enrichie de broderies hilarantes du genre : "Je vais l'emmener en vacances à Arcachon", formules qui continuent à être ponctuées par les "Du calme, Joe, du calme !" des Frères Dalton.Le cow-boy, qui ne fume plus depuis longtemps (santé publique oblige), a aussi décidé d'arrêter la brindille. Averell, en plus d'être complètement abruti, a pris 20 kilos (il bouffe tout ce que ne mange pas le gréviste de la faim), et le célèbre docteur Greenbaum offre en plus de ses élixirs des conseils dignes des plus fins psychologues…
Bouzard reprend tous les codes graphiques de la série : découpage, couleurs, typo, en y ajoutant juste ce qu'il faut de décalage (sa patte) pour en faire un Lucky Luke ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, offrant au lecteur une lecture neuve et réjouissante de ce personnage culte.
Bref, cette réinvention de Lucky Luke du célèbre cow-boy inventé par Morris en 1947 (puis Goscinny à partir des années 50), est une régalade. Un sincère, déjanté et hilarant hommage à l'homme qui tire plus vite que son ombre. Recommandé aussi aux enfants, qui ne manqueront pas d’apprécier ce regard décalé sur leur héros.
"Jolly Jumper ne répond plus", Bouzard, d'après Morris
(Dargaud - 48 pages - 13,99 €)
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